Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Campagne présidentielle américaine

Obama recentre sa campagne sur l'économie

par Michèle Gayral

Article publié le 28/07/2008 Dernière mise à jour le 28/07/2008 à 22:44 TU

Au terme d'une semaine de tournée au Moyen-Orient et en Europe, le candidat démocrate à la Maison Blanche, Barack Obama, renoue avec la campagne électorale aux Etats-Unis. Le favori des sondages semble bien décidé à tourner au moins provisoirement la page étrangère pour se consacrer à ce qui préoccupe les électeurs : l'état inquiétant de l'économie américaine.

Barack Obama lors d'une réunion avec quelques-uns de ses conseillers économiques, à Washington, le 28 juillet 2008.(Photo : Reuters)

Barack Obama lors d'une réunion avec quelques-uns de ses conseillers économiques, à Washington, le 28 juillet 2008.
(Photo : Reuters)


Pour sa rentrée dans l'atmosphère américaine, Barack Obama a l'intention de privilégier les sujets économiques dont il sait qu'ils sont prioritaires dans l'opinion. Il fait donc le point ce lundi avec ses principaux conseillers dans ce domaine, dont l'investisseur milliardaire Warren Buffett, l'ex-secrétaire au Trésor Robert Rubin, l'ancien président de la FED Paul Volcker et le patron de Google Eric Schmidt. Au programme de cette concertation de haut vol : trouver les moyens de conjurer les menaces qui pèsent sur la croissance et sur l'emploi, et élaborer un plan pour faire baisser les prix des carburants.

Encore fallait-il que Barack Obama fasse la transition entre l'intense semaine internationale qu'il vient de vivre, avec son cortège d'événements flatteurs pour le candidat et ce qu'il incarne aux yeux du monde, et celle qui le confronte à nouveau aux dures réalités du moment aux Etats-Unis. Dès son retour à Chicago, le champion du Parti démocrate a donc parlé des bénéfices intérieurs qu'il escomptait d'un rapide retrait d'Irak. « On ne peut pas continuer à dépenser 10 milliards de dollars par mois en Irak alors que nous avons des besoins pressants ici aux Etats-Unis », a lancé le sénateur de l'Illinois, au grand dam de son rival John McCain qui l'accuse de faire de la politique avec la sécurité nationale.

« Il est difficile de prévoir où nous en serons dans six mois »

Le candidat républicain s'obstine en effet à maintenir le débat sur le terrain irakien. Il insiste sur l'incohérence dont ferait preuve Barack Obama, qui se félicite aujourd'hui de l'amélioration de la situation en Irak après s'être opposé l'an dernier à l'augmentation des effectifs militaires (ou « surge »), à l'origine de cette amélioration. Et son porte-parole Tucker Bounds souligne les changements de cap d'Obama qui, selon Newsweek, ne serait plus aussi catégorique sur le délai de seize mois qu'il avait fixé pour le retrait de l'armée américaine. Dans l'interview qu'il vient de donner à l'hebdomadaire, le sénateur de l'Illinois déclare en effet : « Je pense que ça dépendra entièrement des conditions. Il est difficile de prévoir où nous en serons dans six mois, ou dans un an, ou dans un an et demi ».  Mais, a aussi dit Barack Obama dimanche devant des journalistes issus de minorités ethniques rassemblés à Chicago : « Il est probable que passer une semaine sur les questions internationales ne se traduise pas pour moi par de meilleurs sondages ici aux Etats-Unis, parce qu'on peut comprendre que les gens s'inquiètent des retombées immédiates de l'économie. Et c'est de cela que nous allons parler dorénavant ».

Se consacrer à ce qui préoccupe les électeurs

Le favori des sondages semble donc bien décidé à tourner au moins provisoirement la page étrangère, pour se consacrer à ce qui préoccupe les électeurs : leur « incapacité », a-t-il précisé, à acheter de l'essence et de la nourriture, dont les prix grimpent. A plus d'un dollar le litre (ou 4 dollars le gallon) à la pompe aujourd'hui, les coûts énergétiques sont notamment devenus le problème numéro un des Américains, d'après les enquêtes d'opinion. Sur cette question, les deux candidats divergent : John McCain plaide pour la construction de nouvelles centrales nucléaires et l'autorisation de forages le long des côtes américaines, des solutions auxquelles Barack Obama s'oppose. Quant aux conséquences désastreuses de la crise des « subprimes », le Congrès a adopté la semaine dernière d'un plan de sauvetage en faveur de milliers de propriétaires dont la maison est sur le point d'être saisie, parce qu'ils ne peuvent plus payer les remboursements liés à leurs emprunts à risque. Un plan qu'approuve Barack Obama, mais que John McCain juge dispendieux pour les finances publiques.

Il n'empêche : le candidat républicain a mis à profit l'absence de son rival, la semaine dernière, pour occuper le terrain des problèmes quotidiens, en se rendant dans plusieurs Etats aux prises avec de graves difficultés. Or, certains de ces Etats, comme l'Ohio, comptent parmi ceux qui « feront » le 4 novembre prochain l'élection présidentielle, parce qu'au lieu de voter avec constance et régularité pour l'un ou l'autre camp, ils changent d'humeur et sont en conséquence très courtisés. La compassion que leur a manifestée John McCain lui a valu d'y marquer quelques points, semble-t-il. D'où l'empressement de Barack Obama à se pencher désormais de façon quasi-exclusive sur ces questions cruciales. « It's the Economy, stupid ! » (« C'est l'économie, idiot ! »), disait déjà Bill Clinton alors à la conquête de la Maison-Blanche...