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France

Réhabiliter « les fusillés pour l’exemple »

par  RFI

Article publié le 12/05/2008 Dernière mise à jour le 12/05/2008 à 14:35 TU

Le secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens combattants, Jean-Marie Bockel, envisage de réhabiliter les soldats « fusillés pour l'exemple » en France pendant la première guerre mondiale (1914-1918). Six cents soldats environ qui avaient refusé de combattre avaient été condamnés à mort. Dans une interview publiée ce lundi, Jean-Marie Bockel, se déclare favorable « à une réhabilitation au cas par cas » de ces fusillés, ajoutant que ce serait un « geste de réconciliation et d'apaisement ». Un geste qui pourrait mettre fin à plus de 90 ans de lutte pour réintégrer la mémoire collective.

1917 - Execution à Verdun lors des mutineries(Photo: Paris, Bibliothèque nationale)

1917 - Execution à Verdun lors des mutineries
(Photo: Paris, Bibliothèque nationale)

Le combat pour la réhabilitation des soldats fusillés pour désobéissance pendant la première guerre a longtemps été porté par les mouvements pacifistes et les associations de familles des condamnés Longtemps, ce combat pour la mémoire est resté en sourdine. L’irruption de la seconde guerre mondiale l'aura même éclipsé.

La critique de la justice militaire pendant la guerre d'Algérie et l'apparition d'une nouvelle génération d'historiens a permis de remettre progressivement la question dans le débat public. C'est Lionel Jospin, alors Premier ministre, qui franchit le pas et va le plus loin. En 1998, il demande ouvertement la réhabilitation de 49 condamnés à mort de 1917: qu'il présente comme des « soldats épuisés qui refusèrent d'être sacrifiés ».

Le président Jacques Chirac s'oppose alors à cette initiative, « inopportune » selon lui alors que « plus d'un million de Français ont sacrifié leur vie pour défendre la patrie ». Pourtant en Grande Bretagne les choses évoluent : en août 2006, le gouvernement fait voter une loi pour accorder un pardon global à 306 soldats britanniques ayant désobéi pendant la Grande Guerre.

Cette décision qui conforte la Ligue des droits de l'homme qui adresse une lettre ouverte au Premier ministre français en mars 2007. Un an plus tard c'est le Conseil général du département de l'Aisne, théâtre de sanglants combats en 1917, qui demande l'inscription des fusillés pour l'exemple sur les monuments aux morts. Cette fois, le mouvement semble enfin amorcé.

Nicolas Offenstadt

Historien, maître de conférence à l'université Paris I

« On va rouvrir les dossiers, regarder comment ils ont été jugés à l'époque et voir s'ils méritent d'être réhabilités. »

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12/05/2008 par Mathieu Baratier