par Stefanie Schüler
Article publié le 09/05/2008 Dernière mise à jour le 09/05/2008 à 19:52 TU
Le président bolivien a accepté jeudi soir la convocation d’un référendum qui pourrait le contraindre à quitter le pouvoir. Le principe de ce scrutin avait été voté un peu plus tôt dans la journée par le Sénat bolivien où l’opposition libérale est majoritaire. C’est le dernier épisode d’une crise politique qui menace de diviser le pays le plus pauvre d’Amérique latine. Evo Morales tente de sortir de ce conflit « par les urnes et non par la violence, dans le cadre de la Constitution ». Cependant, le référendum survient à un moment où le chef d’Etat est clairement affaibli.
« Si nous, les politiques, nous ne parvenons pas à nous mettre d’accord, il vaut mieux que le peuple décide du destin de son président et des préfets (des gouverneurs, ndlr) », a déclaré Evo Morales jeudi soir dans une allocution retransmise à la télévision et la radio publique. « Je souhaite confirmer ma position, qui est de me soumettre au peuple. Pour que le peuple dise qui gouverne et qui ne gouverne pas ».
L’idée d’un référendum révocatoire est lancée par le président bolivien lui-même au mois de décembre dernier. Assuré du soutien d’une majorité de Boliviens, il compte ainsi mettre fin au bras de fer qui l’oppose depuis des mois à plusieurs gouverneurs régionaux.
Référendum révocatoire, mode d'emploi |
|
Ce mécanisme, proposé par le chef d’Etat, est adopté en janvier dernier par la Chambre des députés, contrôlée par le parti présidentiel. Le Sénat, dominé par les adversaires d’Evo Morales, s’y oppose. Seulement voilà : le vent a tourné dans le pays andin. Depuis l'écrasante victoire régionale des autonomistes et adversaires du président lors du vote, dimanche dernier, dans la riche province de Santa Cruz, l’opposition libérale et conservatrice pense même pouvoir gagner un référendum national. Ce jeudi, et à la grande surprise de tous les observateurs, le Sénat a donc tenu une séance extraordinaire pour voter finalement le projet de loi auquel il s’était jusqu’ici opposé.
Bombe à retardement
Evo Morales est donc en quelque sorte pris à son propre piège. En effet, ce référendum révocatoire n'arrange pas du tout le président dans les circonstances actuelles. Ivan Canelas, porte-parole du chef d’Etat, a immédiatement accusé les sénateurs de vouloir perpétuer l’instabilité dans le pays. Même son de cloche chez le chef du parti présidentiel, le MAS : César Navarro a aussitôt qualifié l’opposition d’« opportuniste ». Le vice-président bolivien, qui va également devoir se soumettre au scrutin populaire, a souligné pour sa part que « la loi sur le référendum révocatoire a été créée dans une conjoncture différente de celle que l’on vit actuellement. Aujourd’hui, il est nécessaire d’entamer un dialogue national pour sortir de la crise ».
Pour relancer ce dialogue politique en panne depuis des mois, Evo Morales a été justement contraint de convoquer les neufs gouverneurs pour lundi prochain. Trois d'entre eux ont déjà annoncé qu’ils ne participeraient pas aux entretiens. Ce sont les chefs des régions de Tarijan, de Beni et de Pando. Comme à Santa Cruz, ces trois provinces vont organiser dans les prochaines semaines leur propre référendum sur un statut d’autonomie. D’ici là, il est hors de question pour les trois gouverneurs de rencontrer Evo Morales. Au niveau national, aucune date n’a encore été fixée pour le référendum révocatoire. On sait seulement qu’il devrait se tenir dans un délai de 90 jours.