par Patrice Biancone
Article publié le 12/03/2008 Dernière mise à jour le 12/03/2008 à 16:31 TU
Les listes pour les élections municipales sont bouclées et plus que jamais la situation semble incertaine dans de nombreuses villes en raison de la stratégie adoptée par le MoDem. Nicolas Sarkozy a évoqué le second tour du scrutin. En déplacement à Toulon, il s'est, en particulier, inquiété du fort taux d'abstention. Le président de la République veut y voir une raison d'espérer.
En ne donnant pas de consigne nationale, François Bayrou laisse la possibilité, aux candidats étiquetés MoDem, de s'adapter à la situation de leur ville. Et à son électorat, le soin de se ventiler comme il l'entend.
Or, pour ceux qui lui sont restés fidèles et pour ceux qui ont récemment rejoint le MoDem, c'est avant tout le chef de l'Etat qu'il faut sanctionner puisque les critiques les plus dures de François Bayrou lui ont été adressées. D'où les inquiétudes de la droite en général, et de l'UMP en particulier. Il y aura, en effet, dimanche prochain, près de 55 triangulaires et une petite quinzaine de quadrangulaires à l'occasion desquelles le MoDem pourra jouer un rôle essentiel et, dans de nombreux cas, faire perdre la droite.
Ajoutons les alliances passées avec le PS qui pourraient provoquer la chute d'autres villes moyennes importantes - Marseille, la grande cité phocéenne, étant elle-même menacée - et on comprendra que le temps de la nécessaire mobilisation est venu pour la majorité.
D'où l'intervention de Nicolas Sarkozy sur le second tour. C'était à l'occasion d'un déplacement à Toulon. Le président de la République qui ne devait s'exprimer que sur l'immigration et l'identité nationale, sujets qui ont fait son succès au moment de la campagne de 2007, n'a pas pu s'empêcher, face à l'urgence, de briser le silence qu'il s'était imposé pour rappeler quelques unes de « ses » propres vérités qui ont évolué avec le rapport de force.
Là où notamment il voulait une confirmation de ses choix nationaux, il ne désire voir désormais qu'un scrutin avec un enjeu local. « Il ne s'agira pas, dimanche, de décider de la politique de la Nation, mais de choisir la meilleure équipe pour gérer sa commune », a-t-il dit, avant d'ajouter : « je tiendrai naturellement compte de ce que les Français auront exprimé ». Message énigmatique si l'on considère que Nicolas Sarkozy a déjà affirmé, il y a quelques jours, dans la seule interview qu'il a donnée pendant la campagne, qu'il n'y aurait pas de remaniement d'ampleur et qu'il ne changerait pas « le cap des réformes » et la politique menée depuis son élection, cela quels que soient les résultats enregistrés par son camp. Dans ce cas, comment tirer les leçons d'un scrutin négatif pour la majorité ? Le chef de l'Etat ne l'a pas précisé.
La participation en question
Officiellement, malgré cet amoncellement de difficultés sur le terrain, à l'UMP on veut également croire au sursaut et on assure avoir des raisons d'espérer. Après un peu de confusion, le taux de participation au premier tour a été donné par le ministère de l'Intérieur. Il s'établit donc à 66,54%. C'est le taux le plus faible enregistré depuis 1959. Il y donc bien une marge de manoeuvre pour la majorité, mais elle passe par une forte mobilisation.
Ainsi, les classes populaires se seraient moins déplacées pour voter que lors des scrutins précédents. Des voix qui auraient manqué à l'UMP, si l'on en croit une étude de l'institut de sondages CSA, qui assure même que 32% des électeurs de Nicolas Sarkozy qui en sont issus n'auraient pas utilisé leur bulletin. Voilà qui éclaire le propos tenu, toujours à Toulon, par le chef de l'Etat sur l'abstention. « Je ne saurais me satisfaire de cette participation », a t-il commenté pour convaincre. Un petit ajustement sémantique pour confirmer à ses troupes que là est la clé du second tour des élections municipales.