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Irlande du Nord

10 ans après

par Béatrice Leveillé

Article publié le 09/04/2008 Dernière mise à jour le 10/04/2008 à 13:24 TU

L'Irlande du Nord fête sans faste, ce jeudi 10 avril 2008, les dix ans de l’accord de paix de Belfast, une étape essentielle dans le long processus de réconciliation entre catholiques et protestants qui a permis d'apporter une stabilité politique à la province.

Belfast City Hall, lieu de villégiature des habitants de Belfast.(Source: Wikipédia)

Belfast City Hall, lieu de villégiature des habitants de Belfast.
(Source: Wikipédia)

C’est une fête sans éclat parce que l'actuel Premier ministre d'Irlande du Nord, Ian Paisley, qui dirige le Parti démocratique unioniste, le parti protestant le plus radical à l’époque, n’avait pas signé cet accord pourtant approuvé par tous les autres partis. Ian Paisley n'a donc pas voulu donner trop d'importance à cet événement auquel participeront, comme en 1998, Bertie Ahern, le Premier ministre irlandais démissionnaire, le sénateur américain George Mitchell, le catholique modéré et prix Nobel de la paix John Hume, et l'actuel vice-Premier ministre catholique, Martin McGuinness. Il ne manquera autour de la table que Bill Clinton et Tony Blair. Les anciens président américain et Premier ministre britannique ont pourtant joué un rôle important  dans le processus de paix. 

L’accord de Belfast, aussi appelé accord du Vendredi saint, a marqué un tournant décisif dans l’histoire tragique de l’Irlande du Nord. Il sonne le glas d’un conflit qui, en trente ans, a fait 3 500 morts.

La grande avancée de l’accord de Belfast était d’instaurer un partage du pouvoir entre élus catholiques et protestants mais il a fallu un autre accord en 2006 pour que les institutions nord-irlandaises fonctionnent vraiment. Cet accord de Saint-Andrews a permis le rétablissement des institutions régionales en mai 2007.  Sous la menace d’une mise sous tutelle par Dublin et Londres, les élus radicaux  du Sinn Féin, la branche politique de l'IRA, et du Parti démocratique unioniste (DUP) du révérend Paisley, majoritaires depuis 2003 en Irlande du Nord, ont réussi à s’entendre. Ian Paisley est devenu Premier ministre et Martin McGuinness, membre du Sinn Féin et ancien de l'IRA, vice-Premier ministre.

Cette alliance contre nature entre ennemis de trente ans a permis de débloquer la situation.  

Quelques groupuscules comme l'IRA véritable, et des groupes paramilitaires protestants, continuent à menacer le processus de paix mais une large majorité des Nord-Irlandais reconnait que les relations entre catholiques et protestants se sont améliorées même s’il  reste  quelques sujets délicats, notamment  en matière de justice et de police.

La police nord-irlandaise, longtemps haïe par les catholiques, a entrepris une profonde réforme pour regagner la confiance de tous ses concitoyens. Pour être plus représentative de la population, elle s’est imposé un quota fixant à un tiers, le nombre de policiers catholiques au sein de cette institution qui était exclusivement composée de protestants. 

D’autre part, beaucoup de crimes sont restés impunis. Les Nord- Irlandais doivent désormais affronter leur passé. Une commission ad hoc a été créée. Elle doit rendre son rapport cet été.  

Sur le plan économique, l’Irlande du Nord n’a pas rattrapé tout son retard par rapport à l’Irlande et à la Grande-Bretagne mais le chemin parcouru est considérable. Les investisseurs, nord-américains pour la plupart, se pressent depuis que le calme est revenu. Ils ont dopé l’économie et le taux de chômage a baissé. L’Irlande du Nord a connu une flambée des prix immobiliers et le tourisme a fait un bond. La frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord n’est plus matérialisée par des barrages militaires et policiers. Les chevaux et les moutons gambadent librement  dans les champs et les touristes traversent la frontière, sans même s’en rendre compte, seule l’addition à  la terrasse des cafés peut les surprendre puisque l’euro, en usage en Irlande, se transforme en Irlande du Nord en livre sterling.

Quoiqu’il en soit, les républicains continueront à regarder vers le sud en rêvant d’une Irlande réunifiée et les protestants unionistes vers la Grande-Bretagne en attendant que la tectonique des plaques rapproche les deux îles.

Daniel Desesquelle.(Photo: C. Abramowitz)

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