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Moyen-Orient

Remplacement stratégique dans l’armée américaine

par Sébastien Farcis

Article publié le 11/07/2008 Dernière mise à jour le 11/07/2008 à 20:49 TU

Nouvelle direction au commandement des forces américaines au Moyen-Orient : le général David Petraeus remplace l’amiral William Fallon, qui a démissionné en avril dernier après avoir critiqué la politique militaire américaine.

Le général David Petraeus, commandant en chef des armées en Irak s'exprime durant la cérémonie du 4 juillet à Bagdad.  (Photo : Reuters/Erik de Castro)

Le général David Petraeus, commandant en chef des armées en Irak s'exprime durant la cérémonie du 4 juillet à Bagdad.
(Photo : Reuters/Erik de Castro)

C’est un connaisseur du terrain irakien qui arrive à la tête de cette région militaire stratégique, appelée le Commandement central du Moyen-Orient (lien http://www.centcom.mil/index.php?lang=en ), qui regroupe toutes les opérations de l’Egypte au Kazakhstan, incluant donc l’Afghanistan et l’Irak. Le général David Petraeus a participé à ce conflit dès le premier jour, lors de l’invasion de 2003. Il était alors à la tête de la 101e division aéroportée, qui a eu la tâche ardue de tenir le front de la partie nord de l’Irak, incluant la ville de Mossoul. Il a ensuite été chargé de former une nouvelle armée irakienne et de rédiger les lignes directrices de la stratégie anti-terroriste dans le pays.

En janvier 2007, cet ancien élève de l’école militaire de West Point a pris la tête de toutes les opérations militaires en Irak, avant d’être nommé en avril dernier à la tête du commandement central du Moyen-Orient par le président George Bush. Le Sénat a massivement confirmé cette nomination, par 95 votes contre 2, ainsi que celle de son remplaçant à Bagdad, le lieutenant général Raymond Odierno, auparavant adjoint de David Petraeus.

Le président George Bush cherchait à placer un dirigeant militaire de confiance, après la défection de son prédécesseur. L’amiral William Fallon avait ouvertement critiqué la politique américaine dans la région, en dénonçant l’obsession de l’administration concernant le risque nucléaire iranien. Il se serait également prononcé pour un retrait progressif des troupes américaines d’Irak, en contradiction avec la politique étrangère du président. Quelques jours après la révélation d’une interview révélant ces divergences, l’Amiral Fallon a démissionné, fin mars.

Promouvoir le développement pour atteindre la paix

Sur ces deux points, le nouveau commandant des opérations au Moyen-Orient a une vision bien différente, et beaucoup plus proche de celle de l’administration. Dans son rapport sur la situation régionale rendu en fin d’année dernière, le général Petraeus a affirmé que l’Iran essayait de créer en Irak une force rebelle similaire au Hezbollah au Liban. Une accusation d’ingérence qui peut mener, comme le cherche George Bush, à renforcer les sanctions des Nations unies contre l’Iran. Concernant la situation militaire proprement dite, David Petraeus s’est clairement prononcé contre un retrait d’Irak, même progressif, s’alignant ainsi sur la position des Républicains.

La stratégie menée en Irak par ce général de 55 ans s’inspirait jusqu’à présent des techniques militaires modernes, selon lesquelles il est essentiel de « gagner le cœur et l’esprit » d’une population touchée par un conflit. Cela prend habituellement la forme d’une assistance humanitaire et médicale. « Les Irakiens sont l’enjeu décisif », a ainsi affirmé le général Petraeus en juin dernier, précisant qu’il importait que les troupes américaines « vivent parmi la population », et que le gouvernement « utilise l’argent comme une arme ».

Promouvoir le développement pour atteindre la paix : le nouveau commandant américain pour le Moyen-Orient a l’intention d’étendre cette stratégie à toute la région. En Irak, cependant, la paix est incertaine, et la sécurité de la population, sans même parler de développement, extrêmement précaire. Selon les agences de l’Organisation des Nations unies, 5 millions d’Irakiens ont été déplacés par la guerre en Irak, et les retours sont rares.