par Sylvain Biville
Article publié le 28/08/2008 Dernière mise à jour le 28/08/2008 à 22:48 TU
Barack Obama a fait une apparition surprise sur scène, sous un tonnerre d'applaudissements, lors de sa désignation à la convention de Denvers, le 27 août 2008.
(Photo: Reuters)
Les talents d’orateur de Barack Obama ne sont plus à démontrer. Mais, jeudi soir, dans l’immense stade de football de Denver (Colorado), sur une scène bordée de colonnes grecques, au milieu d’une foule de 80.000 personnes, il ne pourra pas se contenter d’un simple discours. Celui qui est désormais officiellement le candidat démocrate à la Maison Blanche est attendu au tournant. Au coude à coude avec John McCain dans les sondages, il doit donner corps à son message de « changement » et convaincre de sa capacité à remettre les Etats-Unis sur le droit chemin.
Depuis lundi, la convention démocrate de Denver a rempli deux objectifs : réconcilier la famille démocrate - avec le soutien sans réserve affiché par Hillary et Bill Clinton ; et présenter Barack Obama, fils d’un Kényan et d’une Américaine du Kansas, comme l’incarnation du rêve américain – mission dont se sont acquittés son épouse Michelle et le candidat à la vice-présidence, Joe Biden.
Le discours le plus important de sa carrière
« Maintenant que d’autres ont planté le décor, M. Obama doit démontrer qu’il a un plan pour résoudre les nombreux problèmes du pays, de la relance de l’économie à la reconstruction d’une armée en morceaux », écrit jeudi l’influent New York Times. Ce discours, sans doute le plus important de la carrière du sénateur de l’Illinois, doit donner le ton de la campagne, qui entre dans sa dernière ligne droite avant le scrutin du 4 novembre. En 1932, c’est lors de la convention démocrate que Franklin D. Roosevelt a promis un « New Deal » (nouvelle donne), à un pays frappé de plein fouet par la crise de 1929. En 1980, c’est également en clôture de la convention républicaine que Ronald Reagan a lancé sa « révolution conservatrice », qui a façonné le paysage idéologique pour les 25 années suivantes.
Lors de la convention démocrate de Boston, en 2004, Barack Obama, alors simple élu local de Chicago, avait accédé à la gloire nationale en 17 minutes, avec une intervention ovationnée, stigmatisant les « divisions » qui minent les Etats-Unis. « J’ai pu faire un discours basé sur l’inspiration et sur des thèmes très généraux », a-t-il reconnu cette semaine, en promettant qu’à Denver, ce serait différent. « Les gens sont plus intéressés par ce que je vais faire pour les aider dans leurs vies. Je crois que ça va être le discours d’un homme au travail », a-t-il confié, ajoutant qu’il voulait aussi « rendre aussi clair que possible le choix entre John McCain et moi-même ».
45 ans après « I have a dream »
Les conseillers du sénateur de l’Illinois indiquent qu’il a écrit à la main une première version de son intervention la semaine dernière, après avoir puisé l’inspiration dans les discours de Bill Clinton, de Ronald Reagan et de John F. Kennedy. La comparaison avec ce dernier revient avec insistance dans la presse américaine. Comme Obama, il avait lui aussi choisi de prononcer son discours d’investiture, en 1960, en plein air, dans un lieu différent de celui de la convention. Premier candidat noir à avoir une chance d’entrer à la Maison Blanche, Barack Obama va prononcer la phrase rituelle « j’accepte votre nomination » devant les délégués démocrates, 45 ans jour pour jour après le célèbre discours « I have a dream » de Martin Luther King. « J’avais deux ans à l’époque et je pense qu’il est juste de dire que sans ce discours, sans le mouvement qui l’a précédé, je ne serai pas à Denver », a déclaré le candidat il y a quelques jours.
Il a libéré un peuple mais il a fait plus, il a libéré une nation. A l'époque du Docteur King, l'Amérique ressemblait beaucoup à l'Afrique du Sud. Les gens ne pouvaient pas s'inscrire sur les listes électorales simplement à cause de la couleur de leur peau.
Le Washington Post résume parfaitement jeudi les enjeux pour Barack Obama en clôture de la convention de Denver : « En cas de succès, on se souviendra de ce discours comme l’un des moments les plus importants de la politique moderne. En cas d’échec, Obama risque d’alimenter les critiques des républicains qui le dépeignent comme une célébrité distante, un personnage bon pour parler devant de grandes foules, mains incapable de se connecter à la réalité ».