Article publié le 02/05/2008 Dernière mise à jour le 10/05/2008 à 08:46 TU
L’État d’Israël est proclamé le 14 mai 1948, mais les origines de sa fondation remontent à la création du mouvement politique sioniste en 1897, par Theodor Herzl lors du congrès de Bâle, en Suisse. Il y est décidé la création d’un foyer national juif et de l’Organisation sioniste mondiale (OSM) chargée d’en coordonner l’action politique. Selon Theodor Herzl, le sionisme, théorie développée dans son livre L’État juif, publié en 1896, est l’unique réponse à l’antisémitisme qui se développe en Europe à la fin du 19e siècle. Il écrira dans son journal « À Bâle, j'ai fondé l'État juif. Si je disais cela aujourd’hui publiquement, un rire universel serait la réponse. Dans cinq ans peut-être, dans cinquante sûrement, tout le monde comprendra. »
L’Organisation sioniste mondiale met l’essentiel de ses efforts politiques et diplomatiques pour obtenir le soutien des grandes puissances de l’époque à la création d’un État juif.
En 1903, après les violents pogroms en Europe, Joseph Chamberlain, secrétaire d’État aux Colonies de Grande-Bretagne, propose l’Ouganda (l’actuel Kenya) pour y créer le foyer juif. La proposition est rejetée par une partie des membres, notamment Chaïm Weizmann et David Ben Gourion, pour qui la Palestine, berceau du judaïsme, est le seul territoire envisageable.
L’Organisation sioniste mondiale adopte définitivement l’établissement d’un foyer national juif en Palestine lors du 7e Congrès en 1905. Elle tente même de persuader le sultan de Constantinople de lui vendre la Palestine, province de l’Empire ottoman jusqu’en 1918. Elle continue d’acheter des terres en Palestine par le biais du Fonds national juif.
L’émigration des juifs en Palestine se poursuit, et à la veille de la Première Guerre mondiale, la Palestine compte 590 000 habitants, dont 57 000 juifs.
Chaïm Weizmann obtient gain de cause auprès des Britanniques, le 2 novembre 1917 par la Déclaration de Balfour selon laquelle « le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif […] étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine. »
De gauche à droite, Herbert Samuel, Haut-Commissaire britannique en Palestine, Judah L. Magnes, recteur de l'université hébreu et Chaïm Weizmann en 1925.
(Photo : Congrès américain)
Cet engagement va à l’encontre de la promesse faite par Londres aux arabes de la création d’un État indépendant et des accords secrets de Sykes-Picot signés le 16 mai 1916 entre la France, la Grande-Bretagne et la Russie sur le partage du Moyen-Orient en cas de victoire des alliés.
En décembre 1917, l’Empire ottoman, engagé dans la Première guerre mondiale auprès de l’Allemagne, capitule.
L'Empire ottoman capitule, le Général Allenby entre à Jérusalem en décembre 1917.
(Photo : Congrès américain)
19-26 avril 1920 Lors de la Conférence de San Remo, les alliés se partagent les terres de l’Empire ottoman. La Grande-Bretagne reçoit un mandat sur l'Irak (agrandi de Kirkouk cédé par les Français en échange d'une participation aux bénéfices pétroliers de la région), sur la Transjordanie et la Palestine. La France reçoit le mandat sur le Liban et la Syrie. Le 26 juillet 1922, la Société des Nations valide ces accords et confie à la Grande-Bretagne le mandat sur la Palestine avec la mission d’y établir un foyer national pour le peuple juif.
Le 4 avril 1920, la fête traditionnelle musulmane de Nabi Moussa à Jérusalem se transforme en manifestation pour le projet d'un grand État arabe unifié, des violences éclatent entre les communautés arabes et juives. Les juifs créent leur milice d'autodéfense, la Haganah, qui deviendra la future armée israélienne.
Manifestation anti-juifs à Jérusalem lors de la fête musulmane de Nabi Moussa le 4 avril 1920.
(Photo : Congrès américain)
En 1921, de violentes émeutes entre les communautés juives et arabes font une centaine de morts à Jaffa. Les Britanniques tentent de faire face à la situation en limitant l’immigration et publient le premier Livre blanc en 1922. Le recensement de la population en 1922 par les Britanniques fait état de 84 000 juifs et 760 000 arabes. En 1927, l’Organisation sioniste mondiale crée l'Agence juive pour la Palestine chargée de l'émigration des juifs en Palestine. Elle sera par la suite l’organe politique de l’organisation.
En 1929, de violents affrontements entre juifs et arabes font 67 morts dans la communauté juive d’Hébron, les survivants abandonnent leurs biens. Le second Livre blanc publié par les Britanniques remet en question la poursuite de l’implantation juive en Palestine. La Palestine compte 175 000 juifs et 880 000 arabes d’après le second recensement britannique de 1931.
En 1933, l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir en Allemagne intensifie l'immigration des juifs européens vers la Palestine.
1936 —1939 Grande révolte des arabes palestiniens
Les partis politiques arabes de Palestine demandent aux Britanniques l'arrêt de l'immigration juive, l'interdiction de la vente des terres et l'autonomie d'une administration désignée sur une base majoritaire. Le grand Mufti de Jérusalem, Haj Amin al Husseini, appelle à la grève générale. C’est le début de la grande révolte arabe : émeutes anti-juifs à Tel-Aviv, bombes dans les autobus, incendies, affrontements avec les militaires britanniques. L’Irgoun, organisation clandestine sioniste extrémiste dirigée par Menahem Begin, recourt aux actions terroristes contre les arabes mais également contre les Britanniques.
En 1937, la Commission Peel, chargée d’enquêter sur ces affrontements préconise la partition de la Palestine. La proposition est rejetée. Le gouvernement britannique publie en 1939 le troisième Livre blanc interdisant l'achat de terres par les juifs et limitant l'immigration à 75 000 personnes sur cinq ans.
La seconde guerre mondiale et le génocide de 6 millions de juifs allait précipiter la création de l’État d’Israël.
Réalisation Latifa Mouaoued