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Belgique

Bataille linguistique: la Flandre veut imposer le néerlandais

par Julie Lerat

Article publié le 27/06/2008 Dernière mise à jour le 27/06/2008 à 21:31 TU

Plus de la moitié des Belges vivent en Flandre, mais dans certaines régions, par exemple aux abords de Bruxelles, les Flamands se sentent agressés par l’installation massive francophone, belge et étrangère. Ils essaient de s'en défendre. Les Wallons dénoncent à leur tour des mesures qu'ils estiment discriminatoires.

 

Yves Leterme, Premier ministre belge, lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le 27 juin 2008.(Photo : Reuters)

Yves Leterme, Premier ministre belge, lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le 27 juin 2008.
(Photo : Reuters)

Il y a d’abord eu l’affaire d’Overijse. Dans cette ville de la banlieue de Bruxelles, les habitants sont désormais invités à dénoncer les commerces qui affichent des publicités dans une autre langue que le flamand. Un véritable bureau des plaintes a été créé. Les commerçants repérés en « infraction au statut linguistique » se voient contactés par les services de la mairie qui leur rappellent qu’ils vivent ou exercent dans une région flamande. Au cours des dernières semaines, l’affaire a suscité de nombreuses réactions, dont celle du ministre flamand des Affaires intérieures, Marino Keulen. « Aucune loi n'impose aux indépendants et aux commerçants de mettre des affiches rédigées en néerlandais. La délation est en outre condamnable », a-t-il déclaré.

Parlez-vous flamand ?

Ensuite est survenu l’épisode de Vilvorde. Située elle aussi dans la banlieue de Bruxelles, cette ville de 37 000 habitants a décidé de réserver ses logements sociaux aux seuls couples parlant flamand, preuve à l’appui. Les couples intéressés doivent fournir des documents attestant qu’ils ont poursuivi leurs études en flamand. Si ce n’est pas le cas, la commune a prévu de mettre en place un test linguistique. « Il est normal que nos citoyens qui souhaitent s’établir à Vilvorde aient une connaissance au moins passive et élémentaire du néerlandais », a justifié le maire de la commune, le chrétien-démocrate flamand Marc Van Asch.

Enfin a ressurgi le cas de la ville de Grammont, en Flandre orientale. Là-bas, depuis un an, les habitants ne peuvent recevoir le revenu minimum d’insertion qu’à la condition d’être néerlandophone, ou de vouloir le devenir. Cette aide sociale a été allouée, au départ, à tous les habitants, mais les non-néerlandophones devront faire la preuve, d’ici peu, qu’ils ont fait des progrès dans leur apprentissage de la langue pour continuer à toucher le revenu minimum d’insertion.

Réactions politiques mitigées

Le 26 juin, devant le Parlement, le Premier ministre Yves Leterme a réagi à ces décisions en déclarant: « la communauté flamande doit faire en sorte que les mesures qui sont prises sur son territoire et qui visent une meilleure intégration et une bonne cohabitation soient moins perçues par l’autre communauté comme des tracasseries ou des mesures d’exclusion ». De la part d’un dirigeant considéré par les francophones comme le champion des revendications flamandes, la remarque mérite d’être relevée. 

Mais le propos reste nuancé quand, du côté francophone, beaucoup parlent « d’appel à la délation » ou de « discrimination flagrante ». Yves Leterme a demandé aux francophones de ne « pas toujours considérer » que les décisions des flamands sont prises à leur encontre. Malgré les nombreux débats qu’ont suscités ces mesures, seuls les Verts flamands du parti Groen ont fait des propositions concrètes pour éviter l’escalade, en demandant la suppression des critères linguistiques du code du logement flamand.