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Guinée

Les mutins dans l'attente

Article publié le 03/06/2008 Dernière mise à jour le 03/06/2008 à 13:00 TU

Au camp Alpha Yaya de Conakry, haut lieu de la contestation militaire, les mutins attendent, après leur rencontre dimanche avec le président Lansana Conté, la satisfaction de leurs revendications. L'adjudant-chef Pivi, à la tête d'une délégation, a rencontré dimanche le président Lansana Conté qui a promis d'examiner toutes leurs revendications. Les mutins affirment avoir déjà obtenu l'assurance du paiement graduel de 5 millions de francs guinéens (environ 700 euros) pour chaque soldat. Pour le reste de leurs doléances, notamment le départ de certains de leurs généraux, les mutins devront attendre la réponse du chef de l'Etat.

Avec notre envoyée spéciale à Conakry,

Les portes du camp Alpha Yaya sont grandes ouvertes, on y entre sans difficulté. Il y a quelques jours, les mutins y étaient encore retranchés.

L'adjudant-chef Pivi, proclamé porte-parole de la mutinerie, entouré de ses hommes, termine une grosse gamelle de nourriture assis sur un banc, dehors. Stature impressionnante, petit bouc en broussaille, Coplan, comme on le surnomme, a les yeux rouges de fatigue. Il explique en montrant ses bottes de cuir lassées et son béret rouge qu'il n'a pas eu le temps de les enlever depuis dix jours.

Difficile de savoir dans quelles conditions l'adjudant-chef entré dans l'armée en 1985 a pris la tête des mutins. « J'ai été choisi par la troupe », dit-il, sans plus de précisions.

Officiellement, ce qui a mis le feu aux poudres, c'est l'arrêt du paiement d'arriérés de primes évalués à 5 ou 6 millions de francs guinéens, environ 700 euros.

Climat d'anarchie

Les mutins réclament également le départ de certains de leurs généraux. Ils ont rencontré dimanche le président Conté qui a promis de payer et d'examiner le reste de leurs revendications si tout rentrait dans l'ordre.

L'adjudant-chef Pivi

Porte-parole des mutins au camp Alpha Yaya

« Maintenat qu'il y a eu des revendications, "le papa", le président Lansana Conté a compris qu'il y a un problème dans l'armée. »

écouter 1 min 11 sec

03/06/2008 par Ghislaine Dupont

Mais pour l'instant le camp Alpha Yaya est toujours contrôlé par les mutins même si l'adjudant-chef Pivi dément en être le patron. « Non, moi je ne suis pas le patron du camp Alpha, je suis pour le moment le porte-parole de toute l'armée guinéenne. », dit-il. Mais où sont les officiers dans le camp ? « Mais ici, vous avez vu, personne n'a son grade parce qu'au camp il y a eu des revendications, tout le monde est devenu soldat. », rétorque l’adjudant-chef Pivi.

Ce climat d'anarchie qui règne au sein de l'armée est-il orchestré comme le pensent certains observateurs ici ? Mais alors qui tire les ficelles, et pour quels objectifs ? Le mystère reste entier pour le moment. Seule certitude aux yeux des mutins, le général Lansana Conté, baptisé ces jours-ci, le « papa président », garde tout son prestige.