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Municipales 2008

La victoire. Et maintenant ?

par Patrice Biancone

Article publié le 17/03/2008 Dernière mise à jour le 18/03/2008 à 06:43 TU

Nicolas Sarkozy au lendemain du second tour des élections municipales et cantonales.(Photo : AFP)

Nicolas Sarkozy au lendemain du second tour des élections municipales et cantonales.
(Photo : AFP)

Confirmation du premier tour des élections municipales. Les socialistes ramassent la mise d'élections annoncées catastrophiques pour la majorité. L'UMP tente de minimiser son revers, alors que l'Elysée et Matignon cherchent la meilleure façon de tirer les « leçons du scrutin ». Pour l'instant, aucun changement du cap des réformes n'est prévu, même si certains responsables appellent à une correction du tir. A trois mois de la présidence française de l'Union européenne, Matignon préfère évoquer des « ajustements ».

Indéniablement, les élections municipales ont tourné au désaveu pour la majorité. La gauche a gagné. Elle a même dépassé ses plus beaux espoirs de victoires en prenant ou en reprenant de nombreuses villes parmi lesquelles, Toulouse, Strasbourg, Reims, Amiens, Saint-Etienne, Metz, Caen et même Périgueux dont la tête de liste UMP n'était autre que le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos.

Le second tour a donc confirmé le premier. 49 % de voix pour la gauche, contre 47,5 pour la droite. Soit près de 37 villes, moyennes et grandes, perdues par la majorité qui doit se résoudre en particulier à se replier à Toulouse et à Strasbourg, places symboliques dont la conquête accentue l'effet de souffle des résultats. Marseille est sauvée sur le fil. Mais la résistance de la cité phocéenne, la forte abstention - près de 35% du corps électoral ne s'est pas déplacé -, ainsi que le rééquilibrage qui s'est opéré par rapport à 2001, ne peuvent dissimuler la défaite. Et cela pour, au moins, deux raisons. Avant tout c'est l'électorat de droite qui a boudé les urnes. Et le débat qui a débuté au sein de l'UMP, montre bien que les causes de l'échec sont diversement appréciées.

Il y a ceux qui expliquent que les réformes ne vont pas assez vite et qu'il y a une déception de l'électorat. François Fillon et Nicolas Sarkozy sont sur cette position, ils l'ont affirmé entre les deux tours et ils désirent en accélérer le rythme... Il y a ceux qui réclament la tête de Patrick Devedjian. Le secrétaire général de l'UMP aurait, selon eux, mal préparé l'élection et amplifié l'impression négative laissée par la « révolte » de Neuilly. Et puis il y a ceux qui sont persuadés qu'il faut changer, remanier le gouvernement, infléchir la politique et revenir à une forme d'exercice du pouvoir plus classique.

Des petits « ajustements »

Des thèses qui s'affrontent depuis plusieurs semaines, la majorité ayant anticipé la défaite. Jean-Pierre Raffarin, pour sa part, trouve que l'UMP est trop à droite. Il propose une ouverture au centre et a parlé de corriger le tir sur un certain nombre de points, ce que semble refuser l'Elysée et Matignon. Pour l'instant l'exécutif dit et répète qu'il ne veut pas tout chambouler sur les résultats d'élections municipales à enjeux locaux.

François Fillon ne veut pas d'un remaniement d'importance à trois mois de la présidence française de l'Union européenne. Nicolas Sarkozy s'est laissé convaincre et, manière de tenir compte des résultats, il a préféré parler « d'ajustements ». Le chef de l'Etat a d'ailleurs déjà écarté David Martinon, son porte-parole. Claude Guéant et Jean-David Levitte devraient désormais être les seuls à communiquer sur l'intérieur et l'international. Et deux secrétariats d'Etat, dont l'un consacré aux nouvelles technologies, et un Commissariat pour préparer le Grand Paris, devaient être très bientôt installés.

Patrick Devedjian

Secrétaire général de l'UMP

« Nous allons renforcer et recomposer notre équipe dirigeante. Nous allons renouveler nos responsables locaux, nous allons sélectionner des nouveaux talents. Nous allons investir les quartiers populaires. »

écouter 01 min 04 sec

17/03/2008 par Véronique Rigolet

L'Elysée tient d'ailleurs un discours qui se veut rassurant. Nicolas Sarkozy serait prêt « à faire Président » comme il dit. Autrement formulé, il serait disposé à prendre un peu de hauteur et à laisser son gouvernement gouverner, ce que souhaite ardemment François Fillon sans oser l'avouer officiellement.

PS : Un succès délicat à gérer

Vainqueur du scrutin, le PS a l'occasion de se refaire une santé perdue en 2002. Mais pour que cela fonctionne, il lui faut trouver non seulement un projet, mais aussi un patron pour le gouverner. Avec ces élections municipales, il prouve tout de même qu'il reste un parti capable de gagner, même si c'est quelquefois par défaut, en l'absence d'enthousiasme et surtout avec un manque d'adhésion de l'électorat à un projet alternatif, manque d'adhésion qui peut se comprendre puisque le PS n'a pas encore pris le temps de le définir...

Les socialistes vont donc préparer leur congrès. Ils doivent impérieusement le faire sans qu'apparaissent de nouvelles divisions et en prouvant qu'ils peuvent s'entendre, alors que la bataille des nominés fait rage depuis l'historique défaite de Lionel Jospin. Challenge difficile. En attendant, ils sont unanimes pour appeler Nicolas Sarkozy à infléchir son action. Ils évoquent la mise en place d'une "France des territoires" comme contre-modèle à la politique national. Ils ont désormais une grosse majorité dans les régions, une majorité confortée dans les départements puisqu'ils en gagnent 9 avec les élections cantonales, et ils prennent de nombreuses villes. Ils peuvent donc agir et montrer de quoi ils sont capables, car ils possèdent de belles vitrines.

Et puis, dans un même temps, il s'agit pour les socialistes de préparer le congrès de novembre et de régler notamment la question de l'orientation. Plutôt s'allier avec le centre. Ou favoriser l'élargissement à gauche ? Là est le débat qui a déjà débuté. Et à entendre Ségolène Royal et François Hollande, il est clair que ces questions sont loin d'être tranchées. L'une étant favorable à l'ouverture au centre. Le second préférant rassembler à gauche avec une formule très "gauche plurielle"...

A écouter

Petits réarrangements entre amis : l'Elysée revoit sa communication

« C'est un "pôle politique" dirigé par la conseillère et ancienne journaliste Catherine Pégard qui aura la main haute sur la délivrance du message présidentiel et la coordination des interventions des conseillers afin d'éviter les cacophonies de ces derniers mois.  Exit David Martinon et la "communication à l'américaine"... »

18/03/2008 par Véronique Rigolet

Brice Teinturier

Directeur du département Politique et Opinion de TNS Sofres

«A mon avis, c'est une victoire nette du Parti socialiste, que ce soit en solde de villes obtenues, en niveau de voix, au niveau des cantonales. Tout converge pour dire qu'il y avait dans ce scrutin une dimension nationale et qu'il y a une poussée de la gauche.»

17/03/2008 par Philippe Lecaplain