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UE / Russie

Russes et Européens ouvrent de nouvelles négociations

par François Cardona

Article publié le 25/06/2008 Dernière mise à jour le 27/06/2008 à 01:12 TU

Les dirigeants de l’Union européenne rencontrent pour la première fois, jeudi soir, le président russe Dmitri Medvedev pour renégocier un « partenariat stratégique » vieux de onze ans. La question énergétique sera évidemment au cœur des discussions. Mais les débats risquent d’être pimentés par les conflits dans le Caucase, l’inextricable dossier kosovar ou encore les nombreux contentieux commerciaux entre l’UE et la Russie. De délicates négociations qui vont durer plusieurs mois.

Khanti-Mansiisk, cité pétrolière, également connue pour l'organisation de compétitions internationales de biathlon.(Photo: Wikipédia)

Khanti-Mansiisk, cité pétrolière, également connue pour l'organisation de compétitions internationales de biathlon.
(Photo: Wikipédia)

La réunion de vingt-quatre heures qui débute ce jeudi soir a pour but de renégocier le « partenariat stratégique », signé en 1997 entre Bruxelles et Moscou, et valable dix ans. Obtenu dans un contexte difficile pour la Russie – consécutif à l’effondrement de l’URSS – ce traité avait finalement été prolongé d’un an en 2007.
Les très longues négociations qui débutent ce jeudi devraient donc, en théorie, aboutir sur un nouveau « partenariat stratégique ». Moscou espère conclure les discussions dans un an. Mais les sujets de discorde sont nombreux, et les exigences européennes élevées. A commencer par l’énergie.

« Le Koweit russe »

Le lieu choisi par le Kremlin pour cette première réunion est loin d’être anodin. La rencontre se tiendra à Khanti-Mansiisk, en Sibérie occidentale. Cette ville, surnommée « le Koweit russe », est la capitale d’une très riche région pétrolière.

Portrait d'une ville modèle

«Khanti-Mansiisk n’est pas la Russie, mais une étrange cité modèle que Vladimir Poutine et, à sa suite, Dmitri Medvedev veulent faire passer pour l’avenir du pays».

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26/06/2008 par Thierry Parisot

Les inquiétudes liées à une dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie poussent les Européens à investir dans la production russe, de manière à pouvoir contrôler, en partie, l’approvisionnement. L’UE voudrait donc que Moscou respecte davantage le principe de transparence et de réciprocité. Mais, en échange d’un accroissement des investissements européens en Russie, le Kremlin souhaiterait voir son géant gazier Gazprom se diversifier dans la distribution en Europe.

Des Européens divisés

Cependant, les Européens arrivent divisés à la table des négociations. Certains pays d’Europe de l’Est ont longtemps bloqué l’ouverture de négociations, estimant que la diplomatie russe utilisait l’arme gazière et pétrolière pour faire pression sur eux, par le biais des prix. Dans le même temps, l’Italie et l’Allemagne, pour ne citer qu’eux, tentent de faire cavalier seul et de négocier des accords bilatéraux avec Moscou.

Pour ne rien arranger, plusieurs dossiers en suspens ternissent les relations entre les deux « partenaires ».

Le « conflit » abkhaze

L’Union européenne s’est progressivement immiscée dans les relations entre la Géorgie et la Russie, prenant de fait position sur Tbilissi. Moscou soutient depuis le début des années 90 la petite République séparatiste d’Abkhazie, au grand dam de la Géorgie. L’UE, par la voix de son diplomate en chef, Javier Solana, cherche à jouer les médiateurs, en encourageant une reprise des négociations entre Géorgiens et Abkhazes, sans trop de succès jusqu’à présent.

Le Kosovo, pomme de discorde

Le dossier kosovar reste une pierre d’achoppement dans les relations russo-européennes. Moscou soutient indéfectiblement la position de la Serbie, qui refuse de reconnaître l’indépendance du Kosovo. Or une majorité d’Etats européens ont reconnu formellement le nouvel Etat kosovar, et une mission de l’UE, Eulex, est en préparation, pour aider les nouvelles institutions de Pristina à gérer l’indépendance. Les discussions sur ce sujet sont  donc au point mort. Et ne semble pas sur le point d’être débloquées.

Les contentieux commerciaux

Enfin, de petits conflits commerciaux opposent les Européens à Moscou, et tendent à ralentir l’adhésion de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Dernier contentieux en date : l’interdiction d’importation par Moscou de certaines viandes européennes traitées aux antibiotiques.

Les discussions, qui vont durer de longs mois, seront donc pour le moins laborieuses.