par Myriam Berber
Article publié le 13/06/2008 Dernière mise à jour le 13/06/2008 à 19:51 TU
Les ministres des Finances des pays du G8 vendredi à Osaka, Japon, le 13 juin 2008.
(Photo : Reuters)
L’impact de la crise pétrolière dans le monde devrait largement occuper les discussions des ministres des Finances des sept pays les plus industrialisés (France, Royaume-Uni, Etats-Unis, Canada, Japon, Allemagne, Italie) et de la Russie. Cette réunion d’Osaka a pour objet de préparer le sommet des chefs d’Etat (G8), du 7 au 9 juillet 2008, à Okaido au Japon. La majeure partie de cette rencontre sera consacrée à l'étude des moyens susceptibles de ramener le calme sur le marché de l’or noir. A plus de 135 dollars le baril, le pétrole déstabilise les économies. L’inflation qui en résulte menace, en effet, la reprise d’une économie mondiale qui n’est toujours pas complètement remise de la crise des crédits hypothécaires à risques (« subprimes »).
Le G8 a sommé, à plusieurs reprises, ces derniers mois, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) d'augmenter sa production pour faire baisser les cours. Pour les grands consommateurs comme les Etats-Unis, l’Opep devrait augmenter sa production, face aux besoins des économies industrialisées et celles des pays émergents comme la Chine et l'Inde. De son côté, le cartel qui contribue à 40% de l’offre mondiale de pétrole, renvoie la responsabilité de cette envolée de l’or noir vers les spéculateurs.
Mais, les membres de l’Opep pourraient changer de position. Si l’on en croit la lettre d'information Middle East Economic Survey, l’Arabie Saoudite envisage d'annoncer une augmentation de sa production, à l'occasion de la conférence entre pays producteurs et consommateurs, le 22 juin prochain à Djeddah, en Arabie Saoudite. La hausse de production envisagée pourrait avoisiner 500 000 barils par jour, ce qui porterait la production saoudienne à un niveau de production quasi-record.
Elimination des subventions sur les carburants
Le ministre français de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, a redit à Osaka son souhait que le G8 recherche les causes de « la volatilité erratique » des cours du pétrole et a déploré le manque d’explication claire au phénomène. «On est en besoin d'informations tangibles sur les réserves, les stocks, le fonctionnement des marchés, les capacités de production et de raffinage », a déclaré Christine Lagarde qui plaide pour que le Fonds monétaire international (FMI) enquête à ce sujet.
Paris, mais aussi Washington, souhaitent également que les pays consommateurs ne subventionnent plus l’essence pour modérer la demande intérieure, et donc les cours. La Malaisie et l’Indonésie viennent ainsi de revoir leur politique de subventions à l’essence. Mais, la Chine et l'Inde rechignent à réduire ces subventions de carburant de crainte d'une réaction sociale. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la Chine, l'Inde et le Moyen-Orient ont dépensé 50 milliards de dollars (32,4 milliards d'euros) en 2007 pour alléger le porte-monnaie des consommateurs.
Autres sujets de discussions à l’ordre du jour de cette réunion du G8 : les pressions inflationnistes. Le doublement du prix du baril, conjugué à l’augmentation des prix des denrées alimentaires en un an, a poussé l’inflation à des niveaux record. La dépréciation du dollar devrait aussi être évoquée en raison de son lien avec la hausse du pétrole. La faiblesse continue du dollar contribue, en effet, à orienter les investisseurs à miser sur les matières premières, comme le pétrole, dont les transactions sont libellées en dollar. Ces derniers jours, les Etats-Unis ont multiplié les déclarations en faveur d’un redressement du dollar face aux autres devises.
Un fonds pour les technologies propres
Les ministres des Finances du G8 vont également plancher sur des propositions pour améliorer le fonctionnement des marchés financiers. Les grands argentiers devraient débattre des normes comptables internationales et du rôle des agences de notation. Mises en cause dans la crise des crédits hypothécaires à risques (« subprimes »), les agences de notation sont soupçonnées d’avoir évalué avec trop de complaisance le profil financier d’établissements spécialisés dans les prêts immobiliers. Si la réforme des agences de notation est une priorité pour les Européens, la réponse américaine est plus mesurée.
Les questions environnementales et le développement en Afrique, priorités de la présidence japonaise, ne seront pas oubliés. Dans le cadre du réchauffement climatique, le Japon, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis vont proposer la création d’un fonds pour les technologies propres qui aiderait à financer les projets d’énergie non polluantes dans les pays en développement.