Article publié le 08/05/2008 Dernière mise à jour le 15/03/2009 à 18:01 TU
La République fédérale d'Allemagne est en effervescence. Privée d'une opposition parlementaire, la contestation est dans la rue, avec ses envolées, ses émotions et ses illusions.
Je me souviens d’avoir eu 18 ans en mai 68.
Je me souviens de l’attentat sur Rudi Dutschke le 11 avril 68.
Je me souviens des manifestations contre la guerre du Vietnam et les lois d’exception décrétées par la Grande Coalition CDU/SPD à Bonn. Je me souviens d’en avoir gardé une peur panique des foules.
Je me souviens des nuits à discuter et à fabriquer des tracts. Je me souviens d’avoir distribué des tracts devant des usines et d’avoir été insultée par des ouvriers.
Je me souviens des sit-ins dans l’Université de Munich et qu’on y projetait des films porno.
Je me souviens des nuits dans des appartements communautaires à fumer du shit et à dormir à vingt sur des matelas posés à même le sol. Je me souviens d’avoir dévoré le petit livre rouge de Mao et les textes de Wilhelm Reich.
Je me souviens de mon arrestation pour avoir occupé le Palais de Justice de Munich et insulté un policier en civil. Je me souviens de mon jeune avocat qui fera plus tard partie de la Bande à Baader. Je me souviens de la gifle que Beate Klarsfeld a donnée au Chancelier Kiesinger pour son passé nazi. Je me souviens d’avoir applaudi l’Armée Rouge pour avoir maté le « mouvement bourgeois » du Printemps de Prague et d’en avoir eu honte beaucoup trop tard.
Je me souviens d’avoir vécu plusieurs vies en une année…
Ulrike Sachweh
Rédaction allemande