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France

Nicolas Sarkozy : Le droit à l’erreur…

par Patrice Biancone

Article publié le 25/04/2008 Dernière mise à jour le 25/04/2008 à 14:13 TU

Il reconnait avoir commis des erreurs, notammant de communication, mais sur le fond il ne change pas de cap. Au plus mal dans les sondages, Nicolas Sarkozy a fait le point sur sa première année à l'Elysée lors d'une émission télévisée ce jeudi soir. Il est resté fidèle à ses propos, « les Français doivent travailler plus pour enrayer la crise économique », selon le chef de l'Etat.

Composition d'images de l'interview télévisée de Nicolas Sarkozy le 24 avril 2008.(Photo : AFP)

Composition d'images de l'interview télévisée de Nicolas Sarkozy le 24 avril 2008.
(Photo : AFP)

« La tâche est lourde. Celui qui ne change pas quand il est à l'Elysée, c'est qu'il ne comprend pas le poids de la fonction ». Une phrase de Nicolas Sarkozy qui cadre l'intervention. Il s'agissait avant tout pour le chef de l'Etat de montrer qu'il avait bien entendu le mécontentement des Français, qu'il avait tiré les leçons de la gestion chaotique de ces derniers mois et qu'il avait endossé les habits présidentiels comme il avait promis de le faire après la défaite de la majorité aux élections municipales.

Rien à voir avec la fameuse conférence de presse de janvier dernier où il avait été question de « caisses vides ». La démonstration, cette fois-ci, se voulait sobre, pédagogique, emprunte de gravité et même d'humilité, puisque Nicolas Sarkozy, à plusieurs reprises, a reconnu des « erreurs »... Sur le paquet fiscal par exemple : la communication était désastreuse, a dit Nicolas Sarkozy. Ou encore sur les couacs du gouvernement : « Certains m'ont fait le reproche de ne pas les sanctionner, a t-il dit, j'ai fait une erreur de ce point de vue et cela ne se reproduira pas...». On remarquera enfin que les « erreurs » mentionnées par le président sont surtout relatives à la forme et que, sur le fond, la tendance est plutôt au maintien du cap et à l'accélération des réformes.

Pouvoir d'achat. C’était la question centrale de l'intervention présidentielle. Le chef de l'Etat a évoqué les difficultés que rencontrent les Français, leur déception. Il a même avoué qu'il s'était préparé à cela, mais que les difficultés étaient surtout à mettre sur le compte des 35 heures et de la quadruple crise internationale. Celles des « subprimes », celle du pétrole, celle des matières premières, auxquelles il faut ajouter celle du taux de l'euro. « Une raison de plus pour accélérer les réformes » a dit Nicolas Sarkozy qui confirme ainsi le cap actuel...

«Pas de régularisation massive des salariés sans papiers»

François Fillon avait réclamé une feuille de route pour les prochains mois. Il sait désormais à quoi s'en tenir. Il a la confiance renouvelée d'un président qui ne renonce à rien et qui propose d’aller encore plus vite, sans véritablement répondre aux exigences d’une partie de la majorité qui souhaitait, pour sa part, une véritable « hiérarchisation » des réformes. Nicolas Sarkozy a tout de même proposé deux mesures pour augmenter le pouvoir d'achat et pour revaloriser le travail. L'amélioration de l'intéressement au profit des salariés des entreprises : « Le Premier ministre devrait déposer un texte dans les 15 jours »... Et la généralisation du RSA, le revenu de solidarité active. Il s'agit là de garantir aux bénéficiaires de minima sociaux, les « Rmistes », l’augmentation de leurs revenus lorsqu'ils prennent un travail, le coût de la mesure étant, selon le président, de 1 à 1,5 milliards d'euros.

Le financement du RSA (Revenu de solidarité active)

« Le Haut commissaire aux solidarités actives, Martin Hirsch, demandait près de 3 milliards d’euros. Jeudi, Nicolas Sarkozy a finalement annoncé “autour d’un milliard, un milliard et demi d’euros” de crédit. »

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25/04/2008 par Marie Dupin

Enfin, à propos de l’immigration, Nicolas Sarkozy a été très catégorique. Il s’est retranché derrière la loi et a repoussé catégoriquement l’idée d’une régularisation massive des salariés sans papiers. C’est donc le cas par cas qui reste d’actualité, « parce qu’une autre démarche conduit à la catastrophe en provoquant un appel d’air qui profite aux trafiquants » a dit le chef de l’Etat.

Politique étrangère. Nicolas Sarkozy ne s’est guère étendu sur ce sujet. Il a évoqué les relations de la France avec la Chine ; sa démarche auprès du président Chinois pour lui dire « qu’il a été choqué par ce qui s’est passé au Tibet ». Il a également parlé de l’Afghanistan pour rappeler les raisons de la présence française et de son renforcement. Tout comme il est revenu sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, en affirmant qu’il ferait un référendum sur la question. Enfin, à propos d’Ingrid Bétancourt, Nicolas Sarkozy a répété qu’il ne céderait pas sur sa libération. Une affirmation censée illustrer que sa détermination, comme au premier jour, reste intacte.

Nicolas Sarkozy a d’ailleurs précisé que son rendez-vous « c'est la fin du quinquennat ». C'est à ce moment-là qu'il veut être jugé sur son action et sur les effets de son action. « Je ne peux pas tout faire tout de suite », a- t-il dit. Une façon de réclamer de la patience aux Français qui n’en ont plus guère à offrir.

A écouter

Bruno Jeambar

Directeur d'études politiques à l'institut de sondages Opinion Way

Sur le long terme ce n'est pas qu'un changement de style qui pourra améliorer sa popularité, je crois qu'il faudra que sa politique ait des résultats et que les Français les ressentent quotidiennement. "

25/04/2008 par Eléonore Guerin