Article publié le 07/03/2008 Dernière mise à jour le 07/03/2008 à 01:34 TU
Viktor Bout, surnommé «le marchand de la mort», lors de son arrestation à Bangkok ce jeudi 8 mars.
(Photo : Reuters)
Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Viktor Bout a été arrêté dans sa chambre de l’hôtel Sofitel Silom, après plusieurs mois de surveillance, lors d’une opération conjointe de la police thaïlandaise et de la police anti-narcotique américaine.
Il va être d’abord jugé en Thaïlande pour tentatives de meurtres, mais les Etats-Unis vont probablement demander ensuite son extradition. Washington l’accuse, entre autres, d’avoir approvisionné en armes la guérilla colombienne des FARC. La Russie a également indiqué son intention de demander l’extradition du trafiquant.
Frappé par les Nations unies d’une interdiction de voyager, Viktor Bout est probablement le trafiquant d’armes le plus connu de la planète. Un livre-document, Le marchand de mort a été écrit sur sa vie. Il a aussi inspiré le film Lord of war où il est incarné par Nicolas Cage.
Viktor Bout, qui disposait d’une flotte d’une cinquantaine de petits avions, s’était fait une spécialité de vendre des armes dans les pays frappés par des embargos de l’ONU. Parmi ses clients, figuraient l’ancien président du Liberia, Charles Taylor, mais aussi les rebelles congolais et les Talibans. Viktor Bout était également impliqué dans le trafic de drogue et le commerce illégal de diamants.
Viktor Bouts l'Africain
Rares sont les terrains de guerre en Afrique où son nom n'a pas été évoqué. Mystérieux, insaisissable, Viktor Bout collectionne les pseudonymes pour brouiller les pistes, et les avions pour transporter les armes.
Sa carrière de trafiquant, de « marchand de mort », selon l'expression consacrée, se forge sur les cendres de la guerre froide. Ses connexions avec des officiers de l'armée rouge lui ouvrent les immenses stocks d'armes d'une Union soviétique en pleine déliquescence. Selon la légende, Viktor Bout aurait même commencé son parcours quelques années plus tôt en Afghanistan. Prisonnier des Moudjahidins, le soldat aurait vendu des armes soviétiques à ses geôliers.
Reste que c'est en Afrique que cet homme rondouillard se construit une réputation qui poussera même Hollywood à adapter sa vie au cinéma avec le film Lord of War. Angola, Liberia, Sierra Leone, RDC..... Malgré les sanctions des Nations-unies et un mandat d'arrêt émis par la Belgique, les avions de sa compagnie Air Cess, basée aux Emirats Arabes Unis, poursuivent leurs livraisons. Protégé ? Viktor Bout l'a longtemps été. Par ses liens avec des personnalités russes, mais aussi par Washington. Selon plusieurs sources, ses avions auraient en effet livré du matériel à l'armée américaine en Irak.
Symbole de la mondialisation du commerce des armes, Viktor Bout semble avoir été rattrapé par cette même mondialisation, puisqu’il a en effet été arrêté en Thaïlande suite à un mandat américain délivré pour trafic d'armes avec la guérilla colombienne.
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