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Aéronautique

Le pétrole cher s’invite au Salon de Farnborough

par Mounia Daoudi

Article publié le 14/07/2008 Dernière mise à jour le 14/07/2008 à 17:14 TU

Le salon aéronautique de Farnborough, dans la banlieue de Londres, a ouvert ses portes lundi matin dans un contexte économique marqué par la flambée des prix du brut. Une situation qui devrait peser sur les carnets de commandes des constructeurs mais qui ne devrait pas avoir d’incidence sur le combat de titans que se livrent traditionnellement les deux géants du secteur, l’Américain Boeing et l’Européen Airbus. Le Canadien Bombardier, troisième avionneur mondial, pourrait toutefois leur ravir la vedette cette année avec sa gamme d’avions « verts », moins polluants et moins énergivores.
Le salon de l'aéronautique de Farnborough, près de Londres, durera jusqu'au dimanche 20 juillet.(Photo : Reuters)

Le salon de l'aéronautique de Farnborough, près de Londres, durera jusqu'au dimanche 20 juillet.
(Photo : Reuters)

Le reflux lundi matin des cours du pétrole, en baisse de 1,19 dollar à Londres, ne devrait pas changer la donne au Salon de Farnborough. Depuis les attentats du 11-Septembre en effet, les perspectives n’ont jamais été aussi sombres pour le secteur aéronautique. Les avionneurs doivent faire face à un double problème : la flambée des prix de l’or noir qui menace la survie de nombreuses compagnies aériennes et la réduction des budgets militaires qui devrait frapper plusieurs entreprises de défense.

Au cours des douze derniers mois, les cours du brut ont en effet plus que doublés. Le poste kérosène qui se taille la part du lion dans les dépenses des transporteurs, a conduit à la faillite de plusieurs compagnies aériennes à bas coût. Et même des transporteurs bien établis comme American Airlines, Air France ou Lufthansa, ont choisi de sacrifier certains vols long-courriers pour économiser du kérosène, quitte à perdre du chiffre d’affaires. Sur le volet militaire, les Européens qui envisageaient de mettre un pied aux Etats-Unis, premier marché de la défense du monde, risquent de déchanter puisque l’idée d’une diminution des budgets du Pentagone semble désormais bien assise.

Ces inquiétudes, pourtant bien réelles, sont toutefois minimisées par de nombreux analystes qui estiment que l’aviation civile a encore de beaux jours devant elle. Les compagnies du Golfe, qui sont de gros clients des salons aéronautiques, devraient cette année encore porter le marché. Le transport aérien dans cette riche région pétrolière est en effet en pleine croissance et les pays investissent massivement dans les aéroports et les flottes aériennes. Autre grosse commande attendue, celle du plus grand loueur d’avions du monde, l’Américain ILFC. Car si les transporteurs n’ont pas les moyens d’acheter d’appareils, la location d’avions peut-être une solution, notamment pour certaines compagnies américaines, dont les flottes sont souvent obsolètes.

L’outsider Bombardier

Au salon de Farnborough, le duel qui oppose traditionnellement Airbus et Boeing devrait donc être cette année encore animé, même si le record de 600 commandes cumulées enregistrées en 2006 au salon du Bourget a bien peu de chances d’être atteint. Les deux constructeurs rivaux vont s’affronter sur trois dossiers majeurs : le remplacement des flottes d'avions de moyenne capacité - avec le futur B787 pour Boeing et le futur A350 pour Airbus -, un contrat majeur de 179 avions ravitailleurs à l'US Air Force - dont l’appel d’offre accordé initialement à l’avionneur européen vient d’être remis en jeu -, et enfin le conflit porté devant l'Organisation mondiale du commerce au sujet des aides d'Etat. Certes ces affaires ne seront pas réglées au salon de Farnborough, mais elles devraient être largement débattues et commentées.

Les constructeurs devraient également être soumis à de fortes pressions pour construire des appareils plus économes et davantage respectueux de l’environnement. Les deux géants Airbus et Boeing devraient d’ailleurs annoncer à Farnborough leur intention de coopérer ensemble sur ce terrain. Ils ont toutefois un train de retard sur le Canadien Bombardier, numéro 3 du secteur, qui a officiellement présenté hier sa nouvelle gamme d’appareils CSeries, censée le placer directement en concurrence avec les deux géants de l’aéronautique. Le constructeur avait relancé l’an dernier ce programme sur lequel il planche depuis dix ans mais qu’il avait décidé de mettre en veilleuse en mai 2006. Un programme qui intéresse d’ores et déjà la compagnie allemande Lufthansa qui a signé une lettre d’intérêt portant sur 60 appareils, avec une option sur 30 avions.

Cette nouvelle gamme propose des biréacteurs de 110 à 149 places à couloir unique. Grâce à un nouveau moteur et de nouveaux matériaux composites, ces avions vont émettre jusqu'à 20% de CO2 de moins et économiser jusqu'à 20% de carburant. Et selon Bombardier, ils vont permettre de réduire jusqu'à 15% les coûts d'exploitation des compagnies en comparaison à des avions de taille similaire. Le prix de base du CSeries sera de 46,7 millions de dollars. Avec cette nouvelle gamme d’appareils, le constructeur canadien assure qu’il est en mesure de remporter la moitié du marché de ce type d’avions, estimé par le groupe à 6 300 appareils et représentant 250 milliards de dollars d'ici à 20 ans. Une concurrence sérieuse pour Airbus et Boeing qui jusqu’à présent dominaient ce créneau.