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Zimbabwe

Second tour de l'élection présidentielle malgré les pressions internationales

par  RFI

Article publié le 26/06/2008 Dernière mise à jour le 27/06/2008 à 12:03 TU

Les électeurs zimbabwéens votent ce vendredi. Les bureaux de vote ouvrent à 7 heures locales (05H00 TU). Robert Mugabe, 84 ans, au pouvoir depuis 1980, a maintenu les opérations électorales pour le deuxième tour des présidentielles, malgré le désistement du principal opposant Morgan Tsvangirai, dimanche dernier, et malgré les pressions de la communauté internationale qui demanda au président zimbabwéen de reporter le vote. La dernière est celle du Nigeria qui exhorte le pouvoir zimbabwéen à reporter le scrutin. Le numéro deux de l'opposition, Tendai Biti, inculpé de subversion, a été remis en liberté sous caution ce jeudi. Robert Mugabe a annoncé son intention de se rendre à Charm el-Cheikh, la semaine prochaine, lors du sommet de l'Union africaine qui va se tenir en Egypte.

Le président Robert Mugabe s'adresse à ses sympatisants lors d'un meeting à Chitungwiza, le 26 juin 2008.(Photo : Reuters)

Le président Robert Mugabe s'adresse à ses sympatisants lors d'un meeting à Chitungwiza, le 26 juin 2008.
(Photo : Reuters)

Le chef de l'Etat zimbabwéen, qui assure que jamais l'opposition n'arrivera au pouvoir de son vivant, s’est déclaré prêt à négocier, mais seulement après ce second tour de la présidentielle. Au cours de son dernier meeting, le président Mugabe s’est dit certain de remporter la victoire. Il sera seul en lice, même si la Commission électorale nationale a refusé de retirer la candidature de Morgan Tsvangirai, affirmant qu’elle était arrivée trop tard.

Pourtant, la pression est montée de toutes parts pour que ce second tour soit reporté. Ainsi, l’ancien président sud-africain Nelson Mandela, qui parle très rarement, a dénoncé « la tragique défaillance de la direction du Zimbabwe ». Le président des Etats-Unis, Georges Bush, parle d' « imposture » pour ce second tour. Louise Arbour, Haut commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme, considère que ce scrutin est une « perversion de la démocratie ».

L'Union européenne a décidé de soutenir l'appel au report du suffrage, lancé mercredi par la SADC, la Communauté pour le développement de l’Afrique australe. Le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a déclaré, jeudi: « Ce second tour devrait être reporté jusqu’au moment où nous pourrons créer des conditions justes et crédibles. Ce qui me préoccupe c’est d’assurer que la violence et l’intimidation cessent et que la population cesse de souffrir de toute cette crise humanitaire ».  

Le silence de Mbeki

Seul le président sud-africain Thabo Mbeki, fidèle à lui-même, reste muet, en retrait, soutenant implicitement lhHomme fort de Harare. Thabo Mbeki a été l’un des rares dirigeants de l’Afrique australe à ne pas avoir nommément condamné Robert Mugabe. Mais son approche consensuelle, à la frontière de la complicité, est de plus en plus contestée. Nelson Mandela, l’icône planétaire des droits de l’homme, est même sorti de sa retraite pour condamner la faillite du régime Mugabe. Mais Thabo Mbeki partage la vision de l’anticolonialisme du président octogénaire du pays voisin et semble minimiser les souffrances d’un peuple zimbabwéen affamé, agressé, isolé par un tyran devenu revanchard, presque autiste.

Pourtant, pour beaucoup en Afrique du Sud, une sortie de crise autre que militaire ne peut venir que de Pretoria. L’ex-Rhodésie du Sud est totalement dépendante économiquement de la « nation arc-en-ciel ». Et si Mbeki et la sous-région décident d’invalider la victoire de Mugabe, le dirigeant autocrate ne sera plus en position de force pour négocier sa place au sein d’un éventuel gouvernement d’union nationale

Menaces sur les abstentionnistes

Non seulement le vote est maintenu au Zimbabwe, avec un seul candidat, mais les hommes de Mugabe font tout pour amener la population aux urnes. Les jeunes partisans pro-Mugabe vont traquer les éventuels abstentionnistes vendredi: ils leur ont fait savoir qu’ils allaient inspecter les doigts des électeurs et les ont menacés de représailles s’ils n’étaient pas tâchés de l’encre des bureaux de vote, vendredi. Des milices, d’après des témoins, ont persécuté les habitants des townships du sud de la capitale Harare, où l’opposition fait d’habitude de bons scores, les jeunes de la ZANU-PF les ont obligés à réciter des slogans du parti. L’objectif est en effet d’assurer un taux de participation convenable.

Simeon Mawanza

Chercheur à Amnesty International

« Les défenseurs des droits de l'homme sont eux aussi visés par ces violences. Certains ont vu leur maison ou leurs proches attaqués. L'une des tactiques les plus employées pour intimider la population est l'enlèvement... »

écouter 00 min 46 sec

27/06/2008 par Cyril Bensimon

Même si Mugabe, qui a libéré son pays de la dictature raciste d’Ian Smith en 1980, jouit encore d’une certaine aura, parmi une catégorie de la population, même si ses diatribes contre les colons, ses propos et ses politiques protectionnistes ultranationalistes ont encore une résonnance chez certains électeurs, ce sera sans doute insuffisant pour que les Zimbabwéens se rendent en masse aux urnes vendredi pour prendre part à ce scrutin dépourvu de tout enjeu. Mais malgré tout, Robert Mugabe, dont la légitimité est contestée de toutes parts, cherche à transformer en plébiscite ce deuxième tour à candidat unique.

A écouter

La SADC va observer le scrutin qu'elle pourrait invalider

« Mugabe pourrait être pour la première fois désavoué par ses pairs... La décision de la SADC est d'autant plus cruciale que le sommet de l'UA suit immédiatement le scrutin...»

27/06/2008 par Nicolas Champeaux

L'Union africaine, entre condamnations et négociations

« Nombreux parlent de test de crédibilité pour l'UA, mais il y a peu de chances que le 2e tour soit déclaré nul et non avenu, car on négocie en coulisses... Mais le plan de l'Afrique du Sud ne fait pas non plus l'unanimité... »

27/06/2008 par Jean-Karim FALL