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Zimbabwe

Mugabe prête serment et tend la main à une opposition méfiante

Article publié le 29/06/2008 Dernière mise à jour le 30/06/2008 à 00:42 TU

Alors que le Conseil paix et sécurité de l'Union africaine a renvoyé le dossier Zimbabwe aux chefs d'Etats, Robert Mugabe, investi dimanche président pour un 6ème mandat, a appelé l'opposition au dialogue et à des négociations rapides. Le MDC de Morgan Tsvangerai estime difficile de faire confiance à cette proposition.
Robert Mugabe a été réélu pour cinq ans à la présidence du Zimbabwe, le 29 juin 2008 à Harare.(Photo : AFP)

Robert Mugabe a été réélu pour cinq ans à la présidence du Zimbabwe, le 29 juin 2008 à Harare.
(Photo : AFP)

Avec notre correspondant dans la région, Nicolas Champeaux

« J’espère que tôt ou tard, nous allons nous retrouver et mettre de côté nos différences pour identifier ce qui nous rassemble », a déclaré, sage et humble, l’homme que la commission électorale a déclaré président du Zimbabwe.

Mais Morgan Tsvangirai semble douter de la sincérité de Robert Mugabe. Il a déclaré que « son élection était une blague absolue » et a décliné l’invitation de son rival qui l’avait convié à assister à sa cérémonie d’investiture.

Les médias internationaux, à de rares exceptions près, n’ont pas pu se rendre à la cérémonie : ils n’ont pas le droit de mettre les pieds au Zimbabwe.

En revanche, un caricaturiste sud-africain inspiré a proposé sa vision de la cérémonie : dans un dessin paru dans la presse ce dimanche on voit Mugabe victorieux, sur la première marche d’un podium, une kalachnikov dans une main, une massue dans l’autre. Deux corps allongés occupent les deuxième et troisième marches du podium, entouré d’une montagne de cadavres. Des vautours occupent le ciel et deux hommes en costumes, probablement des observateurs de la Sadec, regardent Mugabe à la jumelle. Le caricaturiste, un soupçon cynique, leur fait dire : « Nous réservons notre jugement sur la régularité des élections ».

Sur ce sujet, nul doute que le score de Robert Mugabe (90.2% des suffrages) ne signifie pas grand-chose, puisque Morgan Tsvangirai, même si son nom avait été maintenu sur les bulletins de vote, s’était retiré de la course.

Quant à la participation, selon les chiffres officiels, elle avoisine 43%, le même niveau qu’au premier tour. Et pourtant, selon les observateurs, les électeurs ont largement boudé les urnes vendredi, ce qui n’avait pas été le cas, le 29 mars.

Une curiosité qui peut s'expliquer par le fait que le MDC n’avait pas dépêché d’agents électoraux pour le décompte du deuxième tour, ouvrant la voie à diverses manipulations.

On relèvera également la célérité dont a fait preuve la commission : moins de 48 heures pour proclamer les résultats. Une performance si l’on compare avec les cinq semaines du premier tour.

Personne n'oubliera la campagne d’intimidation qui avait précédé le scrutin. Elle a fait selon l’ex-candidat Tsvangirai, 80 tués dans ses rangs, 200 000 déplacés, 20 000 blessés.

Autant de pratiques qui ont permis à Mugabe de prolonger son règne au Zimbabwe. « Un pays, dit l’opposition MDC, en pilotage automatique vers le gouffre et la folie ».

Reste à savoir si les dirigeants du continent ou d'ailleurs, réussiront à appuyer sur le bouton « stop ». L'Union africaine se penche sur le sujet depuis plusieurs jours et y consacre ce dimanche soir une réunion de son Conseil de paix et de sécurité, organe de prévention des conflits.