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Le rayonnement de l'Europe

Quelle place pour l’Union européenne sur la scène mondiale ?

par Marie Joannidis

Article publié le 21/06/2008 Dernière mise à jour le 26/06/2008 à 16:41 TU

L'Union européenne est toujours à la recherche d'un rôle politique accru sur la scène internationale, un rôle à la mesure de son poids économique. En la matière, les ambitions affichées de Nicolas Sarkozy, chef de l’Etat français qui en assure la présidence tournante à partir du 1er juillet, ont été quelque peu écornées par le «non» de l'Irlande au Traité simplifié de Lisbonne.

Les 27 Etats membres de l'Union européenne et les 3 pays candidats : Croatie, Macédoine et Turquie.(Carte : RFI)

Les 27 Etats membres de l'Union européenne et les 3 pays candidats : Croatie, Macédoine et Turquie.
(Carte : RFI)

Avant même le référendum irlandais, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet avait mis l'accent sur les difficultés qui attendent la France pendant cette présidence de six mois : crise financière internationale, hausse des prix des matières premières et de l’énergie, nouvelle administration américaine dans un contexte international compliqué, problèmes en Europe même.

Dans la préparation de sa présidence, la France s'est donc voulue avant tout pragmatique et réaliste. A part le Pacte sur l'immigration et le projet d’Union pour la Méditerranée, elle a surtout voulu consolider les acquis, et renforcer la position de l'UE sur le plan international à travers, notamment, un foisonnement de rencontres et de sommets comme c'est l'usage. Ainsi, Nicolas Sarkozy devrait présider dès le 25 juillet 2008, un Sommet UE/Afrique du Sud. En septembre, des réunions sont prévues avec l'Ukraine et l'Inde, avec la Russie en novembre, puis la Chine et le Brésil en décembre, sans parler des contacts avec les Etats-Unis à la fois au sein de l'Organisation du traité de l’Atlantique-nord (Otan) et sur les grands sujets à l'ordre du jour comme le terrorisme international.

Sortir de l’impasse institutionnelle

Mais, Nicolas Sarkozy devra aussi convaincre ses partenaires européens d'aller de l'avant afin de remettre en marche la machine européenne à 27 malgré le refus irlandais. Le Traité de Lisbonne, dont il a été un des principaux artisans et qui a été adopté en décembre 2007, avait mis fin à deux ans et demi d’incertitude institutionnelle, après les «non» aux référendums français et néerlandais concernant un projet de traité constitutionnel. Qualifié de «traité modificatif», ce texte avait permis de sortir de l'impasse. Signé par les 27 chefs d'Etat ou de gouvernement, il est en cours de ratification par chaque Etat membre selon ses propres procédures afin de pouvoir entrer en vigueur le 1er janvier 2009, à temps pour les élections du Parlement européen de juin 2009.

Les ratifications devaient donc intervenir pendant l’année 2008, en général par voie parlementaire, seule l’Irlande devant organiser un référendum de confirmation, selon sa constitution. Au 11 juin 2008, dix-huit pays (67 %) l'avaient ratifié : Hongrie, Malte, Slovénie, Roumanie, France, Bulgarie, Pologne, Slovaquie, Portugal, Autriche, Danemark, Lettonie, Lituanie, Allemagne, Luxembourg, Estonie, Finlande, Grèce. Ce texte prévoit notamment l’élection du président du Conseil européen, pour un mandat de deux ans et demi renouvelable, et la création d’un poste de haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité pour renforcer le poids, la cohérence et la visibilité de l’action extérieure de l’UE.

Un quart de la richesse de la planète

La population de l’Union européenne –près de 500 millions d’habitants– la troisième au monde après celles de la Chine et de l’Inde, en fait une puissance qui absorbe une grande part des échanges internationaux et produit un quart de la richesse de la planète. L'UE a donc atteint le statut de grande puissance mondiale sur les plans économique, commercial et monétaire et peut tenir tête aux Etats-Unis au sein de l'OMC. Elle a aussi fait de l'aide au développement un de ses chevaux de bataille tout comme la lutte contre les changements climatiques, nouveau défi de la planète. Le principal objectif dans ce domaine est un accord européen sur le climat, sachant que l’Europe veut tout faire pour faciliter un accord au niveau international sur ce sujet d’ici la conférence de Copenhague en 2009. Autres priorités du moment, la sécurité énergétique et la politique de voisinage que ce soit du côté de la Méditerranée ou de la Mer baltique.

Mais, son rôle diplomatique n'est pas encore à la mesure de ses ambitions, même si deux de ses membres, la France et la Grande-Bretagne, font partie du Conseil de sécurité de l'Onu, véritable gendarme international, et si elle participe aux grandes médiations ou négociations en Europe et ailleurs dans le monde. Elle n'a pas profité de l'éclatement de l'empire soviétique, ni de la fin de la guerre froide pour s'affirmer face à la superpuissance américaine ; elle manque de moyens et reste affaiblie par les divisions en son sein, comme par exemple à propos de l'intervention des Etats-Unis en Irak. C'est un George Bush décrié et en fin de mandat qui a donné une nouvelle impulsion au dialogue israélo-palestinien et ce sont les Arabes eux-mêmes qui ont permis au Liban de sortir de la crise présidentielle.

Des progrès à faire pour s’exprimer d’une seule voix

Si certains ont pu dire que l'Union européenne est devenue un géant économique mais reste un «nain politique», la Commission européenne conteste les critiques excessives. Elle souligne que l'UE pèse de tout son poids dans les enceintes internationales comme l'OMC et l'Onu, les sommets mondiaux sur l’environnement ou le développement.

Elle admet cependant qu'il reste aux Etats membres à faire encore de nombreux progrès sur les plans diplomatique et politique pour s’exprimer d’une seule voix sur les enjeux décisifs de la planète : la stabilité et la paix, les relations avec les Etats-Unis, le terrorisme, le Proche-Orient, le rôle du Conseil de sécurité de l’Onu. Elle déplore aussi que les systèmes de défense militaire restent aux mains des dirigeants nationaux liés entre eux, seulement par les engagements contractés dans le cadre des alliances telles que le Pacte atlantique et soutient à fond la politique de défense commune en gestation.

Les politiques européennes à visée internationale

(MFI) L'UE a lancé la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et la politique européenne de sécurité et de défense (PESD), prévues par les traités de Maastricht (1992), d’Amsterdam (1997) et de Nice (2001) qui ont défini les principales missions de l’Union en matière de défense. A plusieurs reprises, les responsables ont tenté de rationaliser le processus décisionnel de la PESC, mais les décisions importantes doivent être prises à l’unanimité, ce qui est parfois difficile, comme l’illustre la diversité des réactions des Etats membres à l’invasion de l’Irak par une coalition placée sous commandement américain. Depuis 2003, l’UE a accompli une série de missions de maintien de la paix et de gestion de crise en Bosnie Herzégovine, au Kosovo, en République démocratique du Congo et au Tchad. Vis-à-vis des pays du sud de la Méditerranée, qui, par leur proximité géographique, les affinités historiques et culturelles, les flux migratoires existants et potentiels, représentent des partenaires de première importance, l’Union a traditionnellement choisi de mener une politique d’intégration régionale appelée «approche globale méditerranéenne». Elle a lancé, en novembre 1995, un nouveau partenariat euro-méditerranéen lors de la conférence de Barcelone à laquelle ont participé tous les Etats membres de l’UE et les Etats riverains de la Méditerranée (à l’exception de l’Albanie, de la Libye et des pays de l’ex-Yougoslavie). Initialement concentrée en Afrique, l’assistance financière et technique de l'UE a été, dans les années 70, étendue à l’Asie, à l’Amérique latine et aux pays des rives méridionale et orientale de la Méditerranée. À partir de la même époque, l’Union a commencé à apporter une aide humanitaire aux victimes de cataclysmes et de catastrophes d’origine humaine à travers le monde. Les accords que l’Union européenne conclut avec ses partenaires mondiaux vont au-delà des échanges commerciaux et de l’aide au développement habituelle : ils englobent le soutien aux réformes économiques, la santé et l’éducation, l’infrastructure et, parfois, une coopération dans des domaines tels que la recherche et le développement ou l’environnement. Ils permettent aussi d’aborder des questions politiques, comme le respect des principes de la démocratie ou des droits de l’homme.