par RFI
Article publié le 24/07/2008 Dernière mise à jour le 25/07/2008 à 15:21 TU
Les discussions de fond entre les délégations de l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF) et du Mouvement pour le changement démocratique (MNC), ont commencé jeudi matin en Afrique du Sud, deux jours après la date initialement prévue par l’accord-cadre signé, lundi dernier, à Harare entre le président Robert Mugabe et le leader de l’opposition Morgan Tsvangirai. « Des pourparlers complets sont en cours » a indiqué un porte-parole de la présidence sud-africaine qui n’a pas donné des détails sur l’endroit où se tiennent les négociations ni sur les modalités des discussions en cours. Selon les termes de l’accord-cadre, les délégations doivent observer un silence absolu. Toutefois, le quotidien Business Day, publié ce jeudi à Johannesburg, citant des sources proches des discussions, affirme que les deux camps seraient proches d’un accord sur la formation d’un gouvernement d’unité nationale. La Zanu-PF est représentée par les ministres de la Justice et du Travail, Patrick Chinamasa et Nicholas Goche. Ils ont voyagé jusqu’à Pretoria dans le même avion qui transportait le chef de la délégation de l’opposition, Tendai Biti, le numéro deux du MDC.
Tendai Biti (g), numéro deux de l'opposition et Patrick Chinamasa (d), ministre de la Justice, se trouvent en Afrique du Sud pour participer aux négociations en vue d'une sortie de la crise politique zimbabwéenne.
(Photo : AFP)
« Nous finirons dans deux semaines, ou un petit peu après cela », a déclaré Mukoni Ratshitanga, porte-parole du président sud-africain Thabo Mbeki qui ne va pas pouvoir être présent aux discussions car il est parti en France pour participer au sommet Union européenne-Afrique du Sud qui se tient ce vendredi à Bordeaux. Les pourparlers entre le pouvoir et l’opposition zimbabwéens ont été décidés de commun accord lors de la signature du protocole, lundi à Harare, entre le président Mugabe et le leader de l’opposition Tsvangirai sous la médiation du président sud-africain, mandaté par l’Afrique australe, ce qui a été salué comme une avancée à travers le monde. En effet, le président zimbabwéen et son rival se sont serré la main, pour la première fois depuis dix ans, sous les flashes des photographes, après avoir signé ce compromis en vue d'établir un nouvel ordre politique dans le pays et de mettre fin à la grave crise politique qui dure depuis des semaines dans leur pays.
Ce protocole d'accord, qualifié d’« historique », définit le mode opératoire, l’agenda, les participants et les ordres du jour des négociations. Le journal Herald, appartenant à l’Etat, a révélé que le bureau politique de la Zanu-PF a voulu être informé, avant de donner son « feu vert » aux négociateurs qui sont partis en Afrique du Sud. Prudent, le leader de l’opposition, Morgan Tsvangirai, avait souligné, mardi dernier dans une lettre ouverte à ses partisans que ces négociations n'allaient pas forcement se conclure par un succès. « Elles ne peuvent réussir que si l'Etat de droit est restauré, si les gens peuvent conduire leurs affaires en sécurité, et si les médias publics se gardent de tenir des discours haineux », a estimé le chef de l’opposition zimbabwéenne.
Un agenda très chargé
Selon les termes du protocole d’accord, signé sous les auspices du médiateur sud-africain, les parties se sont engagées à dialoguer pour trouver une solution « sincère, viable, permanente et durable » à la crise que connait le Zimbabwe depuis les dernières élections. Lors du premier tour de la présidentielle, qui s’est déroulé le 29 mars dernier, Tsvangirai avait devancé le président sortant, tout en étant obligé de disputer le second tour le 27 juin. Toutefois, le candidat de l’opposition a décidé de se retirer à cause de la vague de violence contre ses partisans et qui aurait fait, selon lui, au moins 120 morts. Robert Mugabe, 84 ans et au pouvoir depuis 1980, a ainsi été réélu pour un sixième mandat.
Selon l’accord-cadre, les parties reconnaissent que le but ultime est la formation d’un gouvernement élargi, ainsi que l’adoption d’une nouvelle Constitution et la création d’un Etat de droit. Les parties signataires condamnent également la violence et appellent à la paix ; elles se sont engagées à ne pas employer un discours de haine.
L’Union européenne renforce ses sanctions
Malgré la signature de l’accord entre le président Robert Mugabe et le chef de l’opposition zimbabwéenne Morgan Tsvangirai, l'Union européenne (UE) a renforcé, comme prévu, ses sanctions contre le régime zimbabwéen. Les ministres européens des Affaires étrangères, réunis mardi à Bruxelles, ont ajouté 37 noms à la liste de 131 Zimbabwéens déjà interdits de séjour dans l'UE et qui verront leurs avoirs gelés. Pour la première fois, les sanctions européennes visent quatre entreprises zimbabwéennes – une coopérative agricole, une société d’édition, une entreprise de défense et un holding financier -, dont les avoirs en Europe seront également bloqués. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a considéré que l’accord d’Harare « c’est mieux que rien ; on espère maintenant que Tsvangirai sera le Premier ministre ». Selon le chef de la diplomatie française, « les sanctions ont joué un rôle, il faut maintenir ce rôle ».