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1977-79 La conquête du Nord, Habré à N’Djamena

par Laurent Correau

Article publié le 18/08/2008 Dernière mise à jour le 18/08/2008 à 15:34 TU

Un combattant et sa famille, en 1978.(Photo : Marie-Laure de Decker, www.marielaurededecker.com )

Un combattant et sa famille, en 1978.
(Photo : Marie-Laure de Decker, www.marielaurededecker.com )

Le décor et les personnages de la tragédie qui va bientôt se jouer au Tchad finissent de se mettre en place entre 1977 et 79. Le CMIAP, l’alliance formée du CCFAN de Goukouni et de l’Armée Volcan, étend tout d’abord son emprise sur le Nord du Tchad. Il conquiert même Faya-Largeau grâce au nouvel équipement fourni par la Libye, et à un coup de pouce de dernière minute de l’armée libyenne : « l’opération gratis ».

Dans Faya-Largeau « libérée », la rébellion convoque une conférence extraordinaire qui vise à resserrer un peu plus les rangs. La 1ère armée rejoint les deux groupes déjà alliés au sein du CMIAP et crée avec eux les FAP, les Forces Armées Populaires. Goukouni Weddeye sera leur président.

Hissène Habré ne fait pas partie de ces discussions : dès septembre 77, il a en effet engagé des pourparlers avec le pouvoir de Félix Malloum. L’accord de Khartoum débouche sur une charte fondamentale et l’entrée de Habré au gouvernement comme Premier ministre.

La cohésion des FAP est de courte durée : deux mois plus tard, un conflit éclate entre le chef d’état-major, Adoum Togoï et son 3e adjoint Ahmat Acyl, qui conduira les combattants à prendre les armes les uns contre les autres. La 1ère armée et l’armée Volcan reprennent leur autonomie d’action

Un nouveau mouvement rebelle fait également son apparition en 1978 sur la scène tchadienne, à partir d’une dissidence du CMIAP. Il prend le nom de « 3e armée », puis de MPLT (Mouvement Populaire pour la Libération du Tchad). C’est un mouvement basé dans la région du Kanem.

( Carte  : Latifa Mouaoued/RFI )

( Carte : Latifa Mouaoued/RFI )

Du 2 au 16 septembre 1977, une délégation des FAN dirigée par Habré mène des pourparlers à Khartoum avec une délégation gouvernementale emmenée par le vice-président tchadien, Djimé Mamari Ngakinar. Les deux équipes finissent par signer l’accord de Khartoum… Comment apprenez-vous l’existence de cet accord de Khartoum et comment y réagissez-vous ?

Nous avons appris les négociations entre le gouvernement tchadien et les FAN par les médias…. Cet accord de dupes visait à contrecarrer la progression du FROLINAT… Puisque c’était au moment où le FROLINAT libérait Faya-Largeau et progressait de l’avant. Certains disent même que le président Giscard d’Estaing a été à la base de cela. Il aurait conseillé à Malloum de se réconcilier avec Abba Sidick et Hissène Habré. Je crois qu’il y a eu tentative de contact au niveau de la RCA, mais ça n’a pas tenu. Finalement, ceux des FAN ont accepté compte-tenu de leur mauvaise situation.

Habré se trouvait à l’époque dans une mauvaise posture. Les combattants de la 1ère armée ne voulaient pas de lui. Il a tout fait pour se rapprocher d’eux, mais ils le considéraient comme un traître à la révolution. Ceux du Nord, du BET étaient tous contre. Au début, il avait l’intention de récupérer les combattants de Mourdi en Ennedi. Mais ceux-là aussi se sont entendus avec nous. C’est pour cela qu’il a accepté de négocier avec N’Djamena. Malloum, devant un danger qui grandissait de jour en jour, cherchait absolument à mettre un nordiste au poste de Premier ministre, a priori un ancien opposant du FROLINAT. Si Hissène devenait Premier ministre, les combattants de Faya allaient peut-être changer de position 1. Il misait sur plusieurs tableaux, je crois.

Pendant ces années 77-79, quand vos hommes vont-ils faire face sur le terrain à leurs anciens camarades de combat ? Y aura-t-il des accrochages entre les FAP et les FAN ?

Non, il n’y a pas eu de combats entre nos combattants.

Pourquoi y a-t-il accalmie sur le front militaire jusque fin janvier 78 ? Est-ce en raison des contacts que vous auriez-eu vous-même avec le pouvoir de N’Djamena ?

L’accalmie sur le front est due au fait que les forces françaises s’étaient positionnées sur la ligne imaginaire du seizième parallèle… nous empêchant de progresser. Sinon, nous n’avions pas de contacts avec le gouvernement pour observer une trêve, puisque à un moment donné après l’accord de Sebha-Benghazi il y a eu une trêve, mais vite violée. Donc, depuis lors, il n’y a pas eu de contacts entre nous pour parler d’une trêve. 

En janvier 78, un nouveau groupe fait son entrée sur la scène tchadienne : la « 3e armée ». Elle est dirigée par un ancien membre du CMIAP, Aboubakar Mahamat Abderahman qui est basé au Nigeria. Quels sont les liens de cette 3e armée avec les Nigérians ? Comment expliquez-vous la scission d’Abderahman ?

Abakar Abderahman était membre de notre bureau de Tripoli. Il a été influencé par certains jeunes de sa région, puisqu’il était originaire du Kanem. Certains jeunes de sa région sortaient de l’école militaire de Syrie. Les uns ont intégré directement le FROLINAT, et d’autres refusaient, parmi lesquels Moussa Medela. Puis il y avait d’autres originaires du Kanem qui étaient en Libye, qui l’ont conseillé sur des bases certainement tribales pour qu’il aille au Nigeria afin de créer les FAO, qui se sont transformées en MPLT. Comme la zone dans laquelle ils devaient opérer, c’était le lac Tchad et que le lac Tchad est contigu au Nigeria, les Nigérians ont eu pas mal d’influence sur ce nouveau mouvement.

Est-ce que vous savez si le Nigeria a soutenu militairement ce nouveau mouvement ?

Le Nigeria ne l’a jamais soutenu, mais il a fermé les yeux par rapport à ses activités. Il n’a jamais aidé en armement. Nous, du FROLINAT, nous avons par contre fourni quelques armes et munitions.

Que répondez-vous aux Kanembous qui disent que si ce mouvement a été créé, cette troisième armée, c’est en raison de leur marginalisation au sein de la deuxième armée ?

C’est possible, vous savez, parce que l’un des piliers du FROLINAT était un Kanembou, Aboubakar Djallabo. Il allait même être secrétaire général du FROLINAT si Abba Sidick n’avait pas accaparé la direction. Djallabo a disparu dans le Centre-Est du pays dans des circonstances jusqu’à présent non éclaircies. Après Djallabo, il y a eu des Kanembous dans le mouvement, mais ils n’ont pas joué un rôle éminent.

Adoum Ibni Adam, un jeune Kanembou sortant d’une académie militaire de Syrie a été à la base des frictions. Il nous avait rejoints au front, au Tibesti. On était même allés avec lui jusqu’à l’Ennedi. Au début, il avait demandé qu’on mette des forces à sa disposition pour aller libérer le Kanem. Les anciens lui ont dit qu’il fallait se taire, parce que si cela avait été possible, on l’aurait fait depuis longtemps. Ils lui ont dit : « Ne te presse pas ».

Hissène Habré vient d’arriver, il vient d’être nommé président du CCFAN. Adoum Ibni Adam qui se croit un intellectuel, un cadre, lui n’a bénéficié de rien… mais comme il vient du Kanem, il croit qu’on doit faire un cas exceptionnel pour lui. Et ce gars, après le déclenchement des combats entre nous à l’Ennedi, a préféré nous quitter pour aller en Libye. Une fois arrivé en Libye, il a lancé une campagne… comme quoi ceux du BET ne voulaient pas des gens du Kanem… ils conservaient les responsabilités… donc il a beaucoup joué pour convaincre les autres. Juste après la création du MPLT, il a été nommé chef d’état-major.

Est-ce que c’était à raison ou pas que les Kanembous se sentaient marginalisés ?

Non, non, non, puisque les gens qui ont dirigé l’opération de libération de Faya, ce sont des gens de Moussoro… Moussoro, c’est une sous-préfecture du Kanem. Donc, cet esprit n’existait pas dans la révolution. Mais c’est un gars qui avait des ambitions… qui était pressé… et qui a induit les gens en erreur, je pense.

Comment expliquez-vous votre victoire à Faya et dans les batailles qui ont suivi ? Quel a été l’impact de l’équipement fourni par les Libyens ?

S’agissant de l’attaque de Faya-Largeau 2, ce sont les SAM-7 (les missiles anti-aériens) qui ont complètement cloué l’aviation tchadienne après la destruction des deux avions militaires de reconnaissance : C47 et DC4. Pourtant l’armée tchadienne était mieux équipée que nous. Elle possèdait des BM 16, des automitrailleuses BRDM, BTR et des AML. Comme l’aviation ne pouvait pas intervenir, nous avons pu cerner les positions ennemies et maintenir un long siège. Au fur et à mesure, les combattants venaient des régions reculées, même de Libye, et petit à petit nous avons pu vaincre Faya.

Vous avez obtenu la victoire à Faya sur la durée, c’est-à-dire en maintenant le siège de la ville ?

Vous savez, on était au début trois cents à lancer l’offensive, mais le dernier jour avant la fin du combat, on était plus d’un millier de combattants. Donc au fur et à mesure nos renforts arrivaient, alors que l’ennemi n’arrivait pas à bénéficier de renforts. Les renforts qui devaient secourir Faya ont été brisés, il y avait un groupe qui a pu difficilement rentrer, mais le reste a été stoppé au niveau de Koro-Toro. Les derniers jours de combat, nous avons bénéficié d’une aide discrète de la Libye [Il rit]. On l’a appelé « l’opération gratis », je l’ai largement évoquée dans mon livre. L’opération gratis est conduite par le colonel Messaoud Abdelhafiz, il est accompagné de mon vice-président Youssouf Seid. Ils ont quitté Sebha pour venir. Une fois arrivés à Faya, on s’est entendus avec Messaoud pour dégager nos combattants de la zone de combat afin de pilonner leurs positions avec le BM 21, appelé aussi « Orgues de Staline », dernière version à 40 tubes. Ils ont tiré pendant une heure de temps sur les positions ennemies et finalement ça n’a pas tenu. Donc les Libyens allaient même retourner. Le même soir à la radio tchadienne, le Tchad annonce que Faya a été attaquée par une force étrangère dotée de chars alors que ce sont des mortiers 120 mm qu’on tracte. Sur leurs positions, les soldats ont vu de loin des camions tractant des mortiers 120, il y en avait 5, avec deux lanceurs BM 21, donc ils ont vu ces 5 mortiers… ils ont aussi dit : « cette force a tiré des missiles d’une dimension de 2 mètres » ou quelque chose comme ça. Donc le soir la radio du FROLINAT a matraqué les gens en disant : « Nous, nous vous avons montré un tout petit bout de notre force, mais demain ce sera la fin du calvaire, vous allez voir. » Cette phrase a provoqué la panique au sein des forces qui résistaient, les uns voulaient abandonner la zone pour aller dans le Sahara, vers Koro-Toro, d’autres voulaient se rallier mais leur chef a décidé : « Dans ce cas, ne partez pas, je vais me rendre avec l’ensemble» Quelques-uns se sont évadés mais le chef a maintenu tout le reste pour se rallier.

Et donc cette opération portait le nom de code d’ « opération gratis » ?

Oui « l’opération gratis », vous verrez cela dans mon livre avec de nombreux détails.

Et cela veut dire que dans le cadre de cette « opération gratis », des militaires libyens sont venus vous seconder ?

Oui, les tireurs étaient des militaires libyens bien sûr. [Il rit]

On a déjà parlé des missiles anti-aériens SAM-7, quel autre type d’équipement les Libyens vous avaient-ils remis à l’époque ?

Des canons 106 mm, SPG9, RPG 7, mitrailleuses lourdes 14,5mm, 12,7 mm, mortier 80, 81 mm. des mitrailleuses légères, fusils Kalachnikov, FAL etc. Cela, c’est au niveau de nos combats de Faya.

Des sources concordantes indiquent également qu’il y avait à l’époque, en 78, des hommes de l’armée libyenne dans vos rangs… en quel nombre sont-ils et quel rôle jouent-ils ? Y avait-il par ailleurs des soldats venant d’autres pays ?

Dans le cadre de la commission tripartite mise en place à Benghazi à la suite des négociations de Sebha-Benghazi 3, un élément libyen est venu à Faya. Puis, après l’échec de l’accord signé à Benghazi, l’élément libyen fut renforcé et se transforma en une unité de soutien logistique aux forces du FROLINAT. Il était basé tout juste à l’aéroport pour réceptionner les matériels qui venaient de Libye. Les éléments libyens étaient installés à l’aéroport de Faya. Cette unité ne participait pas aux combats. Sa mission était de nous servir la logistique sur notre demande. Il y avait juste une équipe de SAM 7 composée de cinq personnes qui se trouvait avec nos combattants sur le front à Salal. Une compagnie libyenne à Zouar jouait le même rôle logistique. Il n’y avait pas d’autres éléments étrangers parmi nous.

L’équipe de lanceurs de SAM 7 qui était là avec vous formait les combattants, ou c’est elle qui tirait les fameux missiles ?

Normalement, ils formaient nos combattants mais comme ils étaient sur place, ce sont eux qui détenaient les armes, ce sont eux qui tiraient. Mais au fur et à mesure, ce sont eux qui ont formé nos combattants.

Quel est le type de contrôle que la Libye fait peser ou essaie de faire peser sur vous et votre entourage ? Quelle a été l’évolution de ce contrôle des années 60 aux années 80 ?

Des années 70 jusqu’aux années 80, je n’ai pas du tout remarqué que je sois suivi ou surveillé par des officiers libyens. Mes collaborateurs et moi avions la totale liberté d’agir sur le terrain, comme il nous semblait bon. Certes, j’avais comme interlocuteurs des officiers supérieurs tels que les colonels Messaoud Abdel Hafiz, Abdelkébir Ali Chérif, Riffi Ali Chérif et bien d’autres. Ces officiers respectables et respectés étaient souvent en contact avec moi pour discuter de la réussite de nos projets militaires, voire même de nos relations avec leur pays. Dans tous les cas, c’était à moi de juger de leurs points de vue pour les accepter ou les rejeter.

Je suis toujours resté méfiant à leur égard puisqu’ils suivaient le climat qui régnait entre nous et leur direction politique. Avant l’incident de Tripoli, j’ai plusieurs fois senti des menaces indirectes visant ma personne et celle de certains de mes collaborateurs. La mort à Abéché de mon vice-président Brahim Youssouf et du lieutenant Mahmoud Abderahman me trottaient souvent à l’esprit parce qu’ils ont été tués par les éléments libyens.   

Quelle est la carte du BET à la fin des années 70 après la victoire de Faya ? Où sont les principales positions FAN ?

A la fin des années 70 après la victoire de Faya, la totalité du territoire du BET est sous le contrôle exclusif des Forces Armées Populaires (FAP). La zone d’influence du FROLINAT-FAP s’étend jusqu’aux sous-préfectures d’Arada au Biltine et de Salal au Kanem. A cela, s’ajoute la zone d’influence de la 1ère armée du FROLINAT unifié, juste après l’opération Ibrahim Abatcha (libération de Faya) donnant naissance aux FAP. Les FAN sont implantées dans les montagnes de Kapka dans la région de Marwané (préfecture de Biltine). Le groupe dont on avait parlé tout à l’heure, le MPLT, est au lac Tchad.

Comment décririez-vous la ville de Faya-Largeau sous le contrôle du CMIAP ? Où vous êtes-vous installés, déployés dans la ville ? Quelle réglementation avez-vous mise en place ?

Directement après la libération de Faya, j’ai désigné mon vice-président Youssouf Seid, instituteur de carrière ayant servi comme sous-préfet à Abéché et à Bitkine. Il était chargé de mettre son expérience en pratique pour ramener d’une part, l’ordre et la quiétude dans la ville et, d’autre part, remettre sur pied l’administration. J’étais installé dans la résidence du Préfet qui était anciennement résidence du chef de bataillon. Dans tous les cas l’administration du FROLINAT était très aléatoire. Ce n’était pas une administration bien organisée, nous n’avions pas de moyens. Mais malgré nos possibilités, nos moyens, nos difficultés, nous avons fait au moins marcher les choses.  

D’une façon générale, comment décririez-vous la façon dont le CMIAP gère les « zones libérées » pendant ces années 70 ?

Nos principales préoccupations étaient militaires. L’administration était très mal organisée puisque nous étions en situation de guerre. Nous privilégions souvent l’action militaire. C’est pourquoi même s’il fallait demander une aide aux Libyens, nous demandions des armes, des munitions, des médicaments pour les blessés… Nous n’avons jamais demandé de quoi faire de l’agriculture, des semis, on n’y a jamais pensé, ce qui fait que l’administration a toujours été mal organisée.

Effectuez-vous des séjours dans d’autres pays pendant ces années 70 (avant 79), quels pays, pour quelles raisons ?

Je n’ai visité aucun pays sauf la Libye.

La chute de Faya-Largeau incite les diplomates à relancer un processus de dialogue. Le 23 février, le général Malloum et le colonel Kadhafi rencontrent à Sebha le président nigérien Seni Kountché et le vice-président soudanais Bokasem Mohamed Ibrahim. Ils fixent le principe de nouvelles négociations à Sebha entre le gouvernement tchadien et le FROLINAT… Dans un premier temps, vous semblez ne pas être très favorable à ces discussions… Pourquoi ?

Juste après la libération de Faya, nous nous sommes engagés pour l’unification du FROLINAT. Donc, nous venions de mettre en place des instances nouvelles issues de l’unité du FROLINAT et il nous fallait du temps pour la réorganisation du mouvement. Mais les Libyens nous ont mis devant un fait accompli en nous envoyant un avion à la veille de la rencontre. C’est pourquoi nous avons boudé dans un premier temps. Les autorités libyennes ne nous ont pas informés d’avance de leurs tractations. Finalement elles nous ont convaincus, et pour ne pas mécontenter les amis libyens, on a participé à la réunion de Sebha Benghazi.

Comment ces discussions se déroulent-elles ? Subissez-vous des pressions dans un sens ou dans l’autre ? De qui viennent-elles ?

Il n’y a pas eu de pressions dans un sens ou dans l’autre. Les discussions se sont déroulées entre les deux parties. Si elles achoppaient sur un point, le président de la conférence, le vice-président soudanais Aboulgacem Mohamed Ibrahim et le docteur Ali Triki intervenaient pour nous aider à trouver une entente. Au moment où nous avons constaté une impasse totale, le Guide de la Révolution, le colonel Kadhafi a demandé le transfert de la conférence à Benghazi. Deux jours après, nous avons pu signer les accords de Sebha Benghazi.

Les accords de Benghazi du 27 mars 1978 permettent-ils quelque progrès que ce soit ? Pourquoi les combats reprennent-ils quelques jours à peine après leur signature ?

Les accords de Sebha Benghazi ne permettent aucun progrès car il n’y a pas eu un début d’application. Le vice-président du CSM (Conseil Supérieur Militaire) 4 fut désavoué par son président. Au retour de Tripoli, dès sa descente d’avion, il déclara à la presse le refus du CSM d’appliquer la clause qui stipulait la libre circulation. Nous avons pris note de la caducité des accords. Là aussi, ce sont les Français, je crois, qui ont forcé Malloum à désavouer cela. Dans notre accord, on visait la libre circulation. Ça voulait dire qu’on aurait pu voir les positions des Français. Au début, on visait même le départ des Français. C’est pour cette raison, je crois, que le vice-président a été contraint de renoncer à l’accord.            

Du 12 au 16 mars 1978, la conférence extraordinaire de Faya-Largeau est une tentative de réunification de la 1ère armée, la 2e armée, et l’armée Volcan. Elle aboutit à la création des FAP, les Forces Armées Populaires… dirigées par un Conseil de la Révolution de 31 membres que vous présidez… Quel bilan faites-vous de cette conférence de Faya ? Qu’a-t-elle apporté au mouvement ?

La conférence extraordinaire de Faya-Largeau fut un grand espoir pour le peuple tchadien opprimé. L’unité annoncée à l’issue de celle-ci a draîné un nombre fou d’adhérents. Mais malheureusement, une main étrangère fut la cause de l’éclatement de l’unité chèrement acquise. Juste après la libération de Faya-Largeau, les responsables de la 1ère armée, Mahamat Abba et Brahim Youssouf m’ont suggéré la tenue d’une réunion pour unir nos forces. J’étais d’accord avec leur proposition, donc on s’est fixé rendez-vous… On a tenu la réunion. J’ai été nommé président de l’organisation. Adoum Togoï (qui était de mon camp) a été nommé chef d’état-major des FAP. Mahamat Abba, Brahim Youssouf et Mahamat Ali Younouss ont été choisis comme premier, deuxième et troisième vice-président. Mahamat Ali Younouss, alias « Jackson », appartenait aux combattants de Mourdi avec lesquels, à l’époque, on s’était battus… puis on s’est entendus... Ils ont même participé à la libération de Fada. Donc Mahamat a été nommé 3e vice-président.

L’état-major a été constitué comme suit : outre le chef d’état-major Adoum Togoï, le 1er adjoint était Abou Ragaba de la 1ère armée. 2e adjoint : Al-Ass Halata, du Volcan. 3e adjoint : Acyl Ahmat, du Volcan.

Nous avons ainsi constitué les organes politique et militaire pour diriger la lutte armée. C’était vraiment une occasion merveilleuse qui nous a été offerte, mais la Libye fut pour quelque chose dans notre éclatement.

Dans la nuit du 18 au 19 mai 78, des combattants du FROLINAT, dirigés par le 3e adjoint au chef d’état-major des FAP Ahmat Acyl, s’attaquent à la ville d’Ati dans le Batha, sans en avoir référé au reste de la hiérarchie militaire du mouvement. Ils en sont délogés 24 heures plus tard grâce à une intervention des troupes françaises, puis connaissent un nouveau revers à Djedda. Quelles vont être les conséquences de ces attaques sur vos relations avec Acyl ? Sur la place d’Acyl au sein des FAP ?

Cette version n’est pas tout à fait correcte. Acyl Ahmat est d’abord parti en Libye sur ordre du chef d’état -major pour ramener certains combattants qui étaient en formation dans un camp à Sebha. Arrivé sur place, il en a recruté d’autres pour constituer une compagnie renforcée de cent soixante combattants. Il a obtenu une aide militaire assez importante en armement, habillement, en véhicules… etc.

A son arrivée à Faya avec ces combattants et ce matériel, il a gardé son armée hors du camp dans l’intention d’aller libérer Ati. Le chef d’état-major général des FAP, Adoum Togoï, lui a alors ordonné de mettre à sa disposition les combattants et l’armement car selon lui, l’attaque d’Ati n’était pas opportune. Acyl refuse d’obtempérer à l’ordre de son chef d’où une crise ouverte entre le chef d’état-major, Adoum Togoï et le 3e adjoint, Acyl.

Le Conseil de la Révolution se réunit pour examiner la question. Il se prononce en faveur d’attaques simultanées sur Ati et Biltine dans le cas où la réconciliation avec Hissène Habré serait réalisée à la rencontre d’Oum-Chalouba. Ainsi, Acyl est autorisé à conserver les moyens humains et matériels qu’il a amenés de Libye pour aller ouvrir le front d’Ati.

Les opérations simultanées que nous avions envisagées n’ont pas eu lieu parce qu’il n’y a pas eu d’accord avec Hissène. Et à Oum-Chalouba, nous n’avions pas assez de combattants pour aller attaquer seuls Biltine. Ce qui fait que Acyl seul a attaqué Ati. Il a subi un revers, comme vous l’avez dit. A son retour, le chef d’état-major voulait qu’Acyl rende des comptes. Il a perdu des hommes, du matériel : le chef d’état-major voulait vraiment le juger. Acyl tombe malade.

Un beau jour, on me dit que Acyl est gravement malade, je suis parti le voir. Son état est très grave. Je l’ai autorisé à aller en Libye. Une fois arrivé là-bas, Acyl retourne sa veste pour lancer des campagnes, non seulement contre Adoum Togoï, mais contre tous les Goranes : ce sont des gens qui ne veulent pas l’aider, qui ne veulent pas la libération du reste, ainsi de suite… C’est à partir de là qu’Acyl s’est complètement coupé de nous. Le FROLINAT s’est divisé, et les conséquences ont été graves.

Vous aviez donc rencontré auparavant Hissène Habré à Oum-Chalouba... Habré tente de vous convaincre de rejoindre l’accord de Khartoum, mais si je vous suis bien, vous essayez également de le convaincre de vous rejoindre ?

La réunion d’Oum-Chalouba nous a été imposée, à l’origine, par les combattants FAP et FAN qui se sont rencontrés dans cette localité. Les combattants FAN étaient à Oum-Chalouba, ceux des FAP étaient à Kalaït. Les combattants des deux mouvements étaient tous originaires de la zone. Ils avaient des parents divisés dans les deux fronts.

Par souci de nous voir faire l’unité, les combattants fixent un délai et nous imposent une rencontre à Oum-Chalouba. Celui qui ne répondra pas à leur invitation se trouvera privé de ses combattants qui vont rallier l’autre camp.

Hissène et moi avons donc été contraints de nous retrouver à l’endroit indiqué au délai précis. Les personnalités importantes de la zone ont été invitées à titre d’observateurs. Le puits de Sananga, se trouvant à mi-distance d’Oum-Chalouba et Kalaït, est choisi comme le lieu de la rencontre.

Notre objectif, alors, est de faire échouer l’accord de Khartoum. Pour cela, il nous faut absolument trouver une entente avec Hissène. Notre stratégie est de le convaincre d’unifier nos forces et de lancer une attaque simultanée contre les éléments français à Biltine et Ati.

Hissène –lui- est décidé à nous pousser à rompre avec la Libye. Nous acceptons son préalable : nous étions prêts à faire partir les Libyens. Mais en contrepartie, nous voulons qu’il mobilise ses combattants pour attaquer avec nous Biltine. Hissène, ayant compris le piège, pose un autre préalable. Il demande l’exécution publique et immédiate des deux Libyens tireurs de SAM qui sont avec nous sur place à Oum-Chalouba.

Les discussions qui se déroulaient depuis deux jours dans une bonne ambiance prennent une autre tournure. La situation devient morose et tendue. Les observateurs rejettent la condition posée par Hissène. Comme la nuit porte conseil, nous avons suspendu la discussion pour le lendemain. A notre grande surprise, le matin, nous avons été informés de la fuite de Hissène Habré avec tous ses combattants pour son PC de Kapka. C’est ainsi qu’ont pris fin nos discussions avec Hissène Habré.

Au cours de l’été 1978, les combattants d’Ahmat Acyl saccagent les bureaux du FROLINAT à Tripoli et à Sebha. Adoum Togoï, le chef d’état-major des FAP, est même blessé lors de l’incident de Sebha… Comment interprétez-vous ces accrochages ?

Le jour où les partisans d’Acyl saccagent le bureau de Tripoli, j’étais à l’hôtel Libyan Palace à Tripoli. Je devais normalement prendre le vol du soir pour Sebha. A cause de cet événement, j’ai reporté mon départ pour donner des instructions à notre responsable du bureau Mahamat Saleh Abdelmoulah afin de prendre contact avec la police en vue d’assurer la sécurité du personnel.

Le lendemain, je suis parti à Sebha où j’étais logé dans un hôtel situé sur la falaise au sud de l‘aéroport. Un beau matin pendant le mois de Ramadan, vers 9h00, Kelleye Abdallah est venu nous alerter de l’incident. Adoum Togoï avait été blessé devant le bureau de Messaoud. Je l’ai trouvé à l’hôpital, sa santé n’était pas alarmante. Puis, je me suis rendu au bureau du FROLINAT où les personnels avaient abattu un des assaillants et cerné les autres au rez-de-chaussée. Le personnel était dans les chambres à l’étage.

Le chef de la police libyenne intervient pour désarmer les assaillants. En quelques minutes, il les ramène avec lui pour les emprisonner. Mais nous avons su par la suite que c’était lui qui avait remis les armes flambant neuves que détenaient les attaquants. Sur ordre de qui ? On peut le deviner : lui-même a ses chefs à Sebha et à Tripoli.

Le lendemain, je suis parti par la route à Faya avec l’intention d’empêcher les combattants de toute sorte de vengeance. On risquait d’avoir des problèmes tribaux quand les combattants apprendraient que les partisans d’Acyl avaient attenté à la vie d’Adoum Togoï. Deux jours après, en venant à Faya ce que nous craignions était arrivé. Il y avait eu des combats à Faya, il y avait eu pas mal de morts…

Adoum avait pris un avion pour descendre à Faya. A l’arrivée d’Adoum à Faya avec la tête bandée, le chef de la police militaire, qui est un gars très sérieux, prend des mesures pour organiser la police militaire. Il envoie des patrouilles pour empêcher les promenades des combattants armés dans les quartiers. Pour empêcher le pire. Les combattants qui patrouillent rencontrent des combattants délinquants se promenant. Ce sont des Arabes. Ils se querellent avec la police militaire. Parmi la police militaire, aussi, il y avait des voyous. L’un d’eux tire sur les combattants arabes. Il y a eu une fusillade. Les combattants arabes ont couru alerter un chef militaire, Adoum Hassan Djazouli, dans la maison duquel il y avait une réunion des combattants du Volcan et de la 1ère armée.

Ils étaient en train de discuter quand les combattants voyous sont venus leur dire que des Goranes les avaient massacrés. Alors tout le monde a pris son arme, les combattants se sont bagarrés. Finalement, il y a eu pas mal de morts et de prisonniers à la suite de ces combats.

En août 1978, d’autres affrontements éclatent à Faya-Largeau entre éléments de la deuxième armée et combattants proches d’Ahmat Acyl. Pourquoi ? Comment analysez-vous ces événements d’août 1978 ? Est-il vrai que les Libyens prennent parti pour Acyl dans ces combats ?

Effectivement ces combats ont été planifiés à l’aéroport de Faya par le lieutenant Rejep Aboudourda adjoint du commandant des éléments libyens… Il a pris contact avec les 1er et 2e adjoints du chef d’état-major général : l’un du Volcan, l’autre de la 1ère armée. C’était un combat des Arabes contre les Goranes. Les Libyens incitaient tous les autres combattants contre les originaires du BET. Le projet était très clair, remettre la ville entre les mains d’hommes sûrs pour faciliter leur implantation par rapport à des Goranes crapules qui n’obéissaient à aucun ordre. Aboudourda a planifié les choses. Les armes, venues de Benghazi, étaient débarquées la nuit à l’aéroport de Faya. Des combattants des zones reculées de Salal, d’Arada sont venus comme permissionnaires à Faya : le matin, ils étaient à l’état-major, ils étaient dans la ville… La nuit, ils s’organisaient au niveau de l’aéroport. De même, le jour, les deux adjoints du chef d’état-major général travaillaient avec Adoum Togoï, la nuit ils se préparaient. Jusqu’à la veille de leur attaque, il y avait deux filles parmi les combattants. Même ces combattantes qui venaient de la 1ère armée, ils les ont ramenées à l’aéroport sans que notre chef d’état-major soit informé.

Par malheur, il y avait un groupe d’une trentaine de combattants du Kanem, de Moussoro, qui étaient à l’aéroport. Ils ne les avaient pas mis dans le bain, mais ils étaient regroupés dans une maison à l’aéroport. Le jour J, ils les ont armés, ils les ont répartis dans les différentes sections. Ils ont fixé leur planning pour attaquer la ville. Mais parmi ces trente combattants, deux ont pu fuir pour aller alerter le chef d’état-major Adoum Togoï. Adoum, lorsqu’il l’apprend, prend son téléphone : il y avait un téléphone terrestre, une ligne qui venait de l’aéroport jusqu’à chez Adoum. Adoum demande : « Pourquoi envisagez-vous de nous attaquer, qu’est-ce qu’on vous a fait ? » L’officier libyen s’étonne. Mais il est en train de parler à Adoum que les premiers coups de canon tonnent. Il était prévu que les Libyens bombardent la ville avec leurs chars, les armes lourdes. Les forces tchadiennes, elles, progressent pour reprendre la ville. C’est ainsi qu’ils ont réparti les forces en trois directions pour attaquer Faya. Le conducteur d’un char quadritube a été abattu sur la dune (située entre la ville et l’aéroport) à partir de laquelle il tirait vers la ville. Il a été abandonné, les combattants s’en sont emparés. Ce n’est qu’après mon arrivée que j’ai autorisé les Libyens à reprendre leur char. Les Libyens étaient clairement impliqués dans ce conflit.

Deux-trois jours avant, je me trouvais à Sebha avec Mahamat Abba, Abdoulaye Adoum Dana. Nous avons demandé un avion pour aller à Faya. Messaoud nous a dit : « Il n’y a pas d’avion… d’ici trois mois, pas d’avion ». Nous avons laissé tomber notre projet d’aller fêter à Faya.. Mais le lendemain, Messaoud m’a envoyé quelqu’un pour dire : « Il y a un avion, il faut prendre l’avion pour aller à Faya ». On est venus, il nous a maintenus jusqu’à 14h00 dans son bureau. On a pris l’avion, on est partis en direction de Faya. Arrivés à Zouar, un soldat libyen nous a dit : « Attention, il y a quelque chose à Faya. Les troupes libyennes et vos forces sont en train de combattre. ». Je n’ai pas voulu réagir. On est montés dans l’avion. Au moment du démarrage, le pilote a arrêté. J’étais déjà informé, mais je lui ai dit : « Pourquoi tu arrêtes ?» Il dit : «Je ne sais pas, Messaoud me parle de combats… » Le temps presse : entre Zouar et Faya, il y a 30 minutes de vol. Mais si le soleil tombe, l’avion ne peut pas atterrir. Quelques minutes après, le responsable de la compagnie sur place a envoyé le porteur d’une note pour dire au pilote que nous étions autorisés à partir. En fait, lorsqu’ils disent : « L’avion n’est pas prêt pour décoller », la situation à Faya n’est pas en faveur des assaillants. Lorsqu’ils autorisent le départ de l’avion, elle penche en leur faveur.

Arrivés à Faya, nous avons été accueillis par des balles traçantes. Nos éléments ont été informés par les Libyens que j’arrivais. Ils ont téléphoné à Adoum pour leur dire que j’arrivais. Adoum leur a répondu : « Qu’il arrive ou qu’un autre arrive, nous n’allons pas autoriser l’avion à atterrir ». L’aéroport était tenu par les Libyens et les assaillants. Donc nos éléments ont tiré sur l’avion, l’avion n’a pas pu atterrir. Il a dû aller jusqu’à Koufra pour atterrir là-bas de nuit. La nuit, j’ai posé la question à Messaoud. Il m’a répondu par l’intermédiaire du Capitaine Brahim Nedjib chef de la garnison de Koufra: « Si la situation est stabilisée, vous pouvez aller à Faya. Mais si la situation n’est pas stabilisée, vous allez revenir à Sebha ». Le lendemain, on nous a demandé de revenir à Sebha. Faya était sous contrôle de nos éléments avec Adoum Togoï. Moi, Dieu m’a sauvé : l’avion allait atterrir là-bas, j’aurais certainement été pris, éliminé même –pourquoi pas- pour être remplacé par quelqu’un d’autre.

Vous devez votre salut aux balles traçantes, finalement…

Voila, c’est ça. Exactement. Les tirs de nos combattants m’ont sauvé en quelque sorte… 

Avez-vous le sentiment qu’à ce moment il y a des arrières-pensées libyennes par rapport au FROLINAT, l’envie peut-être de vous mettre sur le côté au profit d’Ahmat Acyl ? Si c’est le cas, de quand selon vous ce projet date-t-il ?

Il est évident que quelque chose se tramait. Je vous invite à lire mon livre sur ce point précis. A mon avis, ce projet est ancien mais commence à être visible depuis l’unification du FROLINAT. Un mouvement fort comme le nôtre à cette époque n’arrange pas ceux qui ont d’autres ambitions.

A la suite de ces évènements, le Conseil de la Révolution décide le rapatriement de tous les éléments libyens du BET, y compris les tireurs de SAM-7. Leur nombre s’élevait à huit cents hommes environ. Donc, on a carrément coupé. Nous sommes allés en Libye avec Mahamat Abba pour essayer de résoudre le problème, mais ça n’a pas tenu. Mahamat Abba a basculé du côté d’Acyl Ahmat, et moi je suis rentré au BET dans des conditions que je dévoilerai peut-être dans mon livre…

Vous venez de dire qu’il y avait à l’époque sur vos positions 800 Libyens, comment se répartissaient-ils ?

Il y avait à peu près une compagnie à Zouar, à l’aéroport de Zouar. Le reste était à Faya. Il y avait aussi 5 tireurs de SAM-7 à Salal avec nos combattants. Donc en tout, à peu près 800 hommes.

Quelles vont être les conséquences de ces affrontements de Faya sur vos relations avec les Libyens ?

En réplique, les Libyens suspendent toute aide au FROLINAT. La liaison radio entre Faya et Sebha est coupée. La création d’un Mouvement arabe autour d’Acyl Ahmat se précise, malgré nos démarches auprès des autorités libyennes. Les pressions se multiplièrent sur beaucoup de militants pour un ralliement à Acyl Ahmat.

1                 Référence à l’attaque de Faya-Largeau, lire plus loin.

2                 Le 29 janvier 1978, le CMIAP lance l’opération « Ibrahim Abatcha», du nom de l’ancien chef du FROLINAT, contre la ville de Faya Largeau. La garnison de Faya se rend à la rébellion le 17 février. La chute de Faya signifie que l’ensemble du BET est « libéré ». Cf Robert Buijtenhuijs, Le FROLINAT et les guerres civiles du Tchad (1977-1984), Karthala-ASC 1987.

3                 Le 23 mars 1978, une conférence de paix entre le pouvoir du général Felix Malloum et le FROLINAT s’ouvre à Sebha. Menacée d’échec, elle est déplacée à Benghazi où se trouve le colonel Kadhafi. Le guide Libyen propose alors une solution censée permettre à tout le monde de sauver la face. Un accord est signé le 27 mars. Il est immédiatement violé. Cf Robert Buijtenhuijs, Le FROLINAT et les guerres civiles du Tchad (1977-1984), Karthala-ASC 1987. Lire également plus bas le récit de Goukouni Weddeye sur cette conférence.

4                 Le CSM, le Conseil Supérieur Militaire est la structure de gouvernement qui avait été mise en place par les officiers ayant renversé Tombalbaye.

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