Article publié le 19/06/2008 Dernière mise à jour le 20/06/2008 à 07:10 TU
Le président ivoirien Laurent Gbagbo et le président du (FDPCC) Henri Amouzou (D), le 22 octobre 2007.
(Photo : AFP)
Avec notre correspondant à Abidjan, Norbert Navarro
Si cela n’est pas une opération mains propres, cela en a les apparences. La mise sous les verrous du président de la Bourse du café-cacao et la chute de son directeur général constituent en effet autant de gestes spectaculaires qui ne manquent pas d’en surprendre plus d’un à Abidjan. Lucien Tapé Do, 54 ans, est en effet un dirigeant de haut vol de la filière café-cacao en Côte d’Ivoire. Cet homme du Président tombe avec son bras droit Tano Kassi Kadio. Mercredi déjà, deux autres dirigeants de la filière, Henri Amouzou et Théophile Kouassi, numéros un et deux du Fonds de développement pour les producteurs du café-cacao, étaient placés sous mandat de dépôt, ainsi qu'une de leurs collaboratrices.
Tous sont inculpés de « détournements de fonds, abus de confiance, abus de biens sociaux, escroquerie et faux et usage de faux en écriture privée de commerce et de banque ». En tout donc, ce sont cinq des 23 inculpés de la semaine dernière dans le cadre d’une enquête demandée il y a huit mois par le Président Gbagbo. La main du juge n’a pas tremblé, mais on remarquera que ce coup de torchon intervient à cinq mois de la date prévue pour la présidentielle. A point nommé autrement dit pour soigner l’image du Chef de l’Etat. Ce jeudi soir à Abidjan, la question était : « à qui le tour ». Car les auditions devraient se poursuivre et, sous réserve d’inventaire, il reste encore 18 inculpés à entendre. Reste à préciser le montant des fonds détournés et du préjudice subi par l’Etat. Le procureur de la République n’a pas fini de faire les comptes. Il faut dire que l’addition promet d’être salée.
A écouter
Chef de la délégation de la Commission européenne en Côte d'Ivoire
«La grande critique, c'était un manque de transparence, quand on faisiat les comptes c'était quand même des sommes considérables, dont on ne voyait pas à quoi et où elles étaient affectées.»
20/06/2008 par Frédéric Garat
Représentante de l'ONG Global Witness, spécialisée dans la lutte contre le pillage des ressources naturelles
«La filière café-cacao en Côte d'Ivoire a été caractérisée par une opacité telle que les cinq dernières années, il était impossible de savoir ce qui se passait dans cette filière.»
20/06/2008 par Frédéric Garat