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Syrie/France

Interview de Walid Mouallem, chef de la diplomatie syrienne,

Article publié le 05/07/2008 Dernière mise à jour le 05/07/2008 à 06:07 TU

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, est à Paris pour préparer la visite du Président Bachar al-Assad au sommet de l’Union pour la méditerranée, le 13 juillet. Lors d’une conférence de presse il a expliqué pourquoi la Syrie voulait améliorer ses relations avec la France, relations jusqu’ici très fraîches. Nicolas Sarkozy, de son côté a fait savoir qu'il demanderait au président syrien de faire pression pour la libération du soldat franco-israélien Shalit.

Walid Mouallem, ministre syrien des Affaires étrangères au micro d'un journaliste de RFI.(Photo : AFP)

Walid Mouallem, ministre syrien des Affaires étrangères au micro d'un journaliste de RFI.
(Photo : AFP)

Interview de Mehdi Benchellah

Walid Mouallem s’est livré à un exercice de communication inhabituel pour un régime plutôt fermé et méfiant à l’égard des médias. Le ministre explique que la Syrie a toujours souhaité entretenir de bonnes relations avec la France :

« Premièrement, nos relations ont des bases historiques, humanitaires et culturelles. Deuxièmement, la France, depuis le Général De Gaulle, est très proche de notre cause au Moyen Orient, c’est pourquoi elle mérite de jouer un rôle efficace dans les dossiers de la région, particulièrement quand la France cherche à trouver des solutions pacifiques à ces problèmes.
Troisièmement, nous voulons bénéficier de la technologie avancée de la France dans les sciences en particulier. Nous voulons que la France participe à notre programme de réformes.
C’est vrai que les relations entre nos pays étaient froides, mais maintenant nous sommes en été et nous espérons les réchauffer ».

Walid Mouallem a participé aux négociations entre la Syrie et Israël, de 1991 jusqu’à leur interruption, en  2000. Il rend compte de la reprise des pourparlers indirects entre les deux pays par l’intermédiaire de la Turquie, depuis avril 2007, en vue d’arriver à un accord de paix :

« Cette première étape est celle des pourparlers indirects par l’intermédiaire de la Turquie. Lorsque nous aurons le sentiment que nous avons une base de négociations communes avec les Israéliens concernant tous les éléments d’un accord de paix, alors nous nous entendrons sur le lieu où se dérouleront les pourparlers directs.
Parce que les pourparlers directs nécessitent l’implication et le parrainage actif des Américains, pour avoir des garanties nous avons besoin d’avoir aussi le rôle actif des Européens, peut-être représentés par la France.
Mais nous avons lancé ces premières discussions indirectes après avoir reçu l’assurance du Premier ministre turc qu’Israël était prêt à se retirer du plateau du Golan avant les pourparlers.
Ces négociations se réfèrent aux termes de la conférence de Madrid, c’est-à-dire les résolutions 242 et 338 des Nations unies, qui sont basées sur le principe de la terre contre la paix. Cette terre est la nôtre, c’est une terre syrienne occupée, elle n’est pas négociable, chaque centimètre carré doit être récupéré ».

Interrogé sur le Tribunal international chargé de juger les assassins de l’ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, Walid Mouallem a réfuté une quelconque implication de la Syrie. Un rapport des Nations unies a pourtant pointé l’implication de responsables des services de renseignements libanais et syriens  dans cet assassinat.

« Nous sommes innocents, nous n’avons pas peur de ce tribunal. Nous, en Syrie, nous avons intérêt à découvrir qui a commis ce crime et qu’il soit jugé. Malheureusement, dans le passé, toute cette histoire d’ enquête internationale a été utilisée à des fins politiques, et ce depuis le début.

Je pense qu’à présent de nombreux pays découvrent qu’il est largement préférable que ce tribunal travaille à résoudre une affaire criminelle et qu’il ne vaut mieux pas l’utiliser comme un instrument politique ».

Cette conférence de presse a été organisée pour préparer l’arrivée du président Bachar  al-Assad à Paris, le 13 juillet, où il doit participer au sommet de l’Union pour la Méditerranée. Elle confirme la volonté de la Syrie de normaliser ses relations avec la France et d’engager ainsi son retour dans le giron international.