par RFI
Article publié le 21/08/2008 Dernière mise à jour le 21/08/2008 à 16:24 TU
Le Burundi : un pays qui tente de sortir de treize années de guerre civile qui ont opposé Hutus et Tutsis.
(Carte : I.Artus/RFI)
Au Burundi on ne parle que de ça, ou presque, avec cette polémique qui fait débat en ce moment depuis la révélation qu'un recensement ethnique et politique était en cours depuis quelques jours dans la fonction publique à l'initiative du Sénat et cela dans le plus grand secret. Il s’agit d’un sujet « ultra-sensible » dans ce pays qui tente - comme il le peut - de sortir de 13 années de guerre civile qui ont opposé Hutus et Tutsis. Ce recensement a été ordonné par une commission d’enquête sénatoriale, demandant aux principaux cadres de la fonction publique de remplir une fiche d’identification des personnels sous leurs ordres.
Le secret était bien gardé, jusqu’à mardi soir, lorsque plusieurs radios locales ont révélé qu’un recensement ethnique et politique, plutôt clandestin, était en cours au sein de la fonction publique du Burundi, à l’initiative du Sénat. Les partis politiques d’opposition, hutus et tutsis, sont montés tout de suite au créneau et ont exprimé leur inquiétude.
Président du Frodebu
« Pour faire ce recensement il faut d'abord sensibiliser la population, il faut informer la population, il faut associer tous les partenaires. »
Outre le Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu), l’Union pour le progrès national (Uprona) selon sa porte-parole Catherine Mabobori, a considéré, mercredi, que « ce recensement ethnique et politique organisé est très inquiétant, d'autant qu'il est en train d'être fait clandestinement et qu'il est basé sur une mauvaise interprétation de la Constitution du Burundi ».
L’opposition s’insurge, également, contre le caractère systématique de ce recensement qui devrait s’intéresser, selon elle, au Parlement, à l’armée, la police et le gouvernement, qui sont concernés par les équilibres ethniques et politiques. Le président du Sénat, Gervais Rufyikiri, est intervenu peu après pour tenter de désamorcer la bombe.
Président du Sénat burundais
« Ces questions sont en fait des réalités quotidiennes, il ne faut pas que les gens aient peur d'en parler. »
Le président du Sénat a précisé que l’objectif est de veiller, à terme, à ce que, au Burundi, tout le monde soit représenté et à tous les niveaux. Selon la Constitution adoptée en 2005 et qui consacre le partage du pouvoir entre les deux principales ethnies de ce pays, le gouvernement et l'Assemblée nationale sont composés de 60% de Hutus (85% de la population) et de 40% de Tutsis (14%), alors que le Sénat, l'armée et la police sont paritaires.
17/08/2008 à 09:18 TU