par Sylvain Biville
Article publié le 15/08/2008 Dernière mise à jour le 20/08/2008 à 18:35 TU
Les délégués démocrates pourront voter pour Hillary Clinton à la convention du parti qui ouvre ses portes le 25 août à Denver, dans le Colorado. Barack Obama, qui est assuré d'être investi candidat, a accepté que le nom de sa rivale malheureuse des primaires figure symboliquement sur les bulletins de vote. C'est un geste en direction des partisans de l'ex-première dame des Etats-Unis.
Au nom de l'unité du parti, Barack Obama a accepté que les délégués aient la possibilité de voter pour son ancienne rivale, Hillary Clinton, lors de la convention du parti à Denver.
(Photo : AFP)
C'est un risque calculé que prend Barack Obama. Bien sûr, il aurait préféré que la convention de Denver soit un événement à sa seule gloire. Mais il a fallu compter avec l'amertume persistante des supporteurs d'Hillary Clinton. Les plus irréductibles menaçaient de semer la zizanie lors de la grand-messe du parti si leur voix n'était pas entendue. C'est donc au nom de l'unité du parti que le sénateur de l'Illinois a accepté que les délégués aient la possibilité de voter pour son ancienne rivale. « Je suis convaincu qu'en rendant hommage de cette façon à la campagne historique de la sénatrice Clinton cela nous aidera à célébrer ce moment unique de notre histoire et à rassembler le parti d'une façon forte », a-t-il déclaré dans un communiqué conjoint de son équipe de campagne et de celle de l'ex-première dame.
Une concession symbolique
C'est un geste symbolique. Hillary Clinton n'a effectivement aucune chance de l’emporter. Barack Obama a plusieurs centaines de délégués d'avance, sur les 4 000 qui seront à Denver, selon un décompte du site RealClearPolitics. Mais une victoire étriquée du sénateur de l'Illinois serait un signe de faiblesse, avant la dernière ligne droite de la campagne pour l’élection du 4 novembre. La sénatrice de New York joue la carte de l’unité en annonçant qu'elle votera Obama. « En permettant à toutes les voix d'être entendues et avec un parti fermement uni, nous élirons le sénateur Obama président des Etats-Unis et nous mettrons de nouveau notre pays sur le chemin de la paix et de la prospérité », explique-t-elle dans le même communiqué.
Rancœurs tenaces
Le compromis sur la convention, annoncé jeudi, est le fruit de deux mois de tractations laborieuses entre les conseillers de Barack Obama et ceux d’Hillary Clinton. Il témoigne des séquelles de la bataille fratricide entre les ex-rivaux pour l’investiture démocrate. Malgré les démonstrations d’unité, les rancœurs restent tenaces. Fin juillet, Hillary Clinton avait ainsi évoqué, lors d’une réunion privée, dont une vidéo s’est immédiatement retrouvée sur YouTube, la nécessité de faire de la convention une « catharsis » pour tous les démocrates.
Interrogé récemment sur les qualifications de Barack Obama pour devenir président, Bill Clinton s’est contenté de répondre : « Personne n’est jamais prêt pour être président ». Autre illustration de l’amertume des partisans d’Hillary, son conseiller Howard Wolfson a estimé que l’ex-première dame aurait remporté les primaires si John Edwards, ancien candidat à l’investiture, avait révélé plus tôt sa liaison extraconjugale. Barack Obama, de son côté, n’a pas encore rallié l’ensemble des électeurs d’Hillary Clinton, notamment ceux de la classe moyenne blanche, si l’on en croit les sondages.
Il ne fait aucun doute que Barack Obama sera officiellement investi candidat du parti démocrate à l’issue de la Convention de Denver. Mais il n’aura pas encore réussi à se débarrasser l’encombrante tutelle des Clinton. La famille sera omniprésente pendant les quatre jours de débats. Hillary sera la principale oratrice le mardi 26 août. Le lendemain, c’est son époux Bill, qui prendra la parole (le même jour que le candidat à la vice-présidencee, dont le nom devrait être annoncé dans les jours à venir). On parle aussi d’une intervention de sa fille, Chelsea.