Article publié le 27/04/2008 Dernière mise à jour le 27/04/2008 à 14:51 TU
Les ministres de l'Agriculture de plusieurs pays d'Amérique centrale et des Caraïbes se sont retrouvés samedi à Managua au Nicaragua pour tenter de prendre des mesures et faire face à la crise alimentaire actuelle provoquée par la flambée des prix. 630 millions de dollars devraient être investis pour augmenter la production agricole locale. Un sommet consacré à la crise alimentaire réunira les présidents d'Amérique centrale le 7 mai. En Haïti, théâtre d'affrontements récents, la situation reste extrêmement tendue. Reportages.
A Haïti, alors que la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti) distribue du riz, une file d'attente est constituée.
(Photo : Philippe Nadel)
Avec notre envoyé spécial à Haïti, Jean-Pierre Boris
Malgré les pressions internationales, et elles sont nombreuses, le président René Préval fait traîner la nomination d’un Premier Ministre. Depuis que, il y a deux semaines, le Sénat a renversé le gouvernement de Jacques-Edouard Alexis, le fonctionnement de l’administration haïtienne est paralysé.
En province les maires se plaignent de l’assèchement de leurs finances. « Plus rien ne se fait », se lamente le maire de Miragoane, un port à environ cent kilomètres de la capitale. Au pied de sa mairie, les travaux d’aménagement de la place centrale ont été arrêtés sine die. Pas moyen de payer les entreprises. Plus encore que dans les administrations, c’est dans les quartiers pauvres qu’on attend la décision de René Préval.
Après les émeutes du début avril, le chef de l’Etat haïtien avait annoncé une baisse des prix du riz. Cette annonce n’a pas eu d’impact réel. Si le président Préval s’obstine à jouer la montre ou nomme un chef de gouvernement dont le profil politique n’est porteur d’aucune promesse de changement, la jeunesse haïtienne, à bout de patience, se tient prête à reprendre la rue. C’est ce qu’assurent tous les milieux informés en Haïti. Certains ajoutent même que le président Préval pourrait être obligé de partir.
Dans la ville de Les Cayes
Première ville haïtienne à s’être soulevée au début du mois d’avril, Les Cayes, au sud du pays, est toujours au bord de l’insurrection.
« Le maire de la ville de Cayes se dit sur le qui-vive. A la Chambre du commerce, on est sur la même longueur d'onde. A mots couverts, on reproche au président Préval de ne pas avoir réellement pris de mesures adaptées à la situation. »
Sur la route qui va de Fort Liberté jusqu’à la frontière dominicaine
« Immobile, une vieille femme fixait des yeux le puissant 4X4 des Nations unies qui passait devant elle. Ses bras [...] levés, voulaient dire : à l'aide, j'ai faim, faites quelque chose. Mais la voiture était déjà loin. »
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