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Slovénie

Incertitudes sur un incident nucléaire

Article publié le 05/06/2008 Dernière mise à jour le 06/06/2008 à 08:45 TU

L'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) surveillait attentivement, jeudi, la fuite de liquide du circuit de refroidissement la veille dans la centrale nucléaire de Krsko, en Slovénie, mise à l'arrêt. Mercredi, la Commission européenne a déclenché le système d'alerte européen sur les risques radioactifs.

Dans la centrale électronucléaire de Krsko, le 5 juin 2008.(Photo : Reuters)

Dans la centrale électronucléaire de Krsko, le 5 juin 2008.
(Photo : Reuters)

Avec notre bureau de Bruxelles

Les experts estiment que la fuite détectée hier dans le circuit de refroidissement de la centrale électronucléaire de Krsko ne constitue en l'état actuel aucun danger pour l'homme, ni pour l'environnement.

En revanche, l'incident aura mis en lumière des incohérences, voire une certaine désinvolture, dans la gestion de la communication internationale des données techniques qui s'y rapportent.

Ainsi, l'exploitant de la centrale aura-t-il mis plus de deux heures avant d'alerter la commission européenne à Bruxelles et quarante-cinq minutes supplémentaires pour prévenir l'Agence internationale de l'énergie atomique à Vienne.

Faiblesse des réseaux d'alerte

Plus grave, selon le ministre fédéral autrichien de l'Environnement, dont le pays est situé à moins de deux cents kilomètres de Krsko, les autorités slovènes ont d'abord signalé un simple exercice de routine alors que la panne était bien réelle.

Enfin, les mêmes responsables slovènes ont indiqué que la centrale ne serait à l'arrêt que quelques heures, alors que ce jeudi matin, ils ont reconnu  rechercher encore l'origine de la fuite estimée à 2,5 mètres cubes par heure et ne pas savoir combien de temps il faudrait pour la colmater.

On touche là la faiblesse des réseaux d'alerte internationaux qui dépendent directement de la rapidité, de l'exactitude et de la sincérité des Etats membres.

Des risques encore indéterminés


Dans une centrale nucléaire, c’est la réaction en chaîne, la fission des atomes d’uranium qui génère une chaleur fantastique qu’il convient dans un premier temps de transformer en vapeur dans le circuit primaire, vapeur qui, dans un second temps, fait tourner une turbine – et la turbine entraîne un alternateur qui produit de l’électricité.

La fission nucléaire se produit donc au cœur d’un réacteur dans le circuit primaire – et c’est dans ce circuit primaire que l’eau circule en boucle fermée et transmet la chaleur ainsi produite au circuit secondaire via un échangeur.

Ce circuit primaire est donc parfaitement confiné dans une immense cuve qui doit interdire un quelconque échange avec l’extérieur. Autrement dit si une fuite de liquide se produit – comme cela a semble-t-il été le cas dans la centrale slovène – le liquide ne sort pas de la cuve de confinement.

On évite ainsi tout risque de pollution radioactive vers l’extérieur, sachant qu’il conviendra dans la foulée de stopper le fonctionnement du réacteur, de localiser la fuite et de la réparer dès que la température sera compatible avec le processus de réparation.

Une opération qui semble être en cours dans la centrale slovène où l’on attend justement que chute la température dans le cœur du réacteur pour en savoir davantage.

Patrick Raymond

Directeur de la simulation et des outils d’expérimentation au CEA.

« On va amener le réacteur au niveau de pression atmosphérique pour l'ouvrir, puis une fois que le combustible sera déchargé, il sera possible de réparer la pompe d'où est partie la fuite. »

05/06/2008 par Christian Sotty