Article publié le 11/08/2008 Dernière mise à jour le 12/08/2008 à 04:19 TU
Avec notre envoyée spéciale à Tbilissi, Béatrice Leveillé
La ville est comme anesthésiée. Les petites boutiques sont encore ouvertes, et les gens vont acheter des choses simples, essentielles : des œufs, du beurre, des saucisses, de la bière. Les pharmacies vendent des désinfectants et des pansements qui pourraient être précieux en cas de bombardements.
Les autorités conseillent aux Géorgiens de rester chez eux, et surtout de ne pas quitter la capitale.
En cas d’attaques aériennes, les métros et les cryptes des églises pourraient servir de refuges.Les télévisions fonctionnent sans interruption. Les dernières nouvelles indiquent que la route principale, d’ouest en est, est coupée à Poti ; et à l’est, elle est coupée à Gori.
Les forces militaires géorgiennes sont à l’entrée de Tbilissi pour défendre la ville. La nuit risque d’être longue. Les gens sont tristes, comme abattus. Ils ont beaucoup de mal à croire ce qui leur arrive.
Des troupes russes auraient aussi fait une incursion lundi 11 août dans la ville géorgienne de Zougdidi, proche de la république séparatiste géorgienne d'Abkhazie.
(Carte: RFI)
Avec notre envoyé spécial à Tbilissi, Régis Genté
Il n'aura fallu que deux heures, en fin d'après-midi, pour que les épiceries de quartier soient littéralement vidées. Mais dès le matin, Bazroba, le grand marché central, près du stade du Dynamo, avait été quasi dévalisé, chacun se ruant sur les produits de première nécessité... farine, sucre, huile, pain, etc.
Ce lundi soir, également, soudain les Tbilisiens ont formé de longues files dans les stations essence. Par peur des ruptures de stock, mais aussi pour quitter la capitale de la Géorgie, ou du moins être prêt à le faire en cas de besoin en direction du sud du pays, voire l'Arménie ou l'Azerbaïdjan.
Les rues de Tbilissi, toute la journée de lundi, ont été plutôt vides. Chacun écoute les nouvelles chez soi, préparant éventuellement une petite valise en cas de départ précipité. Chacun est profondément inquiet, attendant la nuit avec une très grande anxiété.
Personne n'exclut de voir les chars russes circuler dans les belles rues de Tbilissi, avec leurs vieux édifices aux balcons de bois sculpté.
Les réseaux de téléphone mobile sont coupés. Pour le reste, tout marche...
Les banques seront fermées mardi, a annoncé à la télévision le Premier ministre, Lado Gurguénidzé, après avoir demandé à chacun de rester calmement chez soi.
Avec notre correspondant à Moscou, Alexandre Billette |
Pour Moscou, l’intervention militaire russe en Géorgie est essentiellement une intervention de maintien de la paix : 9 000 soldats supplémentaires et plus de 300 blindés en Abkhazie, 6 000 soldats en Ossétie du Sud. Avec de tels contingents, la Russie peut asseoir confortablement ses positions sur les deux régions, et évoquer l’intervention géorgienne en Ossétie, pour justifier l’envoi de telles troupes. Les deux dirigeants russes, Medvedev et Poutine, peuvent aussi en profiter pour souffler à leur manière le chaud et le froid : au président Dmitri Medvedev de parler de la catastrophe humanitaire en Ossétie du Sud, suite à l’agression géorgienne ; le président Medvedev qui, par ailleurs, s’est également dit favorable à l’installation d’une mission de l’OSCE (l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) dans la région. De l’autre côté, c’est le Premier ministre Poutine qui, lui, donne la réplique aux dirigeants occidentaux : « C’est du cynisme, selon le Premier ministre Poutine, de présenter les agresseurs en victimes, et vice versa », en faisant référence aux Géorgiens. « Une honte, en parlant des Américains, que nos alliés nous ennuient, plutôt que de nous aider ». Et le Premier ministre russe de conclure que : « Malgré tout, la Russie ira jusqu’au bout en Géorgie, jusqu’au bout de sa mission de paix », selon Vladimir Poutine. |