par Sylvain Biville
Article publié le 25/08/2008 Dernière mise à jour le 25/08/2008 à 19:24 TU
Tous les quatre ans, les conventions estivales du parti démocrate et du parti républicain donnent le coup d’envoi de la campagne officielle, avant l’élection présidentielle du premier mardi de novembre. Elles ont longtemps joué un rôle clé dans la désignation du prétendant à la Maison Blanche. Aujourd’hui, elles ne sont plus qu’une chambre d’enregistrement, à l’issue de laquelle le candidat prononce la phrase rituelle « J’accepte votre nomination », devant des milliers de cadres du parti euphoriques, sur fond de lâcher de ballons.
« En 2008, plus que jamais, les conventions sont devenues des shows médiatiques tout à la gloire du candidat »
Des produits de merchandising fleurissent aux quatre coins de Denver avant la convention démocrate.
(Photo : D. Le Du / RFI)
Mais cette année à Denver, dans le Colorado, la convention démocrate suscite un regain d’intérêt. 15 000 journalistes sont attendus – presque quatre fois plus que le nombre de délégués –, les chaînes de télévision américaines bousculent leurs programmes et, sur le net, on pourra suivre tous les débats en direct. Cet engouement s’explique d’abord par « l’effet Obama ». Depuis qu’il s’est lancé dans la course présidentielle, le jeune sénateur de l’Illinois, premier Noir-Américain à avoir une chance d’entrer à la Maison Blanche, bénéficie d’une couverture médiatique sans précédent.
La convention de Denver attire également les curieux parce qu’elle a été précédée de primaires particulièrement disputées. Jamais dans l’histoire politique américaine, un perdant n’a réuni autant de voix qu’Hillary Clinton (près de 18 millions, à peine moins que Barack Obama). Les plaies de cet interminable combat ne sont pas encore cicatrisées et l’attitude des partisans de l’ex-Première Dame sera donc examinée à la loupe, particulièrement mercredi, lors du vote d’investiture du candidat, au cours duquel les délégués auront la possibilité de choisir la sénatrice de New York.
«Super déléguée» démocrate
« Hillary Clinton peut avoir jusqu’à 30% ; ce sera symbolique. »
Enfin, Denver gagne en importance au fur et à mesure que l’écart se resserre entre Barack Obama et John McCain. Il y a quelques semaines, la Convention pouvait apparaître comme une simple formalité pour des démocrates qui se sentent le vent en poupe. Avec moins de 30% d’opinions favorables, George W. Bush est le président le plus impopulaire de l’histoire récente et 8 Américains sur 10 pensent que leur pays est sur la mauvaise pente. Autant de raisons qui font de l’élection de 2008 un scrutin « imperdable » pour les démocrates. Et pourtant, l’avance de Barack Obama dans les sondages n’est plus que de un ou deux points, selon le site RealClearPolitics.
S’il est encore considéré comme le mieux placé pour résoudre les problèmes économiques, préoccupation numéro un des Américains, le sénateur de l’Illinois laisse en revanche sceptique un électeur sur deux en raison de son manque d’expérience. Le choix de Joe Biden, le charismatique président de la commission des Affaires étrangères, comme candidat à la vice-présidence, vise à combler cette carence. Le nombre d’électeurs indécis est supérieur à ce qu’il était il y a quatre ans et 29% d’entre eux estiment que les conventions seront « extrêmement ou très importantes » dans leur choix, selon un sondage ABC/Washington Post.
Les démocrates, inquiets, espèrent que Denver donnera à Barack Obama, qui n’arrivera que mercredi soir après une tournée dans plusieurs Etats-clés, l’occasion de se montrer plus offensif et de répondre aux attaques de John McCain, qui tente de dépeindre son adversaire comme une « célébrité », inapte à diriger le pays.
« 'A Denver, vous allez voir la lumière !' dit la voix. Il est peut-être l'élu mais est-il prêt à gouverner ? »
Les Républicains, dont la convention se tient la semaine prochaine à St Paul-Minneapolis, dans le Minnesota, savent que toute l’attention médiatique se portera cette semaine sur les démocrates. Et ils ont choisi de faire monter les enchères en annonçant qu’après Denver, Barack Obama devrait connaître une poussée de 15 points dans les sondages ! Des stratèges du parti de l’éléphant (c’est l’emblème des républicains) ont élu domicile dans la capitale du Colorado, pour y décortiquer tous les discours, dénicher les failles et peaufiner leurs attaques contre Barack Obama.
« Les manifestants se croisent, se heurtent mais ici tout a été fait pour limiter les incidents. »
Denver, « capitale » des démocrates |
Avec notre envoyée spéciale à Denver, Donaig Le Du Une histoire américaine… c’est le thème des discours de cette première journée de Convention. Et en vedette, Michelle Obama, l’épouse du candidat, qui viendra aux côtés de Maya, la demi-sœur de Barack Obama, expliquer à quel point le parcours de son mari, fils d’un étudiant kényan et d’une blanche du Kansas, est celui du rêve américain. Mardi, c’est Hillary Clinton qui prononcera le discours principal. Histoire de ne pas disparaître de la scène politique, et aussi, officiellement, de convaincre ceux de ses partisans qui n’ont pas encore décidé de voter Obama. Et comme décidément les Clinton sont très présents, mercredi, Bill, l’ancien président, parlera juste avant Joe Biden, le candidat à la vice-présidence. Jeudi soir, enfin, Obama acceptera formellement d’être le candidat du parti démocrate pour l’élection présidentielle. Et il a choisi de ne pas le faire au Pepsi center, le centre de conférences, mais dans le grand stade de Denver. On y attend 75 000 personnes. |