Article publié le 13/08/2008 Dernière mise à jour le 13/08/2008 à 20:25 TU
Le président français Nicolas Sarkozy (g) et le président géorgien Mikheil Saakachvili (d) à Tbilissi le 12 août.
(Photo : Reuters)
Le plan de paix obtenu par le chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, a été présenté ce 13 août au Conseil extraordinaire des ministres des Affaires étrangères européens à Bruxelles. Les pays européens se sont dits prêts à envoyer des hommes en Géorgie surveiller l'application du plan de paix afin d'éviter l'escalade, mais restent divisés sur les leçons à tirer de l'offensive militaire russe pour leurs relations avec Moscou. Pour les uns, notamment l’Allemagne et l’Italie, il faut éviter de constituer une alliance « anti-Russie », d’autant que l’Europe dépend de la Russie pour ses besoins énergétiques à hauteur de 30%. A l'opposé, la diplomatie britannique condamne l’action russe en Géorgie, rejoignant ainsi les pays baltes, la Lettonie, la Lituanie, et l’Estonie, qui ont également reçu l’appui de la Pologne dans un front anti-russe. Par ailleurs, une autre polémique naît à propos des exactions des différentes armées et déjà la Géorgie a saisi la Cour internationale de justice.
Avec notre correspondant à Bruxelles, Grégoire Lory
Plusieurs pays membres se disent favorables à l’envoi d’une mission de maintien de la paix et l’Union européenne évoque ainsi le déploiement de troupes en Géorgie, mais Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, préfère employer le terme de « contrôleurs » ou de « facilitateurs ». Un vocabulaire moins militaire pour être accepté par la Russie. Pour le ministre français, « il faut avant tout aller sur le terrain. C’est ainsi que l’on doit agir », insiste-t-il.
L’Italie a déjà réagi à cette proposition française. Rome évoque le chiffre d’un millier d’hommes, mais guère plus, car l’armée italienne est déjà engagée dans d’autres missions humanitaires. En revanche, ces propos confirment une nouvelle fois le soutien du gouvernement italien aux efforts français.
Le ministre britannique, David Miliband, souhaite aussi impliquer l’OSCE, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, à cette force de paix. Pour la Finlande, ce serait effectivement une façon de faire participer l’ensemble de la communauté internationale.
La question du statut des territoires séparatistes reste très sensible. La Géorgie refuse de le modifier, contrairement à la Russie qui a encore réclamé ce matin d'y revenir. De l'intégrité territoriale de la Géorgie, Moscou a obtenu hier qu'elle ne soit pas mentionnée dans le texte. Une concession que critiquent vivement la Pologne et les pays Baltes.
Ministre français des Affaires étrangères.
« Nous voulons d'abord une aide humanitaire, une aide à la reconstruction, mais aussi une détermination politique qui doit venir des protagonistes. »
Président géorgien.
« Le monde parle de cessez-le-feu, d’accord, de négociations de paix, et en ce moment même, toutes sortes d'atrocités ont lieu dans mon pays. »
Tbilissi et Moscou prévoient le retrait des troupes, aussi bien russes que géorgiennes, mais sur le terrain les informations sont très contradictoires. Des chars russes sont toujours à Gori et aux alentours. Ils ont tiré sur une caserne géorgienne.
Avec notre correspondant à Tbilissi, Régis Genté
Il semble bien que ces chars ne se sont pas dirigés vers Tbilissi. Cela a été confirmé non seulement de manière officielle à Tbilissi par le pouvoir géorgien, mais également par des sources locales, notamment des « fixeurs » et des journalistes étrangers, correspondants sur place, qui expliquent que finalement ces chars étaient plutôt dans Gori, ou aux alentours, dans sa banlieue.
On a vu des images où l’armée russe tirait sur des bâtiments bleus, qui sont en fait une caserne militaire. Et cela confirme que l’objectif de l’armée russe en Géorgie, c’est de détruire radicalement l’ensemble des infrastructures militaires et policières, pour que la Géorgie ne soit plus capable avant très longtemps, voire à jamais, de pouvoir reprendre et attaquer comme la semaine dernière l’Ossétie du sud ou bien l’Abkhazie, les deux régions séparatistes de Géorgie.
George Bush envoie Condoleezza Rice à Tbilissi
Le président George Bush a fait une déclaration mercredi dans laquelle il apporte son soutien au gouvernement de Géorgie. Il a annoncé qu’il dépêchait la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice à Paris et Tbilissi pour témoigner de la « solidarité » des Etats-Unis à la Géorgie. L'allocution du président américain a été vivement saluée et « reçue ici avec un grand soulagement », a réagi le Premier ministre géorgien, Lado Gourgenidze.
« Je dis clairement que les actions menées en ce moment par la Russie soulèvent de sérieux doutes sur ses intentions en Géorgie et dans la région. »
Sur le même sujet
Ministre finlandais des Affaires étrangères
« La présidence française a bien trouvé un accord entre les Etats membres, et relativement facilement. »
13/08/2008 par Schmidt Heike
Directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
« Je pense que les Européens peuvent avoir la volonté et les moyens de participer à une force de paix, toute la question c'est de trouver la solution politique à ce conflit. »
13/08/2008 par Valérie Lainé