Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Aéronautique

Airbus annonce un nouveau retard pour l’A380

par Myriam Berber

Article publié le 13/05/2008 Dernière mise à jour le 13/05/2008 à 16:31 TU

L'A380  peut transporter 525 passagers en aménagement standard et jusqu’à 800 en charter.(Photo : Airbus S.A.S., 2005)

L'A380 peut transporter 525 passagers en aménagement standard et jusqu’à 800 en charter.
(Photo : Airbus S.A.S., 2005)

Le gros porteur d’Airbus est de nouveau confronté à des retards de livraisons. L’avionneur a annoncé, mardi 13 mai 2008, une révision à la baisse du nombre d’A380 amenés à être livrés au cours des deux prochaines années. Autre difficulté à laquelle doit faire face Airbus, le plan d’économies Power 8 devra être alourdi. Le volet cession de sites n’a pu être mené à bien. La vente de cinq de ses sites, deux en France et trois en Allemagne a, en effet, été abandonnée.

Il y a deux ans, les câblages électriques avaient retardé l’assemblage de l’Airbus A380. Cette fois, c’est la cadence industrielle qui est à l’origine du quatrième retard du programme A380. Selon l’avionneur, « la cadence prévue n'est pas réalisable ». Le câblage qui se fait de façon artisanale à l’heure actuelle, devrait se faire de manière automatisée à partir de l’an prochain. La transition entre ces deux phases freine la montée en cadence de la production. L'avionneur européen prévoit désormais 12 livraisons en 2008, contre 13 prévues précédemment et 21 en 2009 contre 25. Airbus n'a pas encore chiffré l’impact financier de ce nouveau retard.  

L’information confirmée ce mardi par Airbus était attendue. Son plus gros client, la compagnie Emirates, avait déclaré la semaine dernière avoir reçu un courrier en ce sens du groupe d’aéronautique et de défense européen (EADS), la maison mère d’Airbus. « On n'est pas dans la situation de crise d'il y a 18 mois, c'est un ajustement de la montée en cadence. On a prévenu nos clients et on est en discussion avec eux », a indiqué le numéro deux d’Airbus, Fabrice Brégier. Au total, 16 compagnies ont passé commande ferme pour 192 appareils. Plusieurs d’entre elles pourraient demander des compensations financières.

L’exposition face au dollar

Cette annonce arrive alors qu’EADS réunit, ce mardi, un conseil d’administration, à deux semaines de l’assemblée générale prévue le 26 mai à Amsterdam. Les administrateurs se pencheront également sur l’activité du groupe. Les résultats trimestriels seront rendus publics, ce mercredi, dans un contexte assombri par la flambée du prix du pétrole. A cela s’ajoute l’impact de la détérioration de la parité entre le dollar et l’euro. L’avionneur est, en effet, très pénalisé par la faiblesse du dollar, devise dans lequel il vend ses avions alors que la majeure partie de ses coûts de production sont en euro.

Le premier A380 avait été livré à Singapore Airlines en octobre 2007 avec un retard de 18 mois en raison de problèmes d'industrialisation, en particulier dans l'assemblage des câblages électriques, réalisé à Hambourg. La situation a été d’une telle gravité qu’elle a provoqué une tempête chez Airbus et au sein de la maison mère de l’avionneur, EADS. Juin 2006, le titre EADS a chuté en bourse, les têtes sont tombées à la direction de l’entreprise et les retards ont eu un impact financier au-delà de toutes les prévisions. Pour compenser ces pertes, le conseil d’administration d’Airbus a validé en février 2007 un plan de redressement baptisé « Power 8 » qui vise à économiser 2 milliards d’euros par an d’ici à 2010.

Echec de la vente des sites

La difficile mise en œuvre de Power 8 a également perturbé la production de l’A380. Les mesures d’économies portaient non seulement sur 10 000 réductions d'emplois non directement productifs, mais aussi sur les achats, une réorganisation de la chaîne industrielle ainsi que la cession de plusieurs sites en Europe. « Ce plan a donné de bons premiers résultats avec 500 millions d'euros d'économies en 2007. On doit arriver à 2,1 milliards en 2010, on est sur les bons rails et on peut confirmer cet objectif car on a désormais une bonne visibilité ». Tel est le message martelé, ce mardi, par Fabrice Brégier.

Mais le volet cession de sites du plan n’a pu être mené à bien. La vente de cinq de ses sites, deux en France et trois en Allemagne a, en effet, été abandonnée. Le géant EADS, la maison mère d’Airbus, a annoncé, la semaine dernière, l’échec des négociations avec l’équipementier français Latécoère, candidat unique à la reprise des sites de Méaulte et de Saint-Nazaire Ville. Le groupe a précisé qu’il allait procéder à la filialisation des deux sites français, tout comme il a décidé de le faire pour les usines allemandes de Varel, Nordenham et Augsbourg, qui n’ont pas trouvé de repreneur. Quant aux deux autres sites de Laupheim en Allemagne et de Filton en Grande-Bretagne, l’avionneur espère que leur vente aboutira dans les semaines à venir. En France, l’abandon de la vente des sites de Méaulte et de Saint-Nazaire a été salué par les syndicats. Mais Airbus comptait sur cette opération pour financer en partie les investissements nécessaires au développement de l’A 350 XWB, son futur long-courrier.