Les dates-clés de la construction de l'Europe des 27.
9 mai 1950 : la Déclaration Schuman
Dans une déclaration, le ministre français des Affaires étrangères Robert Schuman, partisan de la réconciliation franco-allemande, propose de «
placer l'ensemble de la production franco-allemande de charbon et d'acier sous une haute autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d'Europe. »
En mutualisant les ressources nécessaires à l’armement et à l'industrie, le plan Schuman vise à empêcher une nouvelle guerre entre la France et l’Allemagne et à préparer «
l'établissement d'une communauté économique » des pays européens qui le souhaitent.
Déclaration de Robert Schuman
Ministre des Affaires étrangères
« L'Europe ne se fera pas d'un coup ni dans une construction d'ensemble, elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait. »
18 avril 1951 : la Communauté européenne du charbon et de l'acierLe traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), qui réunit l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas, est signé à Paris. Il crée les premières institutions supranationales du continent européen, en particulier la Haute Autorité.
Jean Monnet
Président de la Haute autorité
« Depuis ce matin, nous tous, Allemands, Belges, Français, Hollandais, Italiens et Luxembourgeois devenons Européens. »
30 août 1954 : la France rejette la Communauté européenne de défense
La Communauté européenne de défense (CED), proposée par le président du Conseil français René Pleven sur une idée de Jean Monnet, vise à créer une armée européenne sous commandement supranational, sur le modèle de la CECA. Le traité instituant la CED est signé en mai 1952. L'idée d'un réarmement allemand, moins de dix ans après la guerre, divise la classe politique et l'opinion françaises. Le 30 août 1954, l'Assemblée nationale vote majoritairement contre la ratification du traité et met fin au projet.
25 mars 1957 : le traité de Rome
Les six membres de la CECA signent à Rome le traité donnant naissance à la Communauté économique européenne (CEE). Le traité, qui fixe comme objectifs la coopération politique et le développement économique des Etats membres, prévoit une libéralisation progressive des échanges commerciaux au sein d'un marché commun, une union douanière ainsi que la libre circulation des personnes, des services et des capitaux. Il organise également l'élaboration de politiques communes dans les domaines du commerce, de la concurrence, du transport et de l'agriculture. Sur le plan institutionnel, il instaure la Commission européenne, organe exécutif indépendant qui dispose d'un droit d'initiative, et le Parlement européen, dont le pouvoir est alors consultatif. L'essentiel des compétences de décision relève du Conseil des ministres, composé de représentants des gouvernements. Les Six signent le même jour un second traité qui crée la Communauté européenne de l'énergie atomique (CEEA ou Euratom) afin de développer une industrie nucléaire européenne. Les deux traités entrent en vigueur le 14 janvier 1958.
Signature du Traité de Rome : déclarations de Paul-Henri Spaak et de Christian Pineau
Paul-Henri Spaak, ministre belge des Affaires étrangères : « Et voici maintenant que nous achevons la première étape de notre oeuvre, celle de la décision. »
Christian Pineau, ministre français des Affaires étrangères : « L'œuvre dont nous franchissons aujourd'hui la deuxième étape [...] n'aura point pour effet la création, comme certains nous le reprochent, d'une petite Europe isolée, mais sera l'ébauche de la grande Europe. »
1962 : la Politique agricole commune
La Politique agricole commune (PAC) organise le marché commun agricole. Elle est fondée sur des prix intérieurs élevés, garantis par Bruxelles, une protection aux frontières et la préférence communautaire, la PAC vise à rendre l'Europe autosuffisante sur le plan alimentaire.
1er juillet 1965 : crise de la "chaise vide" entre la France et l'Europe
Paris rejette le plan de financement de la politique agricole proposé par la Commission, et rappelle son représentant permanent à Bruxelles. La France refuse pendant sept mois de siéger dans les instances communautaires, pratiquant la "politique de la chaise vide". Le général de Gaulle s'oppose également à l'abandon, prévu le 1er janvier 1966, de la règle de l'unanimité au sein du Conseil, qui préservait de fait à la France un droit de veto. Le 29 janvier 1966, il obtient par le "compromis de Luxembourg" que la règle de la majorité ne soit pas appliquée lorsque "des intérêts très importants d'un ou plusieurs partenaires sont en jeu".
Général Charles de Gaulle
« On peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant : l'Europe, l'Europe ! mais ça n'aboutit à rien. »
27 septembre 1972 : la Norvège rejette l'adhésion à la CEE par référendum
Les Norvégiens rejettent à 53,9% l'adhésion de leur pays à la Communauté économique européenne (CEE) négociée par le gouvernement. Indépendante depuis 1905, la Norvège est très attachée à son identité nationale et à sa souveraineté. Prospère grâce notamment aux hydrocarbures et à la pêche, elle a en outre des intérêts économiques différents des autres pays européens.
1er janvier 1973 : premier élargissement
La CEE compte désormais neuf Etats membres avec l'adhésion du Danemark, de l’Irlande et du Royaume-Uni.
7-10 juin 1979 : élection du Parlement européen au suffrage universel
C'est la première fois que les députés européens, au nombre de 410, sont élus au suffrage universel, les Etats désignant jusqu'alors des représentants à Strasbourg. Ces élections européennes, organisées le même jour dans les neuf pays de la Communauté, doivent ensuite se dérouler tous les cinq ans. En juillet, Simone Veil est élue présidente du Parlement européen, aux pouvoirs encore faibles.
30 novembre 1979 : le rabais britannique
Le Premier ministre britannique Margaret Thatcher exige un rabais de la contribution de son pays au budget européen, et refuse que le Royaume-Uni paie plus qu'il ne reçoit. Le 30 novembre 1979, elle le fait savoir : « I want my money back ! » lance-t-elle à la tribune du sommet européen de Dublin, où aucun compromis n'a pu être trouvé sur la question. Le 26 juin 1984, lors du sommet de Fontainebleau, Margaret Thatcher obtient finalement une compensation financière substantielle, après cinq ans de crise.
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