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Transport aérien

L’avenir d’Alitalia au conseil d’administration d’Air France-KLM

par Myriam Berber

Article publié le 07/04/2008 Dernière mise à jour le 07/04/2008 à 17:01 TU

Le président de la compagnie franco-néerlandaise, Jean-Cyril Spinetta, lors de sa dernière conférence de presse en mars 2008 dans un hôtel de Rome en Italie.(Photo : AFP)

Le président de la compagnie franco-néerlandaise, Jean-Cyril Spinetta, lors de sa dernière conférence de presse en mars 2008 dans un hôtel de Rome en Italie.
(Photo : AFP)

Le conseil d’administration de la compagnie franco-néerlandaise Air France-KLM, réuni lundi 7 avril 2008, a approuvé la décision prise la semaine dernière par son président, Jean-Cyril Spinetta, de mettre fin aux discussions avec les syndicats du transporteur aérien Alitalia. Les syndicats italiens se sont dits, dimanche, prêts à reprendre les négociations avec Air-France-KLM, dont le plan de rachat prévoit 2 100 suppressions d'emplois. L’approche des élections législatives des 13 et 14 avril prochains complique la situation. Le chef de l’opposition Silvio Berlusconi a affirmé qu’il refuserait l’offre d’Air France-KLM s’il revenait au pouvoir, évoquant l’hypothèse d’une contre-offensive d’investisseurs italiens.

Comme on pouvait s’y attendre, le conseil d’administration d’Air France-KLM a soutenu son président Jean-Cyril Spinetta. Ce dernier avait jeté l’éponge, la semaine dernière, à la table des négociations avec les syndicats de la compagnie italienne Alitalia. Le conseil a considéré que le projet transmis par le groupe franco-néerlandais « est le seul de nature à permettre le retour d'Alitalia à la croissance rentable dans des délais rapides ». « Il appartient maintenant à Alitalia, à ses salariés et aux organisations syndicales de dire comment ils voient l'avenir de leur entreprise », explique le conseil. Il se refuse néanmoins à préciser s’il sera question ou non d’un nouveau mandat de négociations. La compagnie aérienne italienne réunira, elle, son propre conseil, le lendemain mardi, afin d’évaluer combien de temps elle peut survivre. Alitalia perd plus d’un million d’euros par jour.

Samedi, le ministre de l’Economie italien, chargé de la vente de la participation de 49,9% du Trésor italien dans Alitalia, a lancé un ultimatum aux syndicats les avertissant que « penser jouer les prolongations au-delà des élections du 13 et 14 avril est impossible ». Selon Tommasso Padoa-Schioppa, « si Alitalia ne renoue pas avec la compagnie franco néerlandaise, c’est la faillite assurée pour le transporteur italien ».

Poursuivre les négociations

Résultat : les syndicats se disent aujourd’hui prêts à « reprendre le dialogue » avec Air France-KLM, tout en soulignant que la conclusion d’un accord prendrait du temps. Le secrétaire général de la CISL, principale organisation syndicale au sein d’Alitalia, Rafaele Bonanni, a déclaré qu’il pouvait éventuellement « donner un accord tacite ». Deux des neuf syndicats, Avia et Anpav qui représentent la majorité du personnel de vol, ont annoncé, dimanche, être disposés à faire « marche arrière pour parvenir à un accord avec Air France-KLM ».

Le 2 avril dernier, le président d’Air France-KLM a quitté la table des négociations devant les exigences des syndicats de la compagnie aérienne italienne et le refus de ces derniers d'accepter son plan de reprise. Dans un communiqué, Jean-Cyril Spinetta, a déploré cette situation : « Je prends acte avec regret de la rupture des négociations qui n'est pas de notre fait ». Dans la foulée, le même jour, le président d’Alitalia Maurizio Prato a posé sa démission.

Un dossier économique devenu politique

Le plan de restructuration proposé par le groupe franco-néerlandais prévoyait de recentrer l’activité sur Rome au détriment de l’aéroport de Milan-Malpensa, où deux tiers des vols devraient être supprimés. L’arrêt de l’activité cargo y est également programmé pour 2010. L’objectif est de dégager un profit opérationnel dès 2009 et de renouveler la flotte d’Alitalia à partir de 2010. Le plan prévoyait également 2 100 licenciements dans le secteur aérien et la maintenance – dont 1 600 dans la compagnie Alitalia elle-même et 500 dans sa filiale Alitalia Servizi.

Et l’approche des élections des élections législatives des 13 et 14 avril prochain ne fait qu’envenimer la situation. Au départ économique, le dossier est devenu politique. Silvio Berlusconi, qui dirige l'opposition et que les sondages placent en tête pour remplacer le président du Conseil sortant Romano Prodi, a d'ores et déjà annoncé qu’il refuserait l’offre d’Air France-KLM s’il revenait au pouvoir. Caressant dans le sens du poil le patriotisme de ses concitoyens, Berlusconi qui veut conserver Alitalia dans le giron italien, milite en faveur d’Air One, la seconde compagnie du pays, en nombre de vols et de passagers. Air One a déjà vu sa première offre rejetée au bénéfice du projet franco-néerlandais. Elle se dit à présent prête à faire une nouvelle offre dans un délai de trois à quatre semaines. Dans le même temps, le chef de file de la droite italienne a également affirmé qu’il était prêt à mettre sur pied un groupe d’investisseurs italiens pour conserver à la compagnie son caractère national, malgré le démenti de tous les industriels et banquiers cités.