par Monique Mas
Article publié le 04/03/2008 Dernière mise à jour le 05/03/2008 à 00:39 TU
Un rescapé du camp d'extermination de Treblinka, lors de la manifestation à Jérusalem, le 5 août 2007.
(Photo : AFP)
En août 2007, le contrôleur d'Etat Micha Lindenstrauss avait publié un rapport très critique envers le gouvernement accusé de retarder l'exécution des recommandations visant à améliorer le sort des rescapés de la Shoah. Pauvres parmi les pauvres, nombre d’entre eux n’ont jamais perçu ni indemnité, ni allocation vieillesse suffisante à l’heure de la retraite. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, certains d’entre eux avaient refusé les réparations accordées par la République fédérale allemande de 1952. Des 60 milliards d’euros versés depuis lors à Israël en vertu de l’accord du Luxembourg, ils n’ont rien vu ou rien voulu qui leur rappelle leurs bourreaux. Au demeurant, pour les 57 000 survivants qui la perçoivent, la pension allemande, 270 euros par mois, n’est pas suffisante pour vivre en Israël.
Un dénuement indigne
Le scandale du dénuement des survivants du génocide européen a éclaté au début de la décennie lorsque les personnes âgées ont vu leurs maigres ressources fondre au rythme des coupes budgétaires opérées dans le domaine social, sous Ariel Sharon et son ministre des Finances, Benjamin Netanyahu. Dans les manifestations de mécontents aux cheveux blancs, l’opinion s’est émue d’entendre des survivants des camps de la mort venus témoigner de l’indignité faite à leurs vieux jours. Depuis, les multiples associations qui assistent les persécutés et les réfugiés d’Europe ou d’Afrique du Nord se disputaient l’enveloppe finalement promise par le gouvernement.
Comme l’explique, par exemple, le responsable d’une association de juifs cachés en France pendant la Deuxième Guerre mondiale, des enfants en majorité à l’époque, en dehors des 8 000 anciens détenus des camps de concentration et des anciens travailleurs forcés aujourd’hui financièrement démunis, les aides sont attribuées sur la base de ressources inférieures au minimum vieillesse et non pas en fonction des turbulences traversées pendant le nazisme. C'est ainsi que les enfants cachés d’hier n’ont aujourd'hui aucun subside à espérer, ni les autres réfugiés des persécutions raciales, pour peu que leur sort économique soit un peu au-dessus du lot commun à la majorité des retraités et des Israéliens du troisième âge, frappés de plein fouet par la crise économique.
Président de l'association des survivants de la Shoah
«Ces indemnités ne concernent pas tous les gens qui pourraient être partie prenante.»
Comme le soulignent certains représentants d'associations israéliennes, le grand âge et le petit nombre des rescapés de la Deuxième Guerre mondiale ont largement contribué à leur effacement du devant de la scène politique tout au long de ces décennies. Ils ne sont pas une cible électorale même si l'indigence dans laquelle ils sont tenus n'est pas sans impact dans l'opinion. En tout cas, même cumulée avec le défraiement de la redevance télévision et avec l’assistance médicale, la rente mensuelle de 182 euros que l’Etat va leur verser ne suffira pas à donner aux survivants de l’Holocauste la fin de vie douillette qu’ils ont pu espérer d’Israël, le havre rêvé après la tempête des malheurs.