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Campagne présidentielle américaine

Obama coupe les ponts avec le révérend Wright

Article publié le 30/04/2008 Dernière mise à jour le 30/04/2008 à 15:24 TU

Le sénateur démocrate Barack Obama (gauche) et le révérend Jeremiah A. Wright Jr.(Photo : Reuters / University of Kentucky)

Le sénateur démocrate Barack Obama (gauche) et le révérend Jeremiah A. Wright Jr.
(Photo : Reuters / University of Kentucky)

Le candidat démocrate à la présidentielle Barack Obama a convoqué une conférence de presse hier pour se démarquer publiquement de son ami de 20 ans, le révérend Wright, qui ne cesse ces jours derniers à multiplier les déclarations fracassantes.

Avec notre correspondante à Washington, Donaig Le Du

Le candidat démocrate à la présidentielle Barack Obama a convoqué une conférence de presse hier pour couper les ponts publiquement avec son ancien pasteur. Obama très affecté, très en colère mais aussi visiblement très attristé par l’attitude du révérend Wright, qui semblait avoir pris un malin plaisir ces jours derniers à multiplier les déclarations fracassantes.

« Je suis révolté par ce qu’il dit », a expliqué Barack Obama, qui a repris point par point les affirmations du révérend Wright. Il faut dire que l’homme n’y était pas allé de main morte, il avait affirmé que le gouvernement américain avait propagé le sida pour décimer la communauté noire, que les attentats du 11-Septembre étaient une réponse au terrorisme imposé par les Etats-Unis aux minorités, que Louis Farrakhan, le leader antisémite de l’organisation la Nation de l’islam (Nation of Islam) était un héros de ce siècle.

« Tout cela est non seulement faux, mais c’est aussi une insulte à ce que je suis et à ce que ma campagne représente », a déclaré Barack Obama, qui semble avoir été particulièrement choqué par les sous-entendus du pasteur selon lesquels Obama était d’accord avec lui, mais ne le disait pas parce qu’il voulait se faire élire.

Les rapports entre les deux hommes

Ils se connaissent depuis près de vingt ans, et Barack Obama est membre de la paroisse protestante noire de Chicago qu’animait le pasteur Wright jusqu’à il y a quelques mois. Il a célébré le mariage du sénateur de l’Illinois, il a baptisé ses deux filles, c’est lui aussi, en quelque sorte, qui l’a accueilli au sein de la communauté noire de Chicago lorsque Barack Obama est arrivé dans la ville.

Lorsque les sermons enflammés du pasteur ont commencé à circuler sur internet il y a quelques semaines, Obama avait pris ses distances, mais sans pour autant le renier. L’attitude du pasteur ces derniers jours est d’autant plus incompréhensible que toute la presse s’interroge aujourd’hui sur la personnalité de cet homme, et sur les raisons pour lesquelles il a semblé prendre un malin plaisir à lui planter littéralement des poignards dans le dos ces derniers jours.

Obama, lui, semble avoir trouvé un début de réponse en affirmant que Jeremiah Wright s’était donné en spectacle et voulait absolument attirer sur lui les feux des projecteurs, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y est parvenu.

Les conséquences sur les électeurs

Il est évidemment un peu tôt pour mesurer les dégâts commis par ces incidents auprès de l’électorat que Barack Obama ne parvient pas à conquérir, celui de la petite classe moyenne blanche, qui a du mal à envisager de voter pour un Noir.

Ce que l’on peut noter dans ce pays, où la question raciale est à fleur de peau, c’est que tant John McCain, le républicain, qu’Hillary Clinton, la rivale démocrate de Barack Obama, ont publiquement affirmé qu’ils ne pensaient pas que Barack Obama partageait les opinions du révérend Wright. Mais évidemment, l’un comme l’autre doivent se réjouir secrètement que ce soit l’un des amis de Barack Obama qui se soit chargé de lui porter atteinte.

Dossier spécial

A écouter

François Durpaire

Chercheur au Centre de recherches d'histoire nord-américaine à la Sorbonne

« Etre noir aux Etats-Unis c’est quelque chose qui est important dans un pays où les tensions raciales restent vives (…) c’est une menace pour le parti démocrate parce que si Barack Obama ne peut pas se passer de la majorité blanche pour gagner l’élection, Hilary Clinton, elle, ne peut pas se passer du vote des afro-américain… ».

30/04/2008