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Union européenne

Bruxelles sanctionne la Bulgarie pour corruption et critique la Roumanie

par Oihana  Gabriel

Article publié le 23/07/2008 Dernière mise à jour le 23/07/2008 à 19:54 TU

Bruxelles a sanctionné la Bulgarie pour son manque d’efficacité dans la lutte contre la corruption en gelant le versement de quelque 800 millions d’euros. Un signe fort de la part de la Commission qui a par ailleurs mis en garde la Roumanie, l’autre pays entré en janvier 2007 dans l’Union européenne, mais sans lui infliger de sanctions, pour le laxisme de son système judiciaire à l’égard des hommes politiques. Pour la Commission, il s'agit de montrer qu'elle se préoccupe de l'évolution des derniers pays entrés dans l'Union.
En gelant des fonds destinés à Sofia, L'UE montre ses préoccupations sur l'aide financière apportée à la Bulgarie.(Source: Wikipédia)

En gelant des fonds destinés à Sofia, L'UE montre ses préoccupations sur l'aide financière apportée à la Bulgarie.
(Source: Wikipédia)

Sofia devra accélérer la lutte contre la corruption et le crime organisé. La sanction financière s’élève à 800 millions d’euros. Deux agences gouvernementales chargées de gérer ces fonds devraient aussi perdre leur accréditation.

Dans un rapport, la Commission souligne que même si la Bulgarie «  a fait des pas dans la bonne direction ces six derniers mois », la lutte contre la corruption et le crime organisé en Bulgarie « ne produit pas de résultats ». «Les progrès ont été plus lents et plus limités qu'espéré » depuis l'adhésion de la Bulgarie à l'Union, le 1er janvier 2007.

Selon les analystes, l’exécutif européen voulaient envoyer un message de fermeté aux autres pays des Balkans mais aussi rassurer les électeurs déçus par l’élargissement de l’Union européenne à 27 membres.

Des sanctions financières moins dures que prévu

Les 800 millions d’euros gelés étaient destinés à des projets agricoles et d’infrastructures de transport. En janvier, l’Union européenne avait déjà suspendu des sommes après des révélations de corruption. Le chef d'une agence gouvernementale de travaux routiers avait en effet passé des commandes de centaines de millions d'euros à l'entreprise de son frère. Bruxelles pourra cependant revenir sur cette sanction dès que le gouvernement se montrera plus efficace. En revanche, une partie de l'argent gelé -au moins 220 millions d'euros- sera perdu en novembre si la Bulgarie ne comble pas d'ici là ses lacunes.

Bruxelles a adouci ses menaces à la dernière minute. Dans une version provisoire du rapport, la Commission avait évoqué la possibilité d’une « suspension » des fonds structurels. Elle ne touchera donc pas aux milliards d’euros de ces fonds, même si elle n’exclut pas de suspendre aussi ces aides à l’avenir.

Il n’y aura, de plus, que des sanctions financières et finalement pas de menace de retarder l’entrée de la Bulgarie dans la zone euro et dans l’espace Schengen.

Sofia minimise les critiques

A Sofia, le Premier ministre Serguei Stanichev a minimisé l'importance de ces critiques en les attribuant à « une mauvaise communication ». Mais il a aussi annoncé des mesures d’urgence. « Nous travaillons à un plan d’action qui devrait être prêt d’ici à la fin de la semaine » a expliqué le chef du gouvernement, contre lequel l’opposition parlementaire a demandé un vote de censure.

Les Bulgares se félicitent de cette pression venue de Bruxelles. Pour eux, la corruption touche non seulement les hautes sphères du pouvoir mais aussi leur vie quotidienne. Selon un sondage récent de l’institut Alpha Research, un tiers des Bulgares pense que la corruption s’est accrue ces dernières années. Pour le politologue Petar-Emil Mitev « l’imposition de règles strictes est, aux yeux des Bulgares, l’un des principaux avantages de l’entrée du pays dans l’Union européenne ».

Pour la Roumanie, des critiques mais pas de sanctions

Ce pays, qui a aussi rejoint l’Union européenne en janvier 2007, a fait l’objet de critiques moins sévères et ne sera pas sanctionné. « La Roumanie présente un bilan mitigé », explique le rapport. En effet, les éléments nécessaires au fonctionnement judiciaire sont mis en place mais reposent « sur des bases fragiles ». L’Union européenne s’inquiète notamment de la propension des magistrats roumains à faire traîner les procédures visant les hommes politiques. Le Premier ministre roumain, Calin Tariceanu, a promis que les mises en garde européennes inciteraient son gouvernement à faire mieux.