par RFI
Article publié le 30/06/2008 Dernière mise à jour le 30/06/2008 à 05:24 TU
L'hôtel de Masseran, dans le VIIe arrondissement de Paris, se compose de 3 000 mètres carrés richement meublés.
(Photo : Gazette Drouot.com)
C'est sur décision du président Laurent Gbagbo que s'est tenue hier la vente aux enchères du mobilier et des tableaux de l'ancienne résidence parisienne de Félix Houphouët-Boigny, président de 1958 à 1993. La République de Côte d'Ivoire, nouvelle propriétaire de l'hôtel Masseran, vendait son contenu pour financer la restauration de ce magnifique batiment du XVIIIe siècle, situé dans le cossu VIIe arrondissement de Paris.
Des meubles estampillés des plus grands maitres, des béliers en or massif aux yeux en émeraude, des tentures de soie ayant appartenu à Marie-Antoinette... Les prix se sont envolés dans cette salle des ventes de Fontainebleau, avec par exemple plus d'1,5 million d'euros pour un Renoir, ou 485 000 euros pour un canapé et six fauteuils Louis XVI. Cent lots constituaient le mobilier de l'hôtel Masseran, le pied-à-terre parisien de 3 000 m² de l'ancien président.
Seule ombre au tableau, le litige juridique qui oppose Hélène Houphouët-Boigny, fille adoptive de l'ancien président, à l'Etat ivoirien. Sur son blog, l'héritière parle de grand vol organisé : elle estime que certains de ces biens lui appartiennent, et demande un dédommagement.
L'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France tente de calmer le jeu : « Que notre soeur se calme, Félix Houphouët-Boigny est mort, l'Etat est son héritier... », déclare Aimé Pierre Kipré. Mais cette querelle expliquerait pour certains que de grandes maisons comme Christie n'aient pas osé organiser cette vente. Pour le commissaire-priseur Jean-Pierre Osenat, cette théorie ne tient pas la route : « La Côte d'Ivoire signe un contrat avec un commissaire-priseur pour une vente publique.. Ils auraient très bien pu vendre en catimini à un marchand s'ils avaient l'impression que ce mobilier n'était pas le leur ! Et le commissaire priseur enfonce le clou : Qu'on ne me dise pas que la fille d'Houphouët-Boigny revendique cette vente, c'est n'importe quoi ! »
En attendant, le produit de la journée, 7,5 millions d'euros, sera utilisé par la Côte d'Ivoire pour rénover l'Hôtel Masseran, actuellement très dégradé, mais qui, une fois restauré, pourrait redevenir le lieu de villégiature français des présidents ivoiriens, dont l'actuel, Laurent Gbagbo.