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Ossétie du Sud / Abkhazie

A l’origine des conflits, l’éclatement de l’URSS

par Anne Fauquembergue

Article publié le 11/08/2008 Dernière mise à jour le 12/08/2008 à 04:33 TU

Les conflits actuels entre la Géorgie et ses républiques sécessionnistes, l’Ossétie du sud et l’Abkhazie, datent des années 1990. Ils sont l’une des conséquences de l’implosion de l’URSS. Sous l’ère soviétique, ces deux territoires étaient en effet autonomes. Ils ne souhaitent pas que la Géorgie les prive de leur souveraineté. Arrivé au pouvoir en 2004, le président pro-occidental Mikhaïl Saakachvili a pourtant fait du retour de ces deux républiques dans le giron national, une priorité.

L’Ossétie : un peuple, deux territoires

La région de l’Ossétie se compose de deux ensembles de part et d’autre de la chaîne montagneuse du Caucase. L’Ossétie du Nord : territoire de 8 000 km² peuplé par 680 000 habitants et l’Ossétie du Sud dont la superficie est estimée à 3 900 km² et le nombre d’habitants à 70 000.

Au-delà de la barrière géographique que constitue le Caucase, les Ossètes constituent un même peuple, originaire d’Asie centrale et dont la langue est proche du farsi (persan).

En 1922, les Russes, présents dans la région depuis le 18e siècle, créent deux entités politiques distinctes de part et d’autre du Caucase. L’Ossétie du Nord est intégrée à la République de Russie tandis que l’Ossétie du Sud est rattachée à la Géorgie – à l’époque République socialiste soviétique - en tant que région autonome.

Les deux régions séparatistes de la Géorgie : l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.(Carte : RFI)

Les deux régions séparatistes de la Géorgie : l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.
(Carte : RFI)

La situation dégénère dans les années 1990

Alors que l’URSS se désagrège, l’Ossétie du Sud se proclame « République soviétique » en 1991. Elle revendique son autonomie par rapport à Tbilissi. Une série de conflits s’engage jusqu’en 1992 avec la Géorgie ; conflits dont les Ossètes du Sud, soutenus par Moscou, sortent victorieux.

Une force d’interposition tripartite (Ossètes, Géorgiens, Russes) est déployée le long de la frontière entre la Géorgie et l’Ossétie du Sud en juin 1992 mais les tensions se poursuivent.

Les Ossètes du Sud, qui s’autoproclament indépendants en 1994, souhaitent leur rattachement à l’Ossétie du Nord et donc à la fédération de Russie.

La République sécessionniste, qui dispose d’importantes ressources naturelles, est économiquement tournée vers Moscou qui fournit à ses citoyens des passeports russes.

L’Abkhazie : une guerre d’indépendance et des accrochages réguliers avec la Géorgie

Ce territoire de 8 600 km² est situé sur les bords de la mer Noire au nord-ouest de la Géorgie dont il occupe 12% de la superficie. De 1930 à 1992, l’Abkhazie, tout comme l’Ossétie du Sud, est une République autonome au sein de la République soviétique de Géorgie. Puis, le scénario est le même que pour l’Ossétie du Sud. En 1992, L’Abkhazie proclame son indépendance, ce qui provoque une guerre avec la Géorgie. Pendant un an, les combats font rage et entraînent la mort de milliers de personnes ainsi que l’exode de 250 000 Géorgiens vers Tbilissi. La guerre s’achève en 1994 par une victoire des Abkhazes, soutenus par les Russes.

Une mission d’observation des Nations unies ainsi qu’une force d’interposition russe sont déployées dans le pays mais les accrochages entre Tbilissi et la république sécessionniste sont réguliers.

Un regain de tensions depuis l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Saakachvili

Arrivé au pouvoir en 2004, Mikhaïl Saakachvili a fait du retour de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie dans le giron national une priorité.

Le président est encouragé dans cette voie car il a déjà réussi à reprendre la main sur une autre République sécessionniste, l’Adjarie, en 2004.

Pro-occidental, le président géorgien a l’ambition d’assurer son intégrité territoriale avant une éventuelle entrée dans l’Otan. De son côté, Moscou a du mal à supporter qu’un pays ayant fait jadis partie de son empire – la Géorgie – puisse décider par lui-même de ses alliances et de sa politique. La riposte de Moscou à l’offensive de Tbilissi le 8 août dernier peut être considérée comme une démonstration de force de la Russie, qui entend conserver son contrôle sur le Caucase.