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Etats-Unis/Irak

Les Américains moins hostiles à la guerre en Irak

par Sylvain Biville

Article publié le 20/03/2008 Dernière mise à jour le 20/03/2008 à 19:03 TU

La guerre en Irak a longtemps battu des records d’impopularité. La perception de l’opinion est aujourd’hui plus mesurée, même si les Américains restent majoritairement favorables à un retrait rapide des troupes.
Une manifestation anti-guerre à Washington, le 19 mars 2008.(Photo : Reuters)

Une manifestation anti-guerre à Washington, le 19 mars 2008.
(Photo : Reuters)


Des cortèges squelettiques dans une poignée de grandes villes américaines : pour marquer le cinquième anniversaire de l’opération militaire en Irak, les militants anti-guerre n’ont pas réussi à mobiliser au-delà des habituels activistes. Les Etats-Unis n’ont jamais connu les manifestations géantes observées dans les grandes capitales européennes. Ce qui n’a pas empêché l’opinion d’exprimer, à sa manière, sa désapprobation face à un conflit lointain et coûteux, notamment en pertes humaines. Le bourbier irakien a ainsi largement aidé les démocrates à retrouver la majorité au Congrès, lors des élections de mi-mandat, en novembre 2006. Aujourd’hui, l’Irak n’est plus le sujet de préoccupation numéro un, supplanté par les inquiétudes économiques. Crise du crédit immobilier, chute du dollar, envolée des prix de l’énergie : trois Américains sur quatre estiment désormais que les Etats-Unis sont entrés en récession, selon un sondage Gallup publié par le quotidien USA Today.

Pas de retournement de l’opinion

Cinq ans après la chute de Saddam Hussein, une certaine lassitude se ressent par rapport à l’Irak. 1% seulement du temps d’antenne des journaux télévisés est consacré au conflit, contre 24% au début de l’année dernière, relate notre correspondante à Washington, Donaig Ledu. (La place de l'Irak dans les médias américains) . Dans le même temps, la perception de la guerre évolue : 42% des personnes interrogées par la chaîne de télévision CBS estiment que la situation en Irak s’est améliorée, depuis l’envoi, il y a un an, de 30 000 soldats américains supplémentaires. En juin 2007, ils n’étaient que 17% à le penser.

Il est cependant trop tôt pour parler de retournement de l’opinion, qui reste encore majoritairement favorable à un retrait rapide des troupes américaines (46% selon CBS, 66% selon une autre enquête réalisée pour la chaîne CNN), pourtant catégoriquement exclu par George Bush et par John McCain, candidat républicain à sa succession, qui s’est dit prêt à maintenir une présence militaire dans le pays pour cent, voire mille ans. Les positions sont encore plus tranchées quant à l’opportunité d’intervenir en Irak : un Américain sur trois seulement estime aujourd’hui que les Etats-Unis ont eu raison de se lancer dans une telle aventure.

L’impact de la guerre sur l’économie américaine

Un autre chiffre témoigne de la complexité de la perception de la guerre en Irak par l’opinion : selon le sondage CNN, 71% des Américains pensent que le coût du conflit est en partie responsable des désordres économiques actuels. Entre mars 2003 et décembre 2007, 406 milliards de dollars ont été injectés dans le conflit, selon la Maison Blanche. Joseph Stieglitz, professeur à l’Université de Colombia à New York et prix Nobel d’économie, affirme de son côté que le coût total s’élèvera à 3 000 milliards de dollars pour le contribuable. « Je pense que les dépenses de guerre nous aident à créer des emplois (…) parce que nous achetons des équipements et les gens travaillent » assurait, le mois dernier, le président George Bush, alors que 85 000 emplois ont été perdus dans le pays depuis le début de l’année, la plus mauvaise performance depuis cinq ans.