par Virginie Salanson
Article publié le 16/03/2008 Dernière mise à jour le 17/03/2008 à 06:10 TU
Avec, selon les chiffres officiels, 49% des voix pour le camp de la gauche contre 47,5% pour celui de la droite, c'est bien une « défaite » que la majorité vient de subir, de l’aveu même de Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale. La droite a perdu plusieurs grandes villes au profit du Parti socialiste, comme Strasbourg et Toulouse.
« Certains débouchent le champagne…Pour la première fois depuis 37 ans, Toulouse a élu un maire de gauche »
Défaites symboliques
Autre défaite symbolique, celle du ministre de l'Education Xavier Darcos à Périgueux. Il avait pourtant reçu le soutien, entre autres, de Nicolas Sarkozy, d'Alain Juppé et de François Fillon, des soutiens appuyés qui ont donné une dimension nationale à cet enjeu .
Dans le reste du pays, la gauche a amplifié sa poussée du premier tour, enlevant ainsi à l'UMP des fiefs comme Caen, Amiens, Reims, Metz, Saint-Etienne, Blois, Angoulême, Quimper, Roanne, Evreux, Dax, Mende, Valence, Saint-Chamond, Thionville, ou encore Brive-la-Gaillarde, fief chiraquien.
Par ailleurs, une jeune protégée de Nicolas Sarkozy, la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, Rama Yade, a été battue à Colombes, en banlieue parisienne.
Nice et Marseille restent à droite
Succès pour l'UMP, le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Christian Estrosi, a remporté la mairie de Nice. Comme il l’avait promis, il a donc immédiatement annoncé qu'il démissionnait de son poste ministériel pour se consacrer à son nouveau mandat.
La droite sauve tout de même Marseille, quoique de justesse. Cette victoire de Jean-Claude Gaudin évite à l'UMP de voir sa défaite se transformer en déroute.
« Ce soir c'est la fête ici dans le 3e secteur, c'était le secteur clé, le secteur test ».
La droite ne contrôle plus désormais que trois des premières grandes villes de France (Marseille, Bordeaux, Nice), contre sept à gauche.
Bertrand Delanoë vainqueur à Paris
A Paris, le maire sortant, le socialiste Bertrand Delanoë, est réélu avec 57,7% des voix. Il ne remporte toutefois pas de nouveaux arrondissements et conserve les douze sur vingt déjà détenus pas la gauche.
La droite réussit en effet à sauver les meubles en conservant ses fiefs, notamment le très symbolique Ve arrondissement, détenu depuis 25 ans par l'ancien maire de Paris, Jean Tiberi, qui remporte de justesse cette élection.
Une prouesse que n’a pas réussie le MoDem, le Mouvement Démocrate. Le parti centriste, auquel Bertrand Delanoë avait refusé un accord électoral, a subi un large revers. Il ne conserve qu'un siège au Conseil de Paris, celui de Marielle de Sarnez, sa chef de file dans la capitale, qui s'est pourtant fait battre dans le XIVe arrondissement. Le MoDem détenait dix sièges lors de la précédente mandature.
Le centre en déroute
Le Mouvement Démocrate se retrouve ainsi laminé. Son président, François Bayrou, est battu à Pau face au maire sortant.
« Nous ne sommes battus que par moins de 1% de voix. Il y a 7 300 voix qui n'ont pas pu participer au choix final, parce qu'une triangulaire a été organisée sur ordre venu d'en haut ».
A Pau comme ailleurs, le MoDem n'a pas réussi à s'imposer comme une alternative crédible à la droite et la gauche et paie ainsi la stratégie voulue par son président. Pour le second tour des élections municipales, François Bayrou avait laissé le choix à ses représentants de passer des accords avec la droite ou avec la gauche, au cas par cas, selon la situation de chaque ville. Au final, le MoDem est donc mis en échec par cette stratégie difficilement lisible pour ses électeurs.
Ces élections confirment en tout cas la bipolarisation du paysage politique français.
Que va faire la majorité?
Dix mois après sa nette victoire à la présidentielle, Nicolas Sarkozy est touché de plein fouet par cette défaite. Anticipant le revers de ce dimanche, le président de la République avait assuré, la semaine dernière, qu'il tirerait toutes les leçons du scrutin sans pour autant interrompre le cours des réformes ou changer de cap politique.L’opposition renforcée mais pas sauvée
De son côté, l’opposition sort renforcée de ces élections, mais pas encore reconstruite. Dès l’annonce des résultats, la gauche a appelé Nicolas Sarkozy à « changer de politique », une revendication de Ségolène Royal, Laurent Fabius ou encore Marie Georges Buffet.
Mais des responsables socialistes tel Claude Bartolone ont tout de suite souligné que le PS ne devait pas « refaire l'erreur de 2004 », erreur qui l'avait conduit à s'entre-déchirer après son triomphe aux élections régionales.
La priorité reste, pour beaucoup et notamment pour Ségolène Royal, de « présenter aux Français un projet crédible, solide, cohérent » dans la perspective du prochain congrès du PS.
Bipolarisation confirmée
La bipolarisation politique se confirme aussi par les mauvais résultats des candidats du Front National. Le président du parti d’extrême-droite, Jean-Marie Le Pen, se console en estimant que « les élections locales ne sont pas le terrain de prédilection du FN ». Le président frontiste qualifie surtout de « claque magistrale pour la classe politique » le fort taux d’abstention au second tour des municipales et des cantonales. Selon les instituts de sondage, il atteindrait entre 34 et 35% des électeurs. Une abstention sensiblement identique à celle du premier tour.