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Proche-Orient

Fragile rapprochement Fatah-Hamas sous l’égide du Yémen

Article publié le 23/03/2008 Dernière mise à jour le 23/03/2008 à 21:22 TU

Les mouvements palestiniens rivaux Fatah et Hamas, en rupture totale depuis le coup de force des islamistes dans la bande de Gaza l'an dernier, ont accepté dimanche à Sanaa d'engager des discussions en vue d'une réconciliation, que le Yémen s'est dit prêt à accueillir dès le mois prochain.

De g. à d., le responsable du Hamas, Moussa Abou Marzouk ; le président yéménite, Ali Abdallah Saleh et le délégué du Fatah, Azzam al-Ahmed.(Photo : Reuters)

De g. à d., le responsable du Hamas, Moussa Abou Marzouk ; le président yéménite, Ali Abdallah Saleh et le délégué du Fatah, Azzam al-Ahmed.
(Photo : Reuters)


De notre correspondant à Sanaa, François-Xavier Trégan

Pas d’accord, mais une déclaration commune. Au terme d’une semaine riche en rebondissements, le principe de l’unité palestinienne semble l’avoir emporté : « Unité du peuple palestinien, du territoire et de l’Autorité », selon les termes de la déclaration adoptée à Sanaa par le Fatah et le Hamas. Donnée pour moribonde il y a moins de 24 heures, l’initiative yéménite a finalement été endossée par les émissaires des deux camps, mais davantage dans la perspective de renouer le dialogue inter-palestinien que de parvenir à un accord commun.

Réunis à Sanaa, Moussa Abou Marzouk, pour le Hamas, et Azzam al-Ahmed, pour le Fatah, avaient engagé plus tôt dans la journée de dimanche leurs premières négociations directes.

Cette réunion de la dernière chance a été la bonne. La délicate médiation engagée par le président Saleh débouche sur ce qu’il conviendra sans doute d’appeler « la Déclaration de Sanaa ». Elle vise à restaurer les relations interpalestiniennes qui prévalaient avant le coup de force du Hamas dans la bande de Gaza, en juin 2007.

Rappelons que l’initiative yéménite s’articule plus largement autour de plusieurs mesures, parmi lesquelles figurent l’organisation d’élections, la formation d'un nouveau gouvernement de coalition ou la suppression des clivages entre les factions au sein même des services de sécurité. Or, ces questions restent pour l’instant sans réponse.

Une première étape

La « Déclaration de Sanaa » est donc une première étape pour faciliter la reprise des négociations directes entre le Fatah et le Hamas, peut-être dès ce mois d’avril. La diplomatie régionale Yéménite en sort également consolidée, au premier chef l’investissement personnel du président Saleh. Ce succès intervient alors même que les crispations internes ne manquent pas dans le pays du sud de la Péninsule Arabique.

Une incertitude majeure réside à présent dans les modalités pratiques qui doivent permettre à l’Autorité palestinienne de restaurer son pouvoir sur l’ensemble des Territoires palestiniens. Le Fatah et le Hamas ne sont pas parvenus à s’entendre sur cette question centrale du contrôle de la bande de Gaza. L’accueil que les militants des deux bords réserveront à cette déclaration n’est également pas acquis, tout comme la politique qu’adoptera sur le terrain le gouvernement israélien, pour soutenir, ou au contraire miner, la reprise des discussions interpalestiniennes.

Les émissaires du Fatah et du Hamas pourraient se retrouver prochainement à Sanaa pour poursuivre leurs discussions. Le président Saleh a d’ailleurs bien l’intention de soumettre son initiative de réconciliation palestinienne à l’approbation des membres de la Ligue des Etats arabes, lors de leur prochain sommet à Damas (29-30 mars). Toutes les initiatives précédentes, dont celle La Mecque, soutenue par l’Arabie Saoudite en 2007, s’étaient soldées par un échec.

La « Déclaration de Sanaa » reste donc une première étape. Elle pourrait être d’autant fragile que son processus d’élaboration a été délicat et complexe.

Chronologie d’une rivalité sanglante

Janvier 2006 : le Hamas remporte les élections législatives palestiniennes. Israël annonce qu'il ne discutera pas avec un gouvernement dominé par une organisation qui prône la destruction de l'Etat hébreu. Un gouvernement palestinien Hamas est formé avec Ismaël Haniyeh comme Premier ministre.

Les Etats-Unis et l'Union européenne annoncent la suspension de leur aide financière à l'Autorité Palestinienne.

Parallèlement, les premiers accrochages font des victimes entre militants du Fatah et du Hamas, le mouvement islamiste ayant créé sa propre force de sécurité. Les tensions, émaillées de violences, se poursuivent jusqu'en février 2007, date à laquelle Hamas et Fatah signent à La Mecque un accord de réconciliation sous l'égide de l’Arabie Saoudite.

Un gouvernement d'unité nationale voit le jour, mais la communauté internationale continue d'exiger de celui-ci qu'il reconnaisse le droit à l'existence d'Israël, qu'il reconnaisse les accords de paix et qu'il renonce à la violence.

Juin 2007 : nouvelle flambée de violence entre membres du Fatah et du Hamas dans la bande de Gaza. Mais cette fois, le mouvement islamiste chasse du territoire les principaux responsables du Fatah et surtout les forces de sécurité fidèles au président Abbas. Depuis cette date, ce dernier ne contrôle plus que la Cisjordanie et le Hamas est maître de Gaza.

A écouter

Ramallah : réactions à l'accord Fatah-Hamas

« A Ramallah, certains suggèrent que le Fatah n’a signé l’accord que pour faire pression sur Israël qui verrait d’un très mauvais œil une réconciliation entre les frères ennemis palestiniens ».

23/03/2008 par Karim Lebhour

Fawzi Barhoum

Porte-parole du mouvement Hamas

« Cette initiative est un cadre à la reprise de la négociation, et pas une condition à la reprise de la négociation et du dialogue ».

23/03/2008 par Nicolas Falez