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Justice française

La rescapée du tueur en série témoigne

Article publié le 31/03/2008 Dernière mise à jour le 31/03/2008 à 19:57 TU

Michel Fourniret.(Photo : Reuters)

Michel Fourniret.
(Photo : Reuters)

C’est grâce à cette jeune fille qui a réussi à échapper à Michel Fourniret que ce dernier comparaît devant la cour d’assises des Ardennes. Elle a témoigné ce lundi devant la Cour, les journalistes ont finalement pu assister à cette audience. Fourniret est accusé de meurtre et de viol concernant au moins 7 jeunes femmes, en France et en Belgique, entre 1987 et 2003, avec la complicité présumée de sa femme Monique Olivier.

Avec notre envoyée spéciale à Charleville-Mézières, Laurence Théault

Michel Fourniret s'est présenté ce lundi dans le box, les cheveux bien peignés, toujours vêtu de ce même pull propre et bleu.

Ce muet, qui décidément parle beaucoup, a réitéré son intention de rester silencieux.

La jeune Marie, elle, a choisi de parler. A la barre, cette jolie jeune femme, étonnamment sereine, une petite croix de bois au poignet, a raconté sa peur, sa panique et sa survie.

Elle a expliqué comment Fourniret l'a abordée, comment, ensuite, il l'a ligotée. «Si tu ne me donnes pas de plaisir, tu ne rentreras pas chez toi».

Catholique pratiquante, Marie a expliqué que c'est sa foi qui l'avait sauvée.

Pendant la déposition, elle fixe l'accusé, semble presque lui sourire et rappelle qu'elle lui avait demandé s'il faisait partie de «la bande à Dutroux». «Je suis pire que Dutroux», lui avait rétorqué Fourniret.
Ensuite, la jeune fille, au visage lisse et aux cheveux relevés en chignon, a raconté comment elle avait rongé avec ses dents ses liens pour sauter de la camionnette.

Autre témoignage très émouvant, celui de son père. Cet homme long et élégant a déclaré : «Nous avons quitté le Burundi à cause du génocide. On a été surpris en Belgique par une autre criminalité».

Les images du début du procès

On retient trois images  de ces deux premiers jours d'audience. La première, c'est la folie Fourniret. L'accusé se présente bras croisés, vêtu d'un pull-over bleu électrique, et avec l'air bougon de celui qu'on a dérangé.

Ensuite, il refuse de parler et placarde sur la vitre du box, un écriteau sur lequel on peut lire «sans huis-clos, bouche cousue». Du jamais vu en cour d'assises.

Et puis, il y a l'épisode de la lettre fermée par un ruban. Fourniret demande au président de la Cour de la lire à haute voix.

Autre rebondissement, il refuse de comparaître à l'audience et y est conduit de force.

Quand Fourniret prend la parole, c'est pour revenir sur sa quête obsessionnelle de huis-clos. Il dit que c'est dans l'intérêt des familles. Lui, l'homme qui paraît dormir et trouver le temps long à la lecture insoutenable de l'ordonnance de mise en accusation.

La deuxième impression, c'est le décalage entre l'image d'un couple qui pourrait être des gens ordinaires, en âge d'être grand-parents, et les crimes atroces qui leur sont reprochés.

Enfin la dernière image, c'est un couple de prédateurs qui n'a pas du tout la même attitude face à la Cour. Lui, joue la provocation. Elle, elle a décidé de s'expliquer et tenter ainsi de ramener sa peine de perpétuité qu'elle risque à 30 ans de réclusion.

A écouter

Marc Metdepenningen

Journaliste belge

«Le procès Fourniret est ressenti, en Belgique, comme une espèce de deuxième mi-temps du procès Dutroux».

31/03/2008 par Laurence Theault