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Afghanistan/France

Le faux débat et la motion de censure

par Patrice Biancone

Article publié le 01/04/2008 Dernière mise à jour le 01/04/2008 à 21:34 TU

Paris devrait envoyer «quelques centaines de soldats supplémentaires» en Afghanistan a déclaré François Fillon à l’occasion d’un débat à l’Assemblée nationale. Ce débat a été voulu par la gauche car ces renforts sont controversés. La question sera évoquée au sommet de Bucarest.

Le Premier ministre français, François Fillon, explique sa position sur l'Afghanistan lors d'un débat au Parlement le 1er avril 2008.(Photo : Reuters)

Le Premier ministre français, François Fillon, explique sa position sur l'Afghanistan lors d'un débat au Parlement le 1er avril 2008.
(Photo : Reuters)

Un débat. Pas de vote. La décision de Nicolas Sarkozy d’envoyer des renforts militaires en Afghanistan a donné, à l’opposition, l’occasion de manifester sa double désapprobation. Celle sur les objectifs du gouvernement ; sur la tentation de l’alignement,  de l’Atlantisme, qui serait celle du Chef de l’Etat. Et plus largement, celle sur la stratégie de la communauté internationale face aux progrès des talibans. Certes, la gauche ne pouvait pas trancher puisqu’il n’y avait pas de vote, mais les socialistes ont profité du débat pour annoncer leur volonté de déposer une motion de censure. La décision paraît logique. Privés des questions au gouvernement du mardi à l’Assemblée nationale, de vote sur l’Afghanistan et de l’engagement de la responsabilité de l’exécutif demandé par Jean-Marc Ayrault, le président de leur groupe, les socialistes ont choisi de forcer François Fillon à se défendre. La motion devrait donc porter sur l’envoi des troupes en Afghanistan et sur l’ensemble des problèmes économiques et sociaux que rencontre actuellement la France. Elle devrait être vraisemblablement examinée mardi prochain.

Jean-Marc Ayrault

Président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale

« Cette décision a peu à voir avec l'Afghanistan, et beaucpoup à voir avec l'obsession atlantiste du président ».

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01/04/2008 par Florent Guignard

En faisant cette démarche, les socialistes entendent occuper le terrain conquis aux élections municipales. Et rappeler qu’on peut à la fois parler de réforme des institutions, promettre un renforcement du pouvoir législatif et faire comme si la représentation nationale n’existait pas. « Bien  sûr », jugent-ils, « Nicolas Sarkozy a concédé le débat. Mais après intervention du Président UMP de l’Assemblée. Et un débat tronqué dont on ne peut se contenter ».

La gauche est contre l’envoi de nouveaux soldats en Afghanistan. Elle a dénoncé, à la tribune, le piège que cela pourrait représenter. Et elle a interpellé le Premier ministre afin de savoir si les militaires français s’occuperont de « sécurisation » ou tout simplement de guerre.

La réponse de François Fillon

François Fillon

Premier ministre français

« …ou bien nous choisissons le statuquo et alors c’est l’enlisement de nos objectifs et l’impuissance de la France à peser sur la stratégie de la communauté internationale ».

François Fillon a donc défendu le choix de Nicolas Sarkozy au nom de la lutte contre le terrorisme et en insistant sur le fait que l’envoi de renforts n’était pas synonyme d’un acte de guerre mentionné par l’article 35 de la Constitution, celui qui prescrit l’autorisation du Parlement. Pour le Premier ministre, nous sommes dans une configuration différente déjà décrite par un autre Premier ministre en 2001.  A l’époque, Lionel Jospin était à Matignon. Il avait réfuté le terme de guerre à propos de l’Afghanistan. Il avait, lui aussi, accepté le débat et refusé le vote. « Pour nous », a insisté François Fillon devant les députés, « il s’agit de prolonger un effort engagé de longue date dans le cadre d’une résolution de l’ONU.  La France se situe au 7ème rang des 39 nations contributrices de troupes ». Une précision suivie d’une autre à la veille du sommet de l’Otan à Bucarest.

Le Premier ministre et plus particulièrement le ministre des Affaires étrangères ont en effet écarté, plus ou moins directement et sans s’appesantir sur le sujet, les accusations selon lesquelles Nicolas Sarkozy serait  favorable à une intégration du commandement de l’Otan. Le Premier ministre a même mentionné que le Chef de l’Etat avait posé, aux alliés de l’Alliance atlantique, des conditions au renforcement de la présence militaire française en Afghanistan. Il réclame la confirmation du maintien de l’effort sur la durée. L’adoption d’une stratégie politique partagée. Une meilleure coordination des efforts civils et militaires sur le terrain. Et l’accroissement  de l’effort de formation au profit des forces de la sécurité locale. « Ces conditions seront débattues à Bucarest, au sommet de l’Otan » a conclu le Premier ministre.