Article publié le 30/03/2008 Dernière mise à jour le 30/03/2008 à 10:49 TU
Le président français Nicolas Sarkozy a décidé de prépositionner en Guyane « un avion médicalisé », « prêt à intervenir à tout moment » pour apporter des soins à l'otage Ingrid Betancourt si elle est libérée par la guérilla colombienne des Farc, a annoncé dimanche l'Elysée. L'appareil est en attente sur la base militaire qui jouxte l'aéroport local de Rochambeau, à 15 km de Cayenne.
De notre correspondant à Cayenne, Frédéric Farine
C'est d'abord l'annonce sous le manteau de l'arrivée d'un avion en provenance de Bolivie qui a commencé par alimenter la rumeur dans le microcosme journalistique vendredi en Guyane. Vers 19 heures (heure locale), en provenance de La Paz, un appareil Gulfstream GIV s'est ainsi posé à l'aéroport international de Rochambeau, à 15 km de Cayenne.
Or, il n'y a pas de ligne régulière entre La Paz et la Guyane. «Cela arrive que ce type d'avion transite par la Guyane», assure-t-on au cabinet de la préfecture de Cayenne, sans plus de précision. «Venez-voir lundi nos statistiques. Vous saurez si des avions venus de La Paz se posent fréquemment ou non en Guyane», ironise-t-on à l'aviation civile. Fausse alerte ?
L'avion devait ensuite rejoindre Madrid en Espagne. Un peu plus de deux heures plus tard vendredi, c'est cette fois un Falcon 900 bleu blanc rouge de la République française qui s'est posé «discrètement» à l'aéroport de Rochambeau. L'appareil n'était pas, semble-t-il, dans les plans de vol du personnel aéroportuaire chargé de la sécurité de la piste quand il a atterri à 21h20 locales (01h20 samedi à Paris).
«Prévenus», plusieurs journalistes locaux faisaient pourtant le guet pour attendre l'appareil y compris les caméras de RFO qui n'avait cependant pas encore diffusé d'images de l'atterrissage samedi soir. Après s'être posé, le Falcon 900, un appareil qui peut être médicalisé, est allé se garer sur la base militaire qui jouxte l'aéroport.
« Nous voulons mettre toutes les chances de notre côté »
Selon le Journal du Dimanche paru aujourd'hui c'est «l'annonce par le président colombien, jeudi, de l'hypothèse d'une libération de guérilleros des FARC si Ingrid Betancourt était libérée, conjuguée aux informations alarmantes sur l'état de santé de la Franco-Colombienne» qui ont conduit les autorités françaises à «pré-positionner» un appareil « au cas où ».
L'Elysée a confirmé samedi, toujours selon le JDD, que ce Falcon 900 était prêt à intervenir dans le dossier Betancourt : «Nous n'avons pas d'informations sur un dénouement imminent ou non, mais nous voulons mettre toutes les chances de notre côté», a-t-on ainsi confié depuis l'Elysée à l'hebdomadaire.
En Guyane, sans compter un Transall venu de France et un Casa venu des Antilles, un autre avion militaire très particulier est sur place. Il s'agit d’un avion Atlantique 2 présent dans ce département français d'Amérique du Sud «depuis plusieurs semaines», selon l'armée.
Cet appareil muni de systèmes de détection ultrasophistiqués est capable de distinguer des sous-marins au fond de l'océan. Il est aussi capable d'une grande autonomie de vol à basse altitude. Il serait en Guyane pour «une autre mission qui n'a rien à voir avec le dossier Betancourt», assure-t-on au cabinet du commandant supérieur des forces armées de Guyane où l'on précise que «cet Atlantique 2 est en Guyane dans le cadre de l'opération Harpie de lutte contre l'orpaillage clandestin. Il est là pour repérer des sites aurifères illégaux dans la forêt guyanaise».