Article publié le 02/04/2008 Dernière mise à jour le 01/04/2008 à 22:51 TU
L'opposant Morgan Tsvangirai a donné une conférence de presse, le 1er avril 2008, à Harare.
(Photo : Reuters)
Avec notre correspondant en Afrique du Sud, Nicolas Champeaux
Morgan Tsvangirai a fermement infirmé les rumeurs qui faisaient état d’entretiens qu’il aurait eu avec des conseillers de Mugabe pour négocier le départ du président octogénaire. Des sources provenant des deux camps avaient mentionné ces négociations, mais Morgan Tsvangirai a démenti.
Il est hors de question que le pouvoir négocie quoi que ce soit avant la fin des résultats a dit Tsvangirai avant de marteler : « Ni main tendue, ni négociation ». Tsvangirai a donc refusé de déclarer sa victoire, préférant attendre la proclamation officielle des résultats, ce qui est un véritable revirement.
Le porte-parole et le secrétaire général du parti de Tsvangirai, le MDC, avaient annoncé dès dimanche, que Tsvangirai l’avait emporté. Et ils avaient, à maintes reprises, accusé la commission de s’atteler à une manipulation à grande échelle des résultats.
Mais visiblement, Tsvangirai a foi en la Commission électorale. Même s’il ne décroche pas la présidentielle dès le premier tour, il serait très bien placé pour l’emporter lors du second tour, car il pourra compter sur les voix du candidat indépendant Simba Makoni.
C’est probablement ce qui inquiète Mugabe, d’autant plus que son parti la Zanu-PF accuse un léger retard de 4 sièges pour ce qui est du scrutin législatif.
Selon un porte-parole de la Maison Blanche, il est clair que les Zimbabwéens ont voté pour le changement. Les Etats-Unis pressent la Commission électorale de proclamer les résultats, les Américains attendent de Robert Mugabe qu'il respecte la volonté de son peuple.
L'Union européenne, par la voix du ministre slovène des Affaires étrangères va plus loin en appelant le président du Zimbabwe à quitter tout simplement le pays. « Les résultats indiquent que Monsieur Mugabe a perdu les élections », déclarait mardi Dimitri Rupel avant d'ajouter : « J'espère qu'il est sur le départ, s'il continue au pouvoir ce sera un coup d'Etat ».
Jusqu'à présent, les Occidentaux s'étaient bornés à appeler à la publication rapide des résultats des législatives et présidentielles. Mais l'impatience monte. Mardi à Londres, Gordon Brown le Premier ministre britannique a estimé qu'il était absolument critique que les résultats soient publiés immédiatement et qu'ils soient justes et perçus comme tels.
A New York, enfin, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon demande que le décompte des voix se déroule dans la plus grande transparence afin « que le peuple du Zimbabwe puisse avoir confiance ».