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France

La croissance moins mauvaise que prévue

par Myriam Berber

Article publié le 15/05/2008 Dernière mise à jour le 15/05/2008 à 16:32 TU

La croissance française en 2007 est revue à la hausse à 2,2% au lieu de 1,9%. Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,6% au premier trimestre 2008, selon les données définitives publiées, jeudi 15 mai 2008, par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Ces résultats sont plutôt une bonne surprise compte tenu des prévisions dressées par la plupart des conjoncturistes.

Christine Lagarde, la ministre de l'Économie, de l’industrie et de l'emploi, s'est félicitée des bons chiffres de la croissance. (Photo : Reuters)

Christine Lagarde, la ministre de l'Économie, de l’industrie et de l'emploi, s'est félicitée des bons chiffres de la croissance.
(Photo : Reuters)

Dans un contexte international plutôt difficile où la croissance est en berne dans de nombreux pays industrialisés, la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde ne cachait pas sa joie, et même sa jubilation, jeudi à Bercy, en annonçant que la croissance allait être meilleure que prévu en France. Les derniers chiffres font état d’une croissance de 2,2%, au lieu de 1,9% annoncé initialement. Les chiffres de 2007 sont en fait dans la continuité des années précédentes : 2,2% en 2006, après 1,7% en 2005.

Ces résultats correspondent à la fourchette basse annoncée par le gouvernement. Depuis plusieurs mois, la ministre de l’Economie tablait pour 2007 sur une croissance comprise entre 2% et 2,5% et avait bâti son budget sur une hypothèse de 2,25%. L’Insee a également annoncé une progression du produit intérieur brut (PIB) de 0,6% au premier trimestre 2008, après 0,3% au dernier trimestre 2007. Un rythme qui paraît bien modeste par rapport à la performance de 1,5% annoncée jeudi en Allemagne. Mais qui s’avère supérieur au 0,4% attendu en moyenne par les économistes. Compte tenu de ce bon premier trimestre, Christine Lagarde se dit aujourd’hui « convaincue d’une croissance pour l’année 2008 entre 1,7% et 2,25%». 

Refroidissement à partir de mars 2008

Selon Bercy, ces résultats s’expliquent principalement par les bons investissements des entreprises. Les dépenses d’investissement ont, en effet, augmenté de 1,8% au premier trimestre 2008. Il s’agit du cinquième trimestre consécutif de forte hausse. Les échanges extérieurs n'ont pas manqué de dynamisme non plus. Les exportations ont progressé de 3,1% au premier trimestre 2008, un chiffre élevé surtout dans un contexte marqué par le niveau record de l’euro face au dollar. Les importations ont également progressé de 1,9%. Par conséquent, le solde du commerce extérieur a contribué pour 0,3 point à l’évolution du PIB. En revanche, les dépenses de consommation des ménages ont sérieusement ralenti avec une hausse de 0,1% sur le premier trimestre 2008, après 0,6 % au quatrième trimestre 2007, contribuant seulement pour 0,1 point à l'évolution du PIB.

Mais bon nombre d’économistes estiment qu’après le bon chiffre du premier trimestre 2008, il y aura un net ralentissement au deuxième. Jusqu’à présent, la crise internationale n’a pas pesé sur la croissance française, mais « le commerce et l’investissement des entreprises devraient ralentir en raison d’une demande mondiale moins dynamique ». Les indicateurs dénotent un sérieux changement de tendance depuis le mois de mars et Christine Lagarde elle-même en a pris acte en évoquant l’hypothèse d’un « disons... mauvais 0,2% au deuxième trimestre 2008 ».

Creusement du déficit public

Enfin, la dette publique de la France en 2007 a été révisée à la baisse à 63,9% du PIB, contre 64,2% précédemment, en raison de la croissance du PIB plus élevée que prévu. L’endettement reste cependant au-dessus de la norme européenne des 60% du PIB fixée par le Pacte de stabilité de l’Union européenne. La France est en-dessous de la moyenne de la zone euro qui est à 72%.

Le déficit public pour 2007 se maintient toutefois à 2,7% du PIB en 2007 contre 2,4% l’année précédente. Paris s’est engagé à ramener son déficit public à 2,5% du PIB en 2008, mais Bruxelles estime qu’il va se détériorer pour atteindre 2,9% en 2008 et 3% en 2009, soit la limite fixée par le Pacte de stabilité. Christine Lagarde considère ces chiffres «outrageusement pessimistes » et estime que « le déficit français va baisser ». Ce n’est pas l’avis de la Commission européenne qui a d’ores et déjà annoncé fin avril qu'elle envisageait de lancer une mise en garde à la France en raison du dérapage de ses dépenses publiques. Elle devrait décider de rappeler la France à l’ordre d’ici au 2 juin sur ses déficits, soit juste avant le début de la présidence française de l’Union européenne qui commence le 1er juillet. Mais pour la France, les nouveaux chiffres de l’Insee changent la donne et devraient inciter Bruxelles à réfléchir avant de lui lancer un avertissement dans la mesure où une meilleure croissance permettra de générer plus de recettes fiscales.