Article publié le 14/03/2008 Dernière mise à jour le 14/03/2008 à 20:18 TU
Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Cette démarche du procureur de la Cour de cassation provoque un séisme politique qui agite toute la Turquie, même si cela ne surprend qu’à moitié les observateurs de la vie politique agitée de la Turquie, tant ces derniers mois, l’appareil ou les appareils kémalistes ont manifesté leur volonté d’en finir avec l’AKP, le Parti de la justice et du développement de Monsieur Erdogan, au pouvoir depuis 2002 - rappelons-le – et largement réélu en août dernier pour 5 ans.
Selon le recours introduit par le procureur de la Cour de cassation, l’AKP serait devenu un foyer d’activités anti-laïques et les réseaux en sont présentés dans un dossier de plus de 1 000 pages, en tête desquelles figurent bien-entendu, la libéralisation récente du voile à l’université, dont l’application est d’ailleurs toujours suspendue à une décision de justice.
Le procureur ne s’arrête d’ailleurs pas à la fermeture du parti au pouvoir, il réclame également l’interdiction de toute activité politique pour ses dirigeants, y compris le Premier ministre, et même le président de la République ; le chef de l’Etat, Abdullah Gül, qui a d’ailleurs promptement commenté la nouvelle, en se demandant : « ce que cela pouvait apporter à la Turquie de voir ainsi l’Etat décapité ? ». En effet, sans préfigurer des suites judiciaires qui seront données à cette requête, l’ouverture d’une telle procédure crée déjà un bel émoi dans le pays.