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Zimbabwe

Election sous pression

par  RFI

Article publié le 27/06/2008 Dernière mise à jour le 27/06/2008 à 14:28 TU

Le président Robert Mugabe à la sortie du bureau de vote dans un quartier chic d'Harare le 27 juin 2008.(Photo : Reuters)

Le président Robert Mugabe à la sortie du bureau de vote dans un quartier chic d'Harare le 27 juin 2008.
(Photo : Reuters)

Le Zimbabwe aux urnes, malgré tout. Le second tour de l'élection présidentielle est organisé ce vendredi avec un candidat unique, le chef d'Etat sortant Robert Mugabe. Le leader de l'opposition, Morgan Tsvangirai, s'est retiré de la course dimanche dernier, estimant ne pas pouvoir se maintenir en raison des violences et des actes d'intimidation depuis les élections générales du 29 mars. Au premier tour, c'est pourtant bien Tsvangirai qui était arrivé en tête et c'est son camp qui avait remporté les législatives. Robert Mugabe, 84 ans dont 28 à la tête du pouvoir, est resté sourd aux appels au report du scrutin qui se sont multipliés. « Le processus électoral ne doit être dicté par personne, même pas par l'Union africaine », a lancé Mugabe à la veille du vote. Le chef de l'opposition parle ce matin d'un « jour d'humiliation et de honte » pour son pays.

Le second tour de la présidentielle au Zimbabwe se déroule dans un climat de terreur, après des semaines de violences politiques. Le pouvoir a fait comprendre à la population, qu'elle avait tout intérêt à participer a ce second tour de la présidentielle, sans quoi elle s'exposerait à des représailles. D’après plusieurs témoins, les rues de la capitale Harare, glaciales en cet hiver austral, sont vides. Dans certains bureaux de vote, lors du premier tour, le 29 mars dernier, on avait vu de longues files d’attente se former plusieurs heures avant leur ouverture. Ces mêmes bureaux étaient vides ce vendredi matin. Le président Robert Mugabe pourtant a souhaité que la participation soit importante pour que ce deuxième tour ait valeur de plébiscite.

Il est à craindre que les jeunes milices pro-Mugabe forcent les électeurs à voter. Ils ont le moyen de le vérifier car ils leur ont demandé de noter le numéro de série de leurs bulletins. De plus, les abstentionnistes seront facilement identifiables car leurs doigts ne seront pas tachés de l’encre indélébile apposée dans les bureaux. Ils ne sont pas encore passés à l’action, mais des groupes de jeunes militants pro-Mugabe ont été signalés patrouillant dans les rues.

Dans une lettre ouverte, publiée vendredi matin, Morgan Tsvangirai supplie les Zimbabwéens d’obtempérer. « Ne risquez pas vos vies » demande le leader de l’opposition à plusieurs reprises, mais il appelle les électeurs qui le peuvent à bouder les urnes. « On se souviendra de ce 27 juin comme d’un jour tragique de notre histoire nationale », écrit par ailleurs Morgan Tsvangirai qui ajoute que le scrutin n’allait en rien être le reflet de la volonté populaire mais, au contraire, le reflet de la peur du peuple zimbabwéen.

Mugabe est resté sourd aux appels

Le président sortant Robert Mugabe a ignoré tous les appels à reporter le scrutin qui ont été nombreux, partout dans le monde et notamment en Afrique. Mugabe estime que seuls les Zimbabwéens, en souverains, peuvent décider d’annuler une élection. Il a indiqué jeudi qu’il était confiant, qu’il pensait décrocher un nouveau mandat pour diriger le pays, parce qu’il y a des bulletins Tsvangirai dans les bureaux de vote.

Les autorités n’ont pas validé le forfait de Tsvangirai car elles estiment que son retrait est intervenu trop tard. « Si nous l’emportons nous ne serons pas arrogants » a toutefois déclaré Mugabe qui a proposé au MDC de s’asseoir et de négocier. « Ce sera au MDC d’accepter ou de refuser », a-t-il ajouté. Mais Morgan Tsvangirai a déjà indiqué qu’il n’accepterait pas de rencontrer Mugabe après l’élection : « Je ne parlerai pas à un président illégitime ». 

La Commission européenne a estimé, ce vendredi, que le second tour de l’élection présidentielle au Zimbabwe est une « imposture ». Le groupe G8 des plus grands pays industrialisés affirme qu'il ne reconnaîtra pas les résultats. La SADC, la communauté des Etats d'Afrique australe, qui a appelé mercredi au report du scrutin, pourrait même envisager d'invalider l’élection.

La crise au Zimbabwe sera au centre du sommet de l'UA qui débute la semaine prochaine en Egypte, en présence de Robert Mugabe. Mais les Africains sont plutôt divisés sur la question. Si l'Afrique du Sud est favorable à un plan de partage du pouvoir, d'autres Etats, comme la Zambie, le Botswana et la Tanzanie, sont sur une ligne beaucoup plus dure à l'égard de Mugabe. Et le  président sénégalais Abdoulaye Wade, lui, met en garde contre le caractère illégitime du scrutin, un scrutin qui pourrait se retourner contre Mugabe.

Abdoulaye Wade

Président Sénégalais

« Je voudrais attirer l’attention sur ceci : dans un deuxième tour, ce qui compte c’est la majorité relative. Mais, on peut imaginer aussi que Mugabe obtienne un record en dessous du record qu’avait obtenu Tsvangirai au premier tour. »

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