Article publié le 14/08/2008 Dernière mise à jour le 14/08/2008 à 07:33 TU
Avec notre correspondante à Washington, Donaig Ledu
La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a réaffirmé le soutien des Etats-Unis à la Géorgie.
(Photo : Reuters)
C’est un George Bush très solennel qui, au cours d’une brève allocution, prononcée le 13 août, depuis la Maison Blanche, a demandé à Moscou de tenir sa parole et de mettre fin à la crise géorgienne. Un discours aux accents de guerre froide, et une menace très claire à l’encontre de la Russie.
George Bush a exigé le retrait des troupes et l’arrêt immédiat des opérations militaires russes. Le président américain a affirmé être en possession d’informations contredisant les affirmations de Moscou et selon lesquelles le cessez-le-feu est effectivement en vigueur. Une mise en garde suivie d’une menace à peine voilée.
Le « sabotage » de la Russie
Les Russes, a-t-il dit, sont en train de saboter tous les efforts qu’ils menaient depuis plusieurs années pour trouver leur place dans le monde du XXIeme siècle, et nous attendons d’eux désormais qu’ils tiennent leurs promesses.
George Bush, qui avait passé la matinée dans la situation room, la salle de crise de la Maison Blanche, était apparu aux côtés de la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice et du secrétaire à la Défense Robert Gates. Ce dernier a été chargé de superviser une opération d’aide humanitaire à la Géorgie. Condoleezza Rice se rend aujourd'hui en France et à Tbilissi.
« Nous ne sommes plus en 1968 »
La secrétaire d'Etat a, elle aussi, mis en garde la Russie. Nous ne sommes plus en 1968, à l'époque de l’invasion de la Tchécoslovaquie, les choses aujourd’hui ont changé, a martelé le chef de la diplomatie américaine, en réaffirmant le soutien des Etats-Unis à la Géorgie.
Une réponse aux critiques du président Mikheïl Saakachvili, qui intervient plusieurs fois par jour, en direct et dans un anglais parfait, sur les antennes des grandes chaînes de télévision, et qui implore les Américains à venir à son secours.
Ces derniers jours, l’administration américaine avait été raillée par la presse, considérée comme trop peu présente sur le dossier. Condoleezza Rice avait tardé à interrompre ses vacances pour gérer la situation.
Les Vingt-Sept restent divisés
Il fallait parer au plus pressé, repousser la guerre, confirmer la paix. Les Européens s'accordent sur l'idée d'une présence sur le terrain, composée de « facilitateurs », pour reprendre les termes du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, soucieux de ne pas braquer Moscou.
Mais la question des relations entre l'Union européenne et la Russie a été remise à... plus tard. En septembre, lorsque les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept se retrouveront à Avignon, dans le Sud de la France. Une réunion prévue de longue date, mais dont le menu sera bien entendu modifié.
L'avenir du partenariat Russie/Union européenne
Cette question divise. Les Italiens, appuyés par les Belges, refusent de stigmatiser la Russie. Mais la Grande-Bretagne, échaudée par des crises bilatérales à répétition, pose la question de l'avenir du partenariat UE-Russie. Faut-il, ou non, aller de l'avant ? interroge avec insistance David Mililand, ministre des Affaires étrangères.
Enfin, les dirigeants baltes et polonais, qui ont fait le voyage de Tbilissi, en pleine crise, dénoncent, dans un texte commun, l'agression russe, qui « doit avoir des conséquences sur l'avenir des relations entre l'Union et la Russie » Les dirigeants critiques d'ailleurs ouvertement le plan de paix proposé par la France.
Moscou et Tbilissi : Le bras de fer
Après avoir accepté l'accord de cessez-le-feu, le 12 août, Moscou et Tbilissi se menacent mutuellement de poursuites judiciaires. La Géorgie a d'ores et déjà pris l'initiative en déposant une requête devant la Cour internationale de Justice. Elle évoque des actes de discrimination raciale, et de nettoyage ethnique.
Spécialiste du Caucase
« Purification ethnique ? Nettoyage ethnique ? Fuite ? Ces gens sont des réfugiés aujourd’hui. Chacun de son côté éprouve de la haine pour l’autre : c’est ça qui est épouvantable. »
Après le fracas des bombes, les armes du droit |
La Géorgie a déposé plainte, le 12 août, devant la Cour internationale de jJustice (CIJ). Basée à La Haye, aux Pays-Bas, la CIJ est la plus haute instance judiciaire des Nations unies et est chargée de régler les différends entre états.
Dans sa requête, Tbilissi accuse Moscou de nettoyage ethnique, non seulement au cours des jours passés, mais également depuis 1993, autrement dit, depuis que des casques blancs, cette force russe de maintien de la paix, sont déployés dans les deux régions séparatistes, l'Abkhazie et l'Ossétie du sud.
De son coté, Luis Moreno Ocampo, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), une instance chargée de poursuivre les individus suspectés de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre, a affirmé que les Géorgiens ont demandé à rencontrer ses services. La Géorgie a ratifié le traité établissant cette Cour et le procureur a donc la possibilité d'ouvrir une enquête sur les crimes commis sur son territoire.
La Russie entend utiliser les mêmes armes, avec pour objectif de désigner Mikheïl Saakachvili comme un criminel de guerre. A cet effet, Moscou annonce la création d'une unité spéciale chargée de collecter les plaintes des habitants d'Ossétie du sud et d'Abkhazie, dans l'intention d'engager des poursuites pour crimes de guerre, voire pour génocide, selon les propos de responsables locaux. |
Dans le conflit qui oppose la Russie à la Géorgie, Tbilissi accuse Moscou d'être à l'origine de nombreuses cyber-attaques. La plupart du temps, ce sont des attaques dites « de déni de service ». Il s'agit d'inonder les sites internet avec un grand nombre de connexions pour bloquer le système informatique et rendre impossible la navigation sur l'Internet.
« Le site du Parlement, du président, du conseil de la Défense ont été bloqués ou piratés. [...] Il y avait une image d’Aldolf Hitler à la place de Mikhaïl Saakachvili sur le site du président. »